15 février 2010 1 15 /02 /février /2010 17:27

Qu’est-ce que c’est que le radar ? Bande d’andouilles !

Tu te rappelles Fernand Raynaud ? Tu l’as vu pour la première fois sur une petite estrade en plein air à Mende en 1957. Même de loin, quelle découverte. Tu l’as retrouvé à la télé dans trente six chandelles le dimanche soir et deux fois à Bobino. Ce type te parlait. Bien sur aujourd’hui, ses blagues ont perdu le décapant que des Coluche ou Le Luron ont su protéger du temps.

Mais quand même, quoi de plus actuel que cette vieille blague : « qu’est-ce que c’est que le radar ? Bande d’andouilles ! »

Tu connais pas ? Un gus convoqué au service militaire à plus de trente cinq ans parce qu’il y avait une erreur mécanographique. Tu sais, les cartes perforées du début de l’informatique.

fernand r

Dans la cour, un caporal de carrière plein de tics explique le radar. Te moques pas du caporal, il fait son boulot. Ce qui est con, c’est que ce soit à lui qu’on demande d’expliquer le radar ! Tu te rappelles que pendant ton instruction, un margis essayait de t’expliquer les explosifs : les soufflants et les brisants. Et pour bien te faire comprendre, il te donne la vitesse du souffle dans un tube éprouvette au moment de l’étincelle pour le brisant. Pour le soufflant il n’a pas le chiffre, mais ce n’est pas pareil…

Qu’est-ce que c’est que le radar ?

C’est comme qui dirait un rayon lumineux qui jaillirait d’un point A (comme le flash d’un appareil) pour aller s’écraser sur la plaque minéralogique d’une voiture, le point B, et qui se réverbérerait sur les cristaux CCD d’une plaque photo numérique le point C. Le bon vieux caporal de l’histoire a une hésitation : « j’ai oublié quelque chose dans la définition. Le radar c’est comme qui dirait un rayon lumineux qui partirait d’un phare de voiture ALLUME ! »

Depuis Einstein tu sais que les rayons lumineux peuvent être déviés par les trous noirs. Là il y avait un sacré trou noir. Le flash du radar est allé dénicher ta bagnole au deuxième sous-sol de ton parking. Et au-dessus on est autant protégé que les militaires de la force de frappe, par des mètres et des mètres de béton. « Armé, bien entendu ! »

T’as jamais joué au Loto, alors comment la folle machine informatique a-elle pu te désigner à l’inquisition du radar et de son flash insinueux ?

La première détonation de la lettre de contredanse. Explosif soufflant ! Te voilà sur le cul ! Perturbé. Il y a plein de mots, des codes barres, le montant à payer, et la notice d’exonération, mais gare à toi si t’as pas payé la caution…T’es sonné. Ton épouse rentre, te trouve décati, t’interpelle…Quand tu n’as pas été soufflé par l’incrédulité, la simple lecture détaillée, la tête froide, te donne le lieu et l’heure. T’as confondu  Montrouge et Antony, et à cette heure là, il y a longtemps qu’on était sous la couette !

Tu relis, mais tu ne comprends pas, c’est à toi de faire la preuve : T’es allé à Montrouge le samedi, le PV parle du mercredi à Antony. Mais qui peut savoir que ledit  mercredi t’étais sous ta couette ?

Le lendemain tu appelles le service juridique où tu es abonné. « PV- Radar; en quoi pouvons-nous vous conseiller ? Je me renseigne si quelqu’un s’y connaît ... »

-         Allo !

-         Oui !

-         -Ah ! Vous êtes encore là ?

-         Oui !

-         Bon, la personne compétente n’est pas là. Mais j’ai consulté la loi, c’est à vous de faire la preuve que vous n’étiez pas là!

-         Comment je peux faire la preuve ? J’étais sous la couette !

-         Ah ! Si vous conduisiez sous la couette vous n’avez pas vu le radar !

-         …

-         Quelqu’un peut-il témoigner que vous étiez sous la couette ? Je veux dire chez vous.

-         Ma femme…

-         Qu’elle fasse une déclaration sur l’honneur !

-         Ça va être drôle…

-         Attendez, excusez-moi un instant, on me rappelle… Oui, il y a sur la contravention une clause qui dit que vous pouvez demander le cliché, peut-être que c’est pas vous ?

