22 juin 2010 2 22 /06 /juin /2010 22:01

Belle promenade dans les  gorges de Kakouetta.

 

Entre le foot, les fraudes fiscales et les remises en cause des droits à la retraite, y a-t-il un espace pour vivre, penser, être ?

 gorges de kakoueta - la cascade-12

Te voilà au bout de la terre. Pas le bout, façon fin du monde, mais un fin fond de terre, une terre à peine marquée sur les cartes, une route que depuis quarante ans tu trouves toujours en chantier, route  entre terre labourée, terre éboulée, terre de boue séchée, terre de roches effritées, terre de cailloux fracassés par la chute, et le goudron pauvre que les intempéries effritent, creusent, bossellent, enterrent.

Il y a longtemps tu faisais planer ta vieille Simca de bosse en bosse, comme un surfeur de vague en vague. T’arrivais à Sainte Engrâce.

Ton guide de rando de l’époque disait : « village de bergers entouré de forêts. A l’extrémité de la route, l’église romane. Du cimetière on découvre les gorges d’Ujarre. »

Aujourd’hui, l’orthographe des sites a changé, la carte renomme ces gorges « Ehujarre ». Une de tes premières ballades autonomes où tu t’es planté dans le brouillard. Faudra que tu recherches les photos. Le gite était une sorte de maison avec un plancher de premier étage qui débouchait sur une porte basse donnant sur le flanc de la montagne. Le rez-de-chaussée était un poulailler, et les poules avaient bien du mal à distinguer le plateau de bois qui servait de lit pour une dizaine de randonneurs et l’espace qui leur était dévolu. Pourtant un petit écriteau manuscrit indiquait bien « chambres ». Tu n’es pas retourné à ce gîte, pourtant tu t’es souvent promené là, avec des amis et tes enfants. Pour aller à la passerelle d’Holzarté.

 

Ce mois de mai, tu t’organises pour les vacances, et tout d’un coup les enfants te disent : « ah ! Si vous allez au village, on viendrait bien une semaine, se faire coucouner ! » Trop heureux ! Cinq ans que ton fils n’est pas venu. Et encore, un simple week-end.

 

Tu les accueilles et les premiers mots qui te viennent quand chacun a retrouvé sa place, c’est «  et les retraites ? » Bide total. “Qu’est-ce que tu crois ? Qu’on s’en fout ? Mais attends, dans les boites c’est déjà tellement dur ! Tous les jours, on nous menace, un jour de baisser les salaires, un autre de fermer, ou de nous envoyer à plusieurs milliers de kilomètres. Il n’y a plus d’entretien annuel, plus de critères de révision des salaires, plus de primes ! Le management change sans cesse, ça restructure partout, les urgences sont plus prioritaires que tes objectifs ! Alors la retraite, hein! On verra quand on y sera. C’est assez dur comme ça ! »

 

Après deux jours pour faire le vide, malheureusement  remplis des clameurs de la télé pour le mondial et des suspicions de connivence d’un ministre, tu proposes de faire une ballade sans effort, mais dépaysante, presque hygiénique, au bout du bout de la Soule, près de Ste-Engrace, les gorges de Kakoueta. L’accord obtenu, l’organisation souhaitée se décale doucement dans le temps. D’un départ matinal on transige à un départ juste après le déjeuner.

Faut une heure et quart depuis le village. Ça gaze.

 Tellement longtemps que t’as pas fais de rando, que t’as même pas un petit sac à dos ; Tu mettras en bandoulière ton appareil photo et ton caméscope. Tu ne sais pas lequel tu vas utiliser. En ce moment t’es plutôt photos…

 

Tu n’y connais rien en faune. Pourtant le coin est riche. C’est juin, les fleurs sont partout. Manquent les vautours, que tu avais observés une fois. Ce que tu ne savais pas, c’est que les naissances sont en août. C’est pour ça que t’en avais vu tant.

 

Kakoueta, c’est pas une vraie rando, avec un bon dénivelé, une suée à chaque pas ! Non c’est une ballade dans un espace naturel sécurisé pour les enfants et les adultes fatigués ; Si t’y penses, prends un casque, tu t’égratignes vite.

Mais pendant quelques heures le sujet c’est de profiter du spectacle le long de l’Uhaïtxa, de se laisser assourdir par l’eau dévalant les flancs des gorges, bousculant les galets, pressé de venir grossir le lac du barrage. Il y a aussi les oiseaux. Tu les entends, mais les vois rarement. L’étroitesse des gorges, quelques mètres, répercute les sons, mais les vols sont si haut que tu ne les vois pas.

Vers la fin de la ballade tu retrouves la grande cascade dont on peut faire le tour. C’est le thème d’aujourd’hui.

Une journée sans foot, sans politique, sans plan pour la manif de jeudi.

 

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