15 février 2005
Prise de tête sur la piste de l’Ourcq
Dimanche matin 9 h 00, le vélo est prêt. Le vent est fort, il fait plutôt froid. Après une hésitation, j'y vais. Le passe-montagne enfilé, le casque à la main, les chaussettes de montagne, tout
est "GO". Un blouson pour la pluie, au cas où dans le sac à dos.
Ça fait un mois que je n'ai pas pédalé, en fait, depuis mon épaule esquintée en voulant faire des pompes. Est-ce les gants épais, le col remonté du blouson ? Bref j'ai un mal fou à fermer la
boucle du casque, je me sens comprimé. Sûrement le passe-montagne que j'ai mis contre le froid, mais il parait tout fin...
Avant la Villette, j'avais eu déjà plusieurs fois du mal à tourner la tête, les carrefours sont passés en aveugle. Comment pouvais-je être aussi raide ? Petite inquiétude.
Bon, j'avais un peu le nez qui coule, mais quand même... Au moment de déglutir la salive qui m'encombre la bouche, un voile noir me tombe sur les yeux. Syncope ? J'ai mis deux secondes à
comprendre que ma glotte avait tiré la sangle du casque qui s'était rabattu sur les yeux. C'est pas possible que j'ai la tête qui enfle comme ça ???
Orgueil démesuré ou céphalée carabinée ?
Bon, Bon, je roule...
Je pense à la blague de Toto qui revient de l’école et se plaint à son père:
"papa, y disent tous que j'ai une grosse tête !"
"C’est rien mon petit, prend ta casquette et va chercher 5 Kg de pommes de terre".
Tout en pédalant vers Bobigny, je rentre les épaules à cause du vent: ça grince! J'ai la tête qui grince!! Comme si elle gonflait et se coinçait sous le casque!!!
Merde, c'est pas un petit rhume, qui peut coincer comme ça.
Je commence à m'écouter la tête, ça bouillonne de la cafetière... l'angoisse sourde.
Sous les pavés du pont de Bondy ça craque, j'ai la tête qui craque!!!
Je sens la panique venir, faut réfléchir:
Hier soir j'ai eu une longue série d'éternuements qui ont affolé les sismologues du monde entier. Ils se sont réunis en catastrophe à la Réunion. Ce matin à la radio, ils donnaient leur avis
nauséeux. Ces craquements, c'était peut-être un tsunami, parti des fausses nasales, amplifié par les humeurs des sinus, provoquant une immense vague liquide céphalo- rachidien se brisant sur les
plages de l'oreille interne. Je remuais la tête avec prudence, toujours autant de souffrance. Les pavés passés tout semblait calme et j'entendais bien le vent.
Pourtant, ça craquait de plus en plus !
L’angoisse redoublait, j'étais sur, j'avais pris mes pilules pour la tension. Encore plus Inquiet je me rappelais précisément :
J'avais éternué, un peu comme la Soufrière avait lancé au ciel ses colonnes de gaz sulfureux, avant finalement d'exploser et de voir son sommet pulvérisé dans les cieux sombres.
Mais j'avais mon casque, et la pression des gaz grippaux ne pourraient m'éparpiller les os du crâne, comme un vulgaire volcan et sa nuée ardente.
Du coup, je voyais la Soufrière avec mon casque sur le cratère!
Je me marais en me demandant - par où passer la sangle - quand une bourrasque rageuse et glacée me fit zigzaguer.
La grêle ?
La terreur, soudain!!!
L'image foudroyante:
En accéléré je revoyais tout d'un coup nos jeux de gosse quand nous mettions les pétards sous de vieilles boites de conserve. La hauteur où ça montait!!!
Tétanisé, je bloque les freins d’une crispation des mains, éparpillant mes suiveurs, sous les invectives, au hasard des contre-allées.
Je hurle:
-"ils ont allumé la mèche! Ça va sauter!!!"
Combien de temps me reste-il ?
Cinq secondes ? Quatre ??
Le vélo tombe au milieu de la piste; Mes doigts gourds s'énervent sur la boucle... Deux secondes... La sangle lâche et dans un geste désespéré j'arrache le casque... une...
rien...
Petit choc sur l'épaule et tintement métallique sur le macadam!!!!
Goupille ????
Rien...
La peur me lâche doucement, je baisse la tête encore raide, j’essaye de voir, et stupéfait je contemple mes deux clés Allen pour régler ma selle et le guidon. J'avais du les ranger dans mon
casque... Ouf!
Pour le vélo, le casque est léger. A l'armée on avait un casque lourd, et le "margis" criait "enfoncer vous bien ça dans la tête»
C'est fou!
L'ABUS DU CASQUE EST DANGEREUX POUR LA SANTE
En plus de mon incapacité à remettre en état mon blog perturbé par le changement de version (ils préconisent de se faire un site de test), voilà que mon PC est à l’hosto
rue de Charenton depuis quatre jours. Je vous ai mis un petit souvenir de ballade d’il y a deux ans, avant "l’ablogrj".
___________________________________________________________________________