-         Merci

 

Trop de mots en gras sur cette contre-danse. Comme t’as été sonné par le souffle, t’as pas compris que tu pouvais demander la photo.

La lettre est précise le radar t’a vu sous un réverbère à Antony. En pleine nuit !

 Tu postes ta demande et tu attends. T’as quarante-cinq jours pour contester. Le temps est long au regard des délais qui s’amenuisent !

Plus de deux semaines, un courrier, « on ne peut vous adresser le cliché, c’est pas vous ! », Plus loin :  « ce courrier n’interrompt pas les délais de paiement et de contestation ». Tu te dis que ça va suivre. T’attends un peu pour payer la caution. Encore dix jours.

Nouveau courrier : « vous avez contesté cette infraction en signalant que vous ne pouviez en aucun cas en être l’auteur ». T’avais rien contesté du tout, juste demandé une photo….

Tu crois que c’est fini, et non, encore une lettre : « suite à la demande d’exonération que vous m’avez fait parvenir, j’ai transmis à l’officier etc, suite à donner etc… »

Là, tu as compris ce que c’est qu’un explosif brisant !

Fernand Raynaud termine son sketch par son entrée dans le bureau du colo, colonel :  « Monsieur le directeur, il y a un type dans la cour qui nous dit à droite, à gauche, en avant, demi-tour ! Il ne sait pas où il veut aller, venez vite l’arrêter avant qu’il tue quelqu’un ! »

 

Si tout va bien, tu t’en sors avec un frisson rétrospectif. Les procédures administratives déshumanisées, ces phrases que tu n’as jamais dites imprimées et renvoyées comme des faits. Imagine cette gosse en garde à vue pour une baston en sortie de bahut. Comme il y avait eu, il n’y a pas longtemps, ces interrogatoires en classe par les gendarmes…T’as perdu les pédales juste parce t’étais accusé injustement et que tu ne savais pas t’expliquer. Imagine les mômes !

 

Tiens, un petit dernier pour la route. Extrait de l’Os à Moelle de Pierre Dac de mai 38 (lire le bouquin ! aux éditions omnibus) :

« Faits divers.

De Paris.

Alors qu’il repassait un pantalon dans un pressing, M.  F. Barbomètre aperçut, confortablement installé à l’intérieur du vêtement, un vieillard à l’allure digne, mais néanmoins débonnaire. Interrogé, ce dernier avoua ne pas avoir voulu quitter son pantalon dans un moment aussi difficile.

Etant donné le nombre de vieillards barbus qui déambulent dans la ville, vieillards pour la plupart de fausse origine, la Préfecture de Police a doté les inspecteurs ainsi que les gardiens d’un appareil à tirer les barbes, afin de déceler les fraudes, toujours possibles. »

 

 

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2 février 2010 2 02 /02 /février /2010 16:46

Les vieux cyclos du retromobile.

Du passé ne faisons pas table rase!

 

cyclo 1904 valentigneyLe téléphone.

-         Ah ! C’est toi ! Le salon rétromobile ? Non, je ne connais pas. T’as envie de monter ? Je t’attends ! Vendredi soir ? Je serai au train !

 

Tu sais les amis après plus de trente ans peuvent tout se demander. Le salon rétromobile, tu ne savais pas que çà existait. T’appelles un frangin spécialiste des expos, de l’histoire.

-         Bien sur, je connais ! J’y suis allé une dizaine de fois, pour les revues, les maquettes. Mais maintenant c’est plombé, le moindre modèle réduit à plus de 200 euro, c’est plus possible.

-         Tu viendrais avec nous ?

-         Non, c’est trop dur de piétiner et le samedi, il y a trop de monde. Pense quand même à manger un sandwich au jambon braisé, c’est tout ce qu’il y a de bon sur ce salon.

Ton pote, c’est un vieux de « la peuge », un de ces gars entré à 15 ans chez Peugeot pour préparer le CAP, à Sochaux, et qui a terminé là. Il a du faire toutes les usines du groupe en France et plusieurs à l’étranger, dont deux fois en Chine. Quand une pièce est fausse, il sait faire le diagnostic  entre un défaut de l’opérateur et un défaut de la machine. Une fraiseuse, où l’écart du jeu en marche avant ou marche arrière n’est pas identique ne peut pas faire une série correcte. T’apprends toujours…

 

Un jour il va chez une cousine, le garage déborde des pièces d’un moteur cassé. Plus d’un an que cette vieille Opel est considérée comme non réparable par le concessionnaire. Il interroge, comment ça c’est passé, qu’est-ce qu’ils t’ont dit ? T’as la carte grise ? Demain je fais le tour, je vois si je trouve des pièces. Il n’y a pas de raison qu’elle ne reparte pas !

