Une rando VTT plutôt exténuante, mais le bonheur de la découverte !
T’avais prévu ce petit sujet sur ce petit coin du Var entre Cogolin et Collobrières. Quand tu pédalais et te racontais des histoires de VTTistes, les images que tu voies à la télé sur
le déluge et les inondations, les victimes, impossible de l’envisager. Sur la pente tu verras des plaques pour commémorer les morts dans les incendies de foret. Mais les torrents de
boues ! T’étais passé au Luc, au Muy…
Ce samedi, t’avais prévu une belle rando, un peu de route et du VTT sur des chemins de randonnées autour de la Chartreuse de Verne. Au mois d’avril t’avais été surpris par le paysage et les gars à vélo qui se régalaient sur les petites routes sinueuses. Tu les gourmandais.
La veille tu t’étais procuré les cartes IGN compatibles avec ton GPS. Pas facile, la librairie en face de l’Hôtel de Ville de Cogolin t’envoie péter quand tu lui demandes la carte incluant Cogolin. Tu vas à Leclerc, un des avantages de ces petites villes, c’est que tu vas du centre ville au supermarché à pied en moins de cinq minutes. La carte en question nommée « St-Tropez - Ste Maxime » n’est pas non plus en rayon. Le magasin ferme dans moins d’un quart d’heure, tu sollicites la caissière qui vérifie sur son PC : il y en a en réserve. Elle appelle une vendeuse qui court et te la rapporte. C’est la fin de journée, elles font ça avec le souci de te rendre service. Rare.
T’as pu t’installer sous l’ombre d’un platane, attendre l’heure d’un petit frichti en goutant le rosé en terrasse du restau. C’est le lendemain que tu sauras que le rosé c’est pas la bonne dope pour ta forme . Mais il est si frais, tu t’es longuement crispé le dos sur l’autoroute. Ça te détend.
Tu fixes ton projet, prendre la départementale vers Collobrières, trouver le chemin de randonnée qui monte vers la chartreuse de la Verne, puis te laisser redescendre vers le lac.
C’est parti. Ton sac est un peu lourd. Le matériel pour crevaison, la pompe, les céréales , le coupe-vent et les deux litres d’eau. Au dernier moment tu retires le tournevis et la crème solaire. Moins cent grammes, mais toujours plus de cinq kilos avec l’appareil photo. Ça roule !
Le parcours te fait traverser la petite plaine où tu reconnais les domaines du « château St Marc », et « la Giscle ». Tu penses que si tu rentres à temps tu leur fera une petite visite.
La départementale te conduit doucement aux premiers sous bois du massif des Maures. Chênes lièges et châtaigneraies. Ça commence à grimper sérieusement, pourtant tu te sens tranquille. Quand tu t’arrêtes à la stèle pour une photo du vieux VTTiste, tu te sens fort. T’es pas encore à mi-côte. Le col du Périer est encore loin. Des groupes de cyclistes te dépassent rapidement, parfois un encouragement, le plus souvent sans un regard. En face d’autres groupes dévalent dans le chuintement des super-bécanes. Parfois trois de front. Le vieux VTTiste dans la côte fait moins de bruit qu’un 4X4. Moins de place pour toi.
Les derniers kilomètres du col commencent à te sembler bien long, 340m c’est pas beaucoup, c’est ton premier de l’année et tu n’avais pas vraiment pu te préparer. Petite pose pour une photo du lac de la Verne et de la Chartreuse. L’altimètre te dit 310m, ce ne sera plus long. Pourtant tu te traines vraiment. Le col est là tu te laisses aller dans la petite descente, et au premier virage, le malaise: les deux roues ne veulent pas suivre la même trajectoire. Tu secoues la bécane, t’as l’impression de plier le cadre. Tu stoppes. Tu tapes sur les roues si elles sont bien bloquées. Oui mais l’arrière est presque à plat ! La veille, t’avais préparé sans te rendre compte de rien. Surement une crevaison lente, si ça a tenu jusque là un petit coup de pompe devrait suffire.
Voilà Capelude, c’est ton premier choix pour ta rando vers la Chartreuse. T’hésites. Il est passé midi, si tu dois réparer, avec les 200m à remonter dans la caillasse tu ne seras pas à la Môle avant trois ou quatre heures. Peut être vaut mieux manger avant, et si la roue ne tient pas, simplifier ta ballade Direction Collobrières.
Il faut remonter sévère. Plus de 410m. Tu penses qu’au retour tu devras le refaire. Encore un quart d’heure avant de pouvoir te laisser descendre vers Collobrières, sans forcer, ta vigilance surveille ta tenue de route.
Collobrières. Sur la place derrière la Mairie trois restaus, un bar à tapas. Va pour une planchette « maison ». A l’énoncé de ce qu’il y a dessus, tu fais enlever les figatelles et le fromage corse.
-« Vous ne préférez pas une planchette italienne ? »
- ?
- « c’est de la charcuterie italienne, des légumes préparés et de la mozarella »
- « pas de mozarella, pas de fromage … servez-moi une bière et une carafe d’eau. Merci»
Pendant deux jours tu demanderas la fameuse carafe d’eau. Jamais tu ne pourras l’obtenir. Tu ne vas quand même pas téléphoner à la gendarmerie pour obtenir une carafe d’eau ! Le gars préfère t’amener un verre d’eau tiédi qu’une carafe d’eau fraiche. Tu renouvelles ta demande : -« San-Pé ou Vittel ? » Rien à dire, c’est des pros : pas un mot d’agacement, mais pas de carafe d’eau !
Sur la place, le petit banc sous la fontaine, tu t’y installes et te prépares à changer la chambre à air. Dans le sac tu prends les démonte-pneus, les deux chambres de secours. Zut ! T’avais oublié, tu les avais déjà réparées. Les rustines aujourd’hui (d’ailleurs c’est plus des « rustines », vulcanisent mal. Même si t’as contrôlé, t’aimes pas les mettre si loin du retour. Tu décides de garder la chambre qui perd. Tu vas gonfler toutes les demi-heures. A bloc !
T’en
profites pour faire un petit tour de découverte. A vélo, parcourir toutes les petites rues ne prend pas de temps. Tu repasses devant la fabrique de marrons glacés si bons, vu la chaleur c’est pas
le moment d’en ajouter dans le sac à dos. Près de l’église tu t’arrêtes devant un grand panneau expliquant les sentiers de randonnées, le Gr 90, le sentier découverte. Les deux chemins
t’éloignent de ton plan initial. Mais faut voir.
Tu comprends vite : une demi-heure de montée à plus de quinze pour cent. Ta cuisse n’y résiste pas. T’as peur d’un retour de la tendinite. Pause, bidon d’eau, nouvelle lecture de la carte, retour au plan de départ.
Tu remontes sans forcer le col de Taillude à 411m. Sans forcer, c’est aussi pas très vite. Le temps passe. Tu hésites, mais tu t’engages sur le chemin de la Chartreuse, et entreprends la descente vers le lac de la Verne. Tu croises des randonneurs à pied, sac à dos et makilas. Ils pensent que tu en as pour plus d’heure pour arriver au lac. Tu renonces. Refais les 7 km pour retrouver la route et bataille une dernière fois avec le col du Périer. Zut, penser à regonfler !
Plus que vingt bornes et t’y seras.
Ton odomètre est content de toi. Plus de onze cent mètres de dénivelés, Soixante dix km, près de six heures sur la selle. La douche est une vraie récompense. Mais demain t’y retournes, tu simplifieras en passant par Capelude.