« D'où elle vient cette eau ?
- Ben, du plafond...
- Où ça ?
- Ben, sous le vase d'expansion..
- Quoi, vous nous enquiquinez avec ça ? Vos prédécesseurs avaient simplement installé un bac à fleurs sous la fuite. Vous êtes vraiment, compliqué, vous faites des histoires pour rien. Si vous n'aimez pas l'eau, faut pas vous installer au dernier étage !!! »
Depuis des mois, les visites, les experts, les devis, puis un courrier qui te dit : « untel a été retenu, téléphone---, voir avec lui »
Premier appel, répondeur, puis un vendredi soir vers vingt et une heures, un appel. » Je suis mandaté par la société « untel », il paraît que vous avez de l'eau, je viens demain à huit heures »
Ce samedi matin tu accueilles, cet homme. Il a un quart d'heure, une feuille de travaux, mais non, il n'aime pas la lire, il préfère comprendre par lui-même. Pourquoi on a besoin de lui? Tu penses expliquer...Ah ! Mais les fenêtres sont neuves ! Oh ! la ! La ! Mais ils n'ont pas mis de goutte d'eau ! Et le joint plié sous la fenêtre c'était bien le modèle « machin » ?
- Monsieur, ça coule du plafond, ça suinte des murs depuis 24 ans, j'ai mis les fenêtres par désespoir, pour faire quelque chose, pour espérer que ça soit propre, enfin !
- Oh ! La ! La ! Vous n'auriez jamais du, ça complique tout ! Nous, on va venir avec un gros karcher pour décaper, alors vos fenêtres, hein ! Et puis nous, on refait les appuis, mais l'étanchéité ils n'auraient pas du la faire avant qu'on passe ! Nous, on décape, on repeint, mais l'étanchéité, il faudra qu'ils reviennent, c'est pas nous !
- Mais en quoi l'étanchéité des fenêtres ça complique les choses ?
- Vous vous rendez pas compte, c'est tout neuf et nous faut qu'on arrache tout, pour passer dessous !
Ton dos s'avachit d'un coup, tu regardes ton épouse, complètement désorienté, que dire ? « Quand commencez-vous ? »
« Oh ! La ! La ! Avec les ponts, les entreprises sont fermées, elles prennent pas les commandes, elles livrent pas ! »
« D'abord faut que je vérifie tout ! Où est mon cahier ? Zut mon crayon n'a plus de mine - tenez en voilà un - c'est pas simple ! Décidemment, non, ça peut pas se faire comme ça, nous, on ira
jamais là! Faut que je prenne des photos ! Zut ! J'ai laissé l'appareil dans la voiture ! Pourvu que je l'ai fermée à clé, parce que dans votre quartier ça craint ! »
Fin de l'acte et de la pièce ! Il reviendra fera des gesticulations, des photos, des mesures, puis disparaitra. Il devient d'un coup un zombie au téléphone : tu laisses un message pour savoir quand les travaux débutent, tu renouvelles l'appel, toujours sur messagerie : ai-je le bon numéro ? Tu appelles la société nommée sur l'ordre des travaux: oui, c'est nous, mais c'est M. A qui s'en occupe. Non ! On ne peut pas le joindre, il est sur un chantier. - Mais son portable ? - Avec des gens comme, vous il est bien obligé de le couper !
Donc, vendredi matin, un peu avant huit heures, je prends mon pain au boulanger. Deux jeunes, je dirais probablement portugais sont là, ils font provision de viennoiseries, hésitent entre les choix. J'attends. Mon café est chaud, mon pain est frais, téléphone puis interphone, c'est nous, on est envoyé par Mr A...Quand tu ouvres, c'est les jeunes vus chez le boulanger.
Le syndic t'avait donné la clé, tu donnes l'accès à la terrasse, et c'est toujours un émerveillement que de se retrouver sur le toit de Paris