T’imagines, plus de culasse, les soupapes en tas, les courroies introuvables, le carbu y en a plus, bref, le moteur c’est une sorte de lego technique, toutes les pièces dans un sac, on n’est pas sur qu’il y ait le compte, et en plus il n’y a pas de plan.

Deux jours ! Au premier tour de démarreur le moteur tourne !retromobile 2010 la belle mécanique

 

Au salon rétromobile, rien que des passionnés, des gens émerveillés encore par la belle mécanique. Alors tu trouves de tout pour tout réparer.

Et surtout tu découvres des modèles anciens briqués comme des bijoux de famille. Là dans ce premier album photo, c’est les cyclos et motos rétros qui te fascinent. Comment ces engins du début du vingtième siècle ont passé les ans ? Comment ont-ils été bichonnés pour te séduire encore ? Quel  amoureux aura refaçonné la pièce cassée et redonné une âme à ces objets qui ont fait vibrer les pionniers du deux roues ?

 

Un vieux de « la peuge » !  On s’attarde plus sur la production de l’usine de Valentigney que sur les Yamaha rutilantes. Qu’est-ce qu’ils produisent là-bas, aujourd’hui ? On ne sait même plus…

D’ailleurs, reste-t-il des industries où le mot produire a gardé du sens ?

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26 janvier 2010 2 26 /01 /janvier /2010 00:38

Tags et Graffiti autour de l'exposition Cartier

tags et graffiti-22 

Ballades de tags et retour de l’exposition Cartier sur les graffiti.

Ce matin il fait beau. T’en profites pour un tour de quartier, l’appareil en bandoulière. La jambe ne te bloque pas, alors tu peux marcher tête en l’air et trouver du plaisir à revisiter l’espace qui t’entoure. Les chantiers ont repris, et de vastes excavations attirent ton regard. Belle lumière, ciel dégagé. Là, tu fais attention aux tags suspendus en haut des bâtiments. Tu repenses à ta visite de l’exposition Cartier sur l’histoire du tag et du graffiti.

C’était parti de New-York, d’abord de simples signatures plus ou moins sophistiquées, déformées. Le jeu c’était aussi  de conquérir des espaces impossibles : trains, métros, ponts murs borgnes et terrasses.

tags et graffiti-20Le travail des grapheurs c’est régulièrement enrichi, développé, et ils préparent des maquettes dans de petits cahiers qu’ils doivent transposer dans leur espace. Si le lieu est interdit, dangereux et normalement il l’est, il faut gérer le temps, les risques. Un grapheur bien établi maintenant dans l’art, explique que de sa bande, d’une vingtaine de gars de 18-20 ans, qui a commencé à taguer de concert dans les années 70, il n’en reste que 4 de vivant. Tomber des trains, des bus, oublier le tunnel qui arrive, la malchance d’une balle perdue : une petite collection d’horreur.

 

Alors j’ai mis dans l’Album quelques images prises autour de l’exposition, et notamment les toilettes en sous-sol paradis du graffiti. J’ai ressorti aussi les photos du tag qui depuis deux ou trois ans orne la rue Ordener.

Et, moi qui ne suis ni courageux ni bien adroit avec la peinture, j’ai joué à taguer les statues du portique de  Notre Dame. C’était pour moi l’occasion de regarder ces photos mises de coté un jour de ballade. Bon, ça jette pas, comme si une vraie équipe avait colorié la façade. Je t’ai remis le fronton bien propre avant de finir !

Le mur Ordener je t’en ai déjà parlé. Les autres images, ne me demande pas le sens, c’est juste pour le ressenti des formes et des couleurs.

 


TAGS ET GRAFFITI
envoyé par albumrj.
 

 

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12 janvier 2010 2 12 /01 /janvier /2010 00:14

L’empreinte et le mauvais Gaulois.

