La semaine dernière je remonte, fatigué de ma ballade, la rue de la Marne, pour passer au-dessus du canal et plonger dans la dernière ligne droite du « VTTiste ». Je calcule mal mon élan ou bien le feu rouge me stoppe. Du coup, au coin d’un bistrot et d’une usine de chauffage urbain je tombe sur ces peintures sur le mur d’enceinte. Rapidement je fais le tour, et photographie comme je m’y complais en ce moment ce petit décor industriel ou social. Que sais-je ? Pas facile de parler avec le vélo le casque et l’appareil photo. Qu’est qui est le plus saugrenu ? Le bonhomme bien sur…
La douche passée, sur le PC je regarde ces photos et découvre ce petit mot dans un cœur comme on en faisait pour la fête des mères : »I Love My Ghetto ».
J’en entends qui ricanent : » ah ! Si tu pouvais voir la vie autrement que dans tes photos ! »
Ce mardi, jours gris, le chat bien nourri, j’ai repris l’appareil et j’ai marché, faire le tour du Ghetto.
Le marché rue de Crimée encombre encore la piste cyclable. Rue de l’Ourcq, j’avais déjà remarqué cette démolition visible après Noël. Les énormes fenêtres rondes sont comme les yeux d’un extra terrestre contemplant l’œuvre des pelleteuses. Ce sont les faux des temps modernes. Elles couchent le béton comme naguère on couchait le blé. Drôle de moisson de ferrailles tordues, chaumes rouillés de la modernité défunte.
Ce coin de la rue de la Marne est curieux. L’empreinte de l’usine sur le ciel. Le canal et les rails rouillés des voies abandonnées, des entrepôts délabrés et de part et d’autre du pont : les immeubles modernes des quartiers chics du canal, et les structures de la Villette.
Cet après midi vers trois heures c’est calme. Rues vides. Avant de rentrer j’aurais le temps de croiser les enfants des écoles ramenant leur vélo au loueur installé au coin du pont. Et je devrai patienter derrière le pas sautillant des petits traînés par leur maman.
Le bistrot du coin s’appelle les barreaux verts. Je suis rentré, ai commandé une bière, bien décider à comprendre l’origine du nom. Mais une partie allait bon train. Trois habitués et le patron jouaient aux cartes. Il y avait aussi des dés. Et des enchères. Quand tout se passe bien, tout le monde abat ses cartes à la deuxième ou troisième levée. J’ai regardé longtemps sans comprendre.
Je ne sais ni le jeu, ni pourquoi ça s‘appelle les barreaux verts. Je deviendrai un habitué…
Je n’ai pas su voir le Ghetto, peut-être vers le canal ?
A suivre: "les artistes font le mur"