Comment peindre un oiseau dans sa cage?
La cage est toujours ouverte au Pré Besson.
Je ne me rappelle plus du poème de Prévert, je me rappelle bien du comédien qui disait si bien le poème, c'était Jean Marc Tennberg. La dernière fois que j'ai assisté à un de ses récitals, c'était à la Mutu dans les années 70-71. Quand il eut fini son spectacle, une centaine de gus était restée là, à l'applaudir, alors il rajoutait un poème, le silence se faisait d'un coup, les images nous imprégnaient, quand son œil se relevait légèrement moqueur ou rêveur, que l'arrondit de sa bouche se tordait doucement vers les cintres, le poème était fini. La lumière restait, le temps qu'on sorte de notre mélancolie, qu'on réagisse à nouveau, il redevenait présent au milieu de nous. On applaudissait vivement, mais sans tapage. Nos visages rayonnaient, tendus vers le conteur.
Il en retrouvait un, des fois quatre vers sans plus, et au premier mot on avait décollé, pour le rejoindre dans son rêve passionné. Quel régal !
Alors je n'aurais pas la prétention de t'illustrer le poème de Prévert, mais dans ce petit bourg pas loin de Champagney, il y a cette cage, il y a ces oiseaux qui entrent ou sortent, mais qui chantent. L'oiseau est là si bien qu'il fait lui-même le tableau. Rappelle-toi la fin du poème, « si l'oiseau ne chante pas, c'est mauvais signe », Ton vieux reflex ne les dérange pas, ils vivent. Cette étrange cage perchée sur ce tronc noué est leur salon. Pourtant j'ai vu le chat sauter pour rappeler aux étourneaux que le prédateur, c'est lui. Mais la magie du poème, comme dans le dessin animé de « titi et gros minet » le chat en sautant fait juste tomber la cage, les oiseaux s'en sortent toujours. Le patron remet la cage en place et aussitôt, mésanges, rouge gorges, moineaux, bouviers reprennent leur conversation et babillage, réinvestissent la cage.
Deux gros sapins et un tilleul tout près servent de base arrière, de repli quand le photographe intrus dérange la communauté. Il y a des boules de graisses gonflées aux céréales qui pendent dans les branches. Ils sont chez eux..
Dans le poème, il dit « observer un profond silence, attendre que l'oiseau entre dans la cage », « fermer doucement la porte avec un pinceau, puis effacer tous les barreaux »...
Me dis pas qu'il y a que le hasard ! Non ce poème raisonnait en moi quand j'ai fait les photos !!