 

17 image sans empreinte« Vous êtes un mauvais Gaulois ! »

L’invective te bloque. L’homme qui t’avait interpellé, demandé de l’attendre, te plante là ! « Mauvais gaulois ! » Au milieu du pont SNCF de la rue Riquet tu restes pantois, sans savoir quoi penser. La large carrure emmitouflée dans le blouson rouge délavé, le bonnet pointu planté au-dessus de la tête, il te tourne le dos et sa démarche l’instant d’avant si hésitante, le propulse de toute son énergie dans la rue d’Aubervilliers. 

 

Mauvais Gaulois, réfléchis !

Ça faisait quatre jours que tu ne bougeais pas, la neige t’avait tiré de ta mélancolie, fallait que tu dépasses cette gène qui te faisait trainer la jambe. Quand même quelques photos enneigées, te laisser chatouiller par les flocons,  sentir le froid te mordiller la joue. Le cri de la neige qu’on écrase ! C’est vrai, ça, es-tu encore capable de laisser ton empreinte ?

L’autre jour, le collègue qui ne te voit pas, ça t’a surpris. Quand tu déambules, tu vérifies dans les vitrines si tu te vois encore. Transparent au point de n’avoir plus de reflet de vie…

T’entends encore le bruit qu’ils faisaient sur l’empreinte carbone. L’empreinte carbone, c’est invisible, presque fumeux. Toi, tu penses à ton empreinte sociale, depuis qu’ils t’ont débranché du flux du travail, désactivé, satellisé dans la nébuleuse des « ayants droits ». Tu vérifies ta carte d’identité, il y a ta photo, ton empreinte, t’existes sur le papier. Mais si ta respiration, tes gestes quotidiens,  tes envies,  tes petits regrets, ton attention pour ceux qui t’aiment,  ne produisent qu’une « empreinte carbone », tu deviens un polluant, non ? Tu ne produis plus, tu n’es plus visible, en plus ta jambe te gonfle, et tu dois faire gaffe à ton empreinte !

 

Mauvais Gaulois, pourquoi  te trouves-tu là ?

T’avais gouté le supplice de la roue !

Par un beau matin de neige, au début de ta retraite, t’avais projeté une vraie belle ballade dans les Pyrénées. Le guide avec qui tu en  parles, pendant un stage de raquettes autour de « Gavarnie » te regarde :

-         «Si t’es dans mon groupe, avant de monter dans mon bus, à la gare, je te fais faire ces exercices ! ».

Il te tend une feuille avec des pompes, des flexions,  des torsions. Tant de dizaines de chaque  en une  minute ou deux…

Donc rentré chez toi, tu prends ton vélo : neige ou pluie tu pédales, t’arrêtes dans un bois et fais ta série d’exercices. Progressif hein ! Pas tout d’un coup ! Sauf que ce jour là il faisait si froid, que quand tu fais ta première pompe, l’épaule bien gelée, tu tombes dans la neige. Tendinite ! Dix huit mois de réparation. T’imagines que je fais gaffe aujourd’hui. Le kiné de ton quartier observe cinq minutes tes réactions à certains mouvements, ça craque et c’est douloureux. Il se  décide pour l’électricité. Il t’entoure l’épaule avec une grosse courroie, te serre bien sur plusieurs tours, branche sur un générateur : « ça va vous chauffer ! Je reviens… » Pas deux minutes, t’as l’impression d’une électrolyse, et que toute ta carcasse se ballade d’une électrode à l’autre ! Ça te brule, ça t’oppresse, t’appelles ! Le gars te débranche, quand il enlève la courroie ton épaule convulse. T’imagines bien maintenant  la sensation sur  la « chaise électrique ».

La semaine dernière, « ton rééquilibrage vertébral », te fait marcher de travers. T’en parles à ta nouvelle kiné, une femme douce et attentionnée, qui ne te manipule qu’en expliquant bien ce qu’elle fait. Quand tu déroules ton scénario, elle décide que tout est raide du bassin aux orteils, que t’es plus droit, qu’il faut corriger ça ! Petits échauffements, étirements patients, rotations précautionneuses des articulations. « Laissez moi prendre votre jambe sous le genou, relâchez bien, laissez vous conduire sans résister ! »

« Ah ! Ah… » Tu piges pourquoi  on cuit les poulets avant de leur arracher le pilon, même bien saignés, ils auraient hurlé. T’as senti tes muscles se mettre en boule et partir comme sur un carreau à la pétanque.

Le supplice de la roue ! Ecartèlement remboursé par la sécu !

