Fin de balade dans les gorges de kakouetta.
N’aie pas peur ! Les gorges de Kakouetta n’ont rien de terrible. Rien à voir avec les gorges d’Ehujarre que tu recherchas naguère. Maintenant tout est maitrisé ; des casques
sont disponibles à l’entrée de la visite ? Le parcours n’est pas seulement balisé, mais bien encadré par des barrières et des filins forts.
C’est ton deuxième passage dans ces gorges. Il y en a d’autres où tu es passé une dizaine de fois. Mais ce jour n’est ni un jour de souvenir, de performance, de découverte. Rien, juste une de ces courtes journées que tu passes avec tes enfants. Enfin, ces enfants là sont des adultes, ils ont leur vie bien tracée par le profond sillon qu’ils ont imprimé dans leur espace-temps. Ils savent que quel que soit leur horizon, ils te retrouveront, balise intemporelle de leur univers en expansion. Plus ils s’éloignent, plus ils regardent ce petit point de leur enfance, de leur naissance, avant qu’il disparaisse et se retrouvent sans attache. Ou plutôt avec leur propre dynamique, leur seule énergie.
Quand ton fils te dit : « attention papa, ça glisse », tu entends ces mots de préparation de ces petits êtres à qui tu voulais faire découvrir la beauté de ces espaces naturels, sans les confronter brutalement à la dureté des réalités de la vie quotidienne, à commencer par ces pierres lisses rendues glissantes par la pluie. Attention avant de traverser, attention à tes affaires, attention, attention !
Combien de fois as-tu dit « attention » à tes enfants ?
Ils te paraissent si grands, si surs d’eux.
Comment cette prévenance ne les a-t-elle pas empêcher de grandir, d’être eux. Quelle peur, appréhension, t’ont si longtemps habité qui auraient pu freiner leur élan naturel, leur envie de découvrir seul ? Leur trajet est lancé, non vers une étoile merveilleuse, mais dans l’approfondissement de leur autonomie; ces envies qui vont projeter leur imaginaire si loin du tien, que les racines qu’ils vont y planter te paraitront déraciner ton cœur. Ils ont besoin d’une autre vitalité, d’une autre énergie, qu’ils produiront eux-mêmes. Tu n’es plus « la centrale ».
Cette ballade ferme donc un cycle, en ouvre un autre. Comment t’y retrouves-tu ?