Les vieux cyclos du retromobile.
Du passé ne faisons pas table rase!
- Ah ! C’est toi ! Le salon rétromobile ? Non, je ne connais pas. T’as envie de monter ? Je t’attends ! Vendredi soir ? Je serai au train !
Tu sais les amis après plus de trente ans peuvent tout se demander. Le salon rétromobile, tu ne savais pas que çà existait. T’appelles un frangin spécialiste des expos, de l’histoire.
- Bien sur, je connais ! J’y suis allé une dizaine de fois, pour les revues, les maquettes. Mais maintenant c’est plombé, le moindre modèle réduit à plus de 200 euro, c’est plus possible.
- Tu viendrais avec nous ?
- Non, c’est trop dur de piétiner et le samedi, il y a trop de monde. Pense quand même à manger un sandwich au jambon braisé, c’est tout ce qu’il y a de bon sur ce salon.
Ton pote, c’est un vieux de « la peuge », un de ces gars entré à 15 ans chez Peugeot pour préparer le CAP, à Sochaux, et qui a terminé là. Il a du faire toutes les usines du groupe en France et plusieurs à l’étranger, dont deux fois en Chine. Quand une pièce est fausse, il sait faire le diagnostic entre un défaut de l’opérateur et un défaut de la machine. Une fraiseuse, où l’écart du jeu en marche avant ou marche arrière n’est pas identique ne peut pas faire une série correcte. T’apprends toujours…
Un jour il va chez une cousine, le garage déborde des pièces d’un moteur cassé. Plus d’un an que cette vieille Opel est considérée comme non réparable par le concessionnaire. Il interroge, comment ça c’est passé, qu’est-ce qu’ils t’ont dit ? T’as la carte grise ? Demain je fais le tour, je vois si je trouve des pièces. Il n’y a pas de raison qu’elle ne reparte pas !
T’imagines, plus de culasse, les soupapes en tas, les courroies introuvables, le carbu y en a plus, bref, le moteur c’est une sorte de lego technique, toutes les pièces dans un sac, on n’est pas sur qu’il y ait le compte, et en plus il n’y a pas de plan.
Deux jours ! Au premier tour de démarreur le moteur tourne !
Au salon rétromobile, rien que des passionnés, des gens émerveillés encore par la belle mécanique. Alors tu trouves de tout pour tout réparer.
Et surtout tu découvres des modèles anciens briqués comme des bijoux de famille. Là dans ce premier album photo, c’est les cyclos et motos rétros qui te fascinent. Comment ces engins du début du vingtième siècle ont passé les ans ? Comment ont-ils été bichonnés pour te séduire encore ? Quel amoureux aura refaçonné la pièce cassée et redonné une âme à ces objets qui ont fait vibrer les pionniers du deux roues ?
Un vieux de « la peuge » ! On s’attarde plus sur la production de l’usine de Valentigney que sur les Yamaha rutilantes. Qu’est-ce qu’ils produisent là-bas, aujourd’hui ? On ne sait même plus…
D’ailleurs, reste-t-il des industries où le mot produire a gardé du sens ?