 

11 bassin de la villette et la neigeQuand tu sors samedi sous les flocons, tu ne sais pas encore que t’es un mauvais gaulois. Tu veux juste te bouger un peu. Chasser ta neurasthénie et vérifier si tu peux encore marquer ton  empreinte dans la neige. Tu t’es emmitouflé, aux pieds tes chaussures de montagne – qui ne servent plus que des jours comme ça - , t’ajustes le chapeau prends l’appareil et sorts.

D’abord c’est quoi un mauvais gaulois ? Pourquoi tu serais un gaulois ? Pourquoi tu serais mauvais ?

Ensuite, hein ! Des gaulois depuis Clovis, il n’y en a plus. Que des Francs. Bien avant il n’y en avait pas non plus, c’était une invention de César. Même Vercingétorix, il était Averne. Quant aux Francs, après les invasions par les Germains, les Wisigoths et autres barbares l’empreinte génétique doit être devenue confuse ?

C’est vrai, les peuples de Gaule buvaient de la bière. Moi aussi, mais pas dans la rue. Lui il avait sa canette, dès neuf heures et demi. Gaulois ! Dans le dico : expression triviale, « de manière truculente et licencieuse ». C’est pas ça. Le mot fort c’est donc mauvais.

 

Mauvais gaulois ! T’y penses… tu voulais remonter vers la Villette et longer le canal de l’Ourcq. Devant le bassin, quelques photos de la glace des bateaux mouchetés par les flocons. A certains endroits on se bouscule presque pour les photos. Là ils sont deux, avec deux sacs de sport, des trépieds, ils filment et flashent. Peu de bruit, tout est ralenti. Samedi matin sans école, parents et enfants jouent de la neige ; éclats de rire et petits pleurs. Près de la passerelle, un Vélib a été jeté sur la glace, celui là va disparaitre aussi sans empreinte. C’est bête…

 

Bête, mais pas mauvais. Mauvais c’est être méchant. Mauvais c’est annoncer le malheur par les augures. « Un mauvais garçon,  il a des façons pas très catholiques », un voyou d’hier !

Tu frissonnes de tout ce qui est mauvais. Le « mauvais gaulois » oblique, redescend vers le canal st Martin. Les « habitués » du canal font cercle autour de leur feu de bois. Quand tu passes sur le pont au-dessus d’eux, tu les entends casser les planches. Le feu est âcre. Comment peuvent-ils chanter autour ? Les véhicules de secours de la Croix-Rouge sont au repos sous la neige. Ce n’est pas leur heure. « Green Peace » n’est pas là pour mesurer  l’empreinte carbone. La fumée du braséro est libre de toute empreinte.

Mauvais c’est aussi être malveillant, nuisible. Zut, c’est trop !

 

L’empreinte des oiseaux dans la glace, te réconforte. Ils volent mais ils laissent leur empreinte dans la neige. Comme toi ! Le garçon qui lance le pain, tenu fermement par sa mère est un bon garçon. Le pain ne laisse pas d’empreinte, les oiseaux se le disputent. Les petits croutons n’ont pas le temps de toucher l’eau.

26 l'empreinte de l'oiseauLes petits chiens eux vont laisser leur empreinte, et pas que ça.

Et Oscar ?

Oscar pour moi c’était De Funès, ou l’écorché en plastique de la classe de sciences.

Pendant ta photo une femme passe. Poussant un landau plus capitonné qu’un carrosse de la reine d’Angleterre. Un garçonnet court  autour. Lâchant vivement le guidon de la poussette, il fait une boule de neige rapide, cherche où la lancer, puis la soulève juste au-dessus de lui ; elle se délite et retombe sans le toucher. Alors, il donne de grands coups de pied qui soulèvent la neige devant lui.

-         « Oscar !  Tout à l’heure je vais t’acheter des nouvelles chaussures. Tu devrais réfléchir à ce que tu veux. »

-         « Je sais, je veux des baskets. »

-         « Des baskets ? Tiens… »

-         « Oui ! Des baskets grises ! »

-         …

-         « Avec un cerf dessus … »

-         « Ça va être commode de trouver, ça ! »

Quelle empreinte va laisser cette basket grise à l’image d’un grand cerf ?

Deviendra-t-il un bon ou mauvais gaulois ?

 

Tu te prépares à rentrer, t’arrêtes juste devant la boutique Emmaüs ! La classe ! Du téléthon à Emmaüs, la charité moderne est un business. Marketing, design, se rendre visible. De tout ce qui est ramassé combien atteint le cœur de cible, celui qui en a besoin ? Voitures, immeubles, courriers, cadeaux inutiles…

 

Mais t’es un mauvais gaulois. D’un pas mal assuré tu traversais le pont verglacé de la rue Riquet. Combien étaient-ils, canette à la main, se tenant en cercle ondulant  comme des rugbymen après l’essai ? Tu descends du trottoir pour passer à coté. Ça discute « d’un gars qu’a du fric gros comme ça ». T’es presque de l’autre coté quand tu t’entends héler. Te retournes sans t’arrêter. Il te rattrape, t’accompagne en marchant de travers : « je vous parle comme à mon père, je sorts de prison, pouvez vous m’aider ? » Tu fais « non » de la tête et prononce « désolé ».  Il te dépasse, t’envoie le « mauvais gaulois » et disparaît.

 

L’empreinte ?

 

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3 janvier 2010 7 03 /01 /janvier /2010 00:30

Dans la nuit froide de l’oubli

Oui tu vois je n’ai pas oublié

La fleur que tu m’avais donnée

Dans la nuit froide de l’oubli

Flétrie et sèche cette fleur

Et le diable des soirs conquis

 

 01 sacré coeur depuis la villette

 

Tout se mélange, bonheur de Noël,   fêtes de nouvel an, les vœux de partout, que tu reçois que tu renvoies ! Bon, bien !

Le froid n’est plus le même froid.

Tu aimes le froid, c’est une sorte de défi, tu braves le froid pour te sentir. Tu le respires de la pointe de l’orteil, jusqu’au dernier de te cheveux ! Dernier ? Il t’en reste, et pour de bon !

Trois semaines sans vélo !  T’imagines pas ! C’est trois semaines sans respirer. Comme un plongeur ses bouteilles vides. Une longue apnée. Petit soleil ce matin, petit vent, quelques minuscules flocons. Presque personne le long du canal.

Sauf les Roms, bien sur. Ils ont à nouveau rasé les baraques de récup. Entre le Décathlon et le Conforama, la hauteur des  immondices atteint celle des terrils. Plusieurs caravanes sont parties, abandonnant les produits inutiles de leurs quêtes. Ton vélo zigzague.

Plus de cygnes, moins de canards, les mouettes tiennent le courant. Reste un seul cormoran.


Ils ne sont plus les copains de l’amitié

Tous mes amis ont quitté les cantonniers.


L’autre soir, t’étais passé par Montmartre, il ne neigeait déjà plus; t’as fait quelques photos d’une place du Tertre où on n’y croyait plus. D’ailleurs à quoi pourraient-ils croire ? Vide de gens, vide de sens, vide de plaisir, vide de vie ! Ceux qui étaient là n’avaient pas lu la notice : Noël, se tient aux Galeries Lafayette ! T’avais un cadeau à y acheter, noté sur un bristol argenté, tu l’as eu ! Quel combat ! Pas seulement le maelström qui emporte tout badaud sans idée qui l’ancre ; mais de la caisse au paquet cadeau, tu respires l’odeur de la mêlée des « All Blacks », sens la tension des enjeux, cèdes à la minauderie « çà irait bien avec… »


La marée je l’ai dans le cœur

Qui me remonte comme un cygne


Le tourbillon de la vie,  Noël, Montmartre, le Canal, Les Champs-zé.

Fallait que tu y ailles.

Fallait que tu voies la foule.

Elle t’entraine.

Que tu sentes cette folle farandole. Le froid n’est pas insupportable, le vent n’est pas à l’autan. Mais les Champs-zé sont plus longs que les violons de l’automne.

Tu ne connais pas les langues : à peine tu te dis : peut-être italien ? Que tu hésites, russe ou espagnol ? Anglais ou américain tu reconnais. Les uns ne desserrent pas les dents, les autres ne ferment  la bouche que pour écraser le chewing-gum.


T’as un coté vampire, comme çà, à respirer la vie des autres ? Non ?


J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur 


Aujourd’hui Rimbaud aurait mit blogueur, non ?


Le froid n’est pas dehors, tout d’un coup,  tu le ressens dans tes os, raides, sans grâces, qui t’empêchent de nager au-dessus des courants, de flotter au-dessus des airs. T’es qu’un homme, presque un bonhomme, un de ses vieux bonhommes transparents, que plus personne ne voit.  Les regards se perdent, loin au-dessus de toi, comme s’ils te traversaient sans te voir. Es-tu là ?


Loup y es-tu ?

M’entends-tu ?


Un vieux copain de boulot, plus de vingt ans  cote à cote à moins de dix mètres, te croise là, le regard sans vie ne te voit pas, il était aussi transparent que toi.


Surement la retraite…



 

 

 

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31 décembre 2009 4 31 /12 /décembre /2009 15:53
Bonne année 2010 avec l'AlblogRJ, le blog de l'AlbumRJ

Quatre ans de ballades , de souvenirs et d'émotions !
Nous vous souhaitons:

bonne année 2010-1
Santé de fer,
Moral d'acier,
Âme de bronze
Coeur de chocolat fondant !
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24 décembre 2009 4 24 /12 /décembre /2009 08:34
joyeux noel 2009 copie-copie-1
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17 décembre 2009 4 17 /12 /décembre /2009 14:48
Jour de neige sur le marché de L’Olive et  le square de la Madone.

 neige sur l'olive-02

C’est à st Lazare que çà t’a pris. Impossible de sortir du métro. Tu visais la sortie 1 Cour de Rome, et des barrières te bloquent, des personnels marqués « exploitation » te repoussent vers la gare SNCF où t’as rien  à faire. Là, t’es repris par un autre flux de gens compacts engoncés dans les parkas et agitant les parapluies. Tu ressorts de la gare sans l’avoir cherché, la neige te prend d’un coup. Tu n’y pensais pas. Faut pas rêver ! Le flux te bouscule, et se presse vers la grande verrière qui redescend dans le métro. Oh ! Tu rêves ? Tu dégages les bras, redresses la tête et affrontes le tentacule humain.

Avant hier je te parlais du dragon à sept têtes de l’Apocalypse, même une coupée, l’emprise est là. Sans avoir jamais nagé le crawl, tu finis de t’extirper de l’enfer apocalyptique de la bouche de métro. La neige fume sur tes cheveux décoiffés, ton sac en bandoulière ne voulait pas te suivre, tu te sens happé comme un pauvre Charlot des temps modernes. La courroie tient, t’es sauvé.

La neige te fige les yeux, tu traverses sans trop voir, et rien regarder, d’ailleurs, qui se soucie des feux et des passages protégés ? A l’abri du haut-vent du café, tu te retournes, serres ton col, et regardes cet anti-volcan qui avale sa lave humaine, et aspire les déjections blanches du ciel. Les voitures qui descendent la rue de Rome, sont au ralenti, précautionneuses des piétons trop pressés que les glissades sur les bandes blanches font tanguer comme au premier jour de leurs  rollers.

Les pas crissent sur la neige pas encore tassée, et pendant que tu déplies ta capuche hors de sa poche,  tu ressens la ville assourdie. Pas de bruit de moteurs, pas de conversations hautes, pas de bruits de chantiers.

neige sur l'olive-04Un peu plus de sept-heures et demi à st Lazare, t’avais oublié ? T’étais un « métro-trapéziste ». Tu volais de correspondances en couloirs, de tourniquets en sens interdits, t’affrontais les flux à contre-sens comme un simple courant d’air, toujours sur la pointe des pieds, prêt à tous les écarts et contre-pieds.

Quand tu rentres vers neuf heures, c’est encore pire ! Ils sont sept ou huit à canaliser la foule, « un escalator libre ici ! La douze à gauche, faut descendre, la treize à droite ! Allez ! Allez ! Plus vite ! ».  T’es propulsé vers une batterie de tourniquets, de gros panneaux « pass Navigo seulement ». Impossible de  te dégager. Tu crains de finir bloqué à la barrière comme un gus sans carte bleue à  un péage d’autoroute, avec la file qui klaxonne et t’injurie. Rien, les portes sont ouvertes, tu passes. Ton ticket te resservira.

Dans le métro les annonces se multiplient. La « A » sans trains dans une tranche horaire que tu n’identifies pas, la douze, problème de signalisation, la « B » encore plus compliqué que la « A », la treize en incident …Combien de centaines de milliers de gus passeront là ce jour, à entendre les litanies de dysfonctionnements, à bousculer, comprimer tout ce qu’ils peuvent pour avancer. Qui prête encore attention aux annonces ? Chacun se rue sur son parcours, pousse,  même pour entrer sur le quai. Au moins trois ou quatre rames pour avoir une chance de monter…

 

Quand je sors, la neige redouble. Changer les chaussures, prendre l’appareil, le chapeau, regarder le quartier par l’objectif. Les travaux du marché de l’Olive sont en retard, mais ils avancent, trois photos des nouvelles verrières ou de ce qui les remplace. Ça bétonne dur ! Tu ne comprends toujours pas ce que ce sera. Les commerçants s’agitent, les enfants sont à l’école, le gardien t’a fait sortir du square de la Madone qu’il fermait, quelques retraités jouent les enfants terribles et profitent de la neige.

 

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1 décembre 2009 2 01 /12 /décembre /2009 16:40

Allez mon voisin...

 

Si il y en a un qui n’est pas prêcheur, c’est bien moi ! Depuis le temps, tu me connais. Si j’entends Tino Rossi chanter « Petit Papa Noël »,  je peux balancer ma chaussure dans le poste. Et là, pas d ‘esquive « à la Bush » ! ce sera touché cassé…

-         Pas prêcheur, mais un peu radoteur ?

-         Tu me cherches ?

-         Plutôt ! oui ! si t’aimes pas les chants de Noël, ça fait trois ans de suite que tu les filmes. Alors ! Camenbert ! hein ! tu aimes, tu filmes, t’aimes pas, t’y vas pas !

-         Attends, c’est pas que j’aime ou j’aime pas, mais c’est l’emphatie générée par la rencontre de la chorale et des spectateurs qui me surprend toujours. Les enfants sont dans la salle, mais aussi dans le cœur de chacun des présents, et je ne te parle pas du cœur des choristes. »

-         Je ne connais pas ce chant de Noël, « allez mon voisin »

-         Il n’y a pas longtemps, moi non plus. Et puis, tu découvres !  C’est avec Maura, mon invitée sur ce blog que je l’ai entendu pour la première fois. Tu sens comme le groupe est heureux de chanter, tu vois comme le pas t’entraine, tu ne peux rester sur place, indifférent. Allez mon voisin…

-         C’est comme une invitation à danser …

-         Je t’invite ?

 

Extrait des Contes et chants de Noêl sous la direction de Maura Michalon Lafare. Concert du 28-11-09

 (Le diaporama est accessible depuis "la page de Maura")

 


allez mon voisin
envoyé par albumrj.

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16 novembre 2009 1 16 /11 /novembre /2009 17:45

Extraits de la chorale d'hommes en concert à Pau.

Un chœur de béarnais, un chœur d’hommes, dirigé par une femme…

Concert revitalisant ce soir d’octobre. Des voix maitrisées, des solistes percutants, un groupe attentif à la direction. Une bonne soirée.

Quand te reçois l’invitation, tu es partagé. Bien sur t’aimes les chants, les chœurs, la musique en général.. Mais que des hommes tu hésites. En plus, Pau c’est le Béarn, tu ne supporterais  pas un concert uniquement de chants basques. Enfin toujours ce risque, une chorale dans une église, elle te remâche les vieux refrains cathos…

Tu te trompes, il y aura du Verdi, du Puccini, du Fauré, du Gounod, du Wagner, du Frank, avec un petit peu de chants plus traditionnels, basques, mexicains, et même deux negro-spirituals.

T’y va de bon cœur.

Tu ne le regretteras pas.

C’est vrai que sur le Fauré, il y a un petit flottement, mais sur tous les autres quelle tenue !

Alors je blague en titrant sur le « Béarn chante l’anglais », tu sais bien que l’Aquitaine s’est libérée de sa tutelle britannique. Cependant, quand, à Salies de Béarn, les commerçants te parlent anglais avant de réaliser que t’es un parigot de passage, ce qui les freine moyennement, tu sens bien qu’il n’y a pas que sur les terrains de rugby qu’il y a des enjeux, et de l’occupation du terrain.

J’ai donc passé une excellente soirée. Je t’aurais bien volontiers mis un lien sur le site de cette chorale, mais en regardant le programme, je ne retrouve que son nom, pas son site.

Tant pis.


J’ai tiré de cette soirée un petit DVD et un CD audio que j’ai transmis à  celui qui m’a invité.

 

Juste un petit extrait pour te mettre l’eau à la bouche. Si tu vois une annonce pour Apau L'Hom, vas-y!


PS. le 17/11/09 le site de la chorale

 

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