18 mai 2009 1 18 /05 /mai /2009 21:48

Aiguèze au bout des gorges de l'Ardèche, st Maurice d'Ibie.

Deux coups de coeur, vrai,  il faut un gros coeur pour le vieux VTTiste!

 

- De ce gite en 2007 à St Paulet de Caisson, t'as pu revisiter ce coin d'Ardèche qui apparemment t'avait tant frustré en 2002. Mais quand on regarde ta vidéo de 2002 dans la vallée de l'Ibie on ne sent pas que tu avais une revanche à prendre ?

-         La revanche, c'est pas contre le pays, même pas contre le vélo, non ! La méforme, la méconnaissance de cette région. En 2002, c'est mon premier passage, et là, je suis saisi par les contrastes. Rien de comparable entre Aubenas, austère, qui vers le nord t'envoie vers les sources de la Loire, les châtaigneraies impossibles au flanc de vallées abruptes, au climat toujours moyen, je veux dire souvent mouillé, même en été, et les gorges ensoleillées des vallées de l'Ardèche. Non la revanche elle est contre moi, mon impréparation.

-         Alors, pourquoi ta vidéo sur la vallée de l'Ibie un quatorze août ?

-         Le coup de cœur. La vallée de l'Ibie et st Maurice d'Ibie, c'est une ballade finalement facile. Quand je revois ma vidéo j'y vois un lit de rivière à sec, et quelques retenues d'eau où s'amusent les enfants. J'y suis passé deux fois, une fois en voiture, une fois en bécane. C'est un coin merveilleux. Petit ! Mais un trésor de vie tranquille . Là, c'est le plein été. Tout est sec. Mais c'est un vrai paradis de calme de nature avec ce que tu imagine de sauvage. Dans le sens désert aride.


Cinq ans après, quand je fais depuis St Paulet de Caisson, la ballade en VTT  qui par les gorges de la Céze m'amène à Vallon Pont d'Arc, que je me promène en haut des gorges avant d'arriver à Aiguèze on est au mois de mai, je suis parti le matin de bonne heure, et il a fait un petit temps toute la journée. Ça m'a aidé à tenir sur la bécane. Tout de suite tu sens que le coin a l'habitude des touristes. Pas loin à St martin d'Ardèche t'as ce que tu veux en restaus. A st Maurice, il y a moins de choix. Je regardais du haut des belvédères les canoës descendre tranquillement. Aucun ne chavirait. J'avais été salement maladroit !



Je te montrerai d'autres images. L'Ardèche, plutôt le département est plus rugueux vers le nord, la vallée de l'Eyrieux. Entre Aubenas et Privas, c'est beau, mais pas gai, pas rieur.

Il y a plein de villages aux pierres magnifiques, où derrière quelques ruines restaurées, des piscines se chauffent au soleil.

Au bout du compte, cinq petits passages dans la région, cinq petits bonheurs,  une région faite pour les vieux VTTistes.

 

voir aussi: Mirabel

et aussi : Pont d'Arc

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15 mai 2009 5 15 /05 /mai /2009 16:13

L'Ardèche - Aubenas - Mirabel et sa tour.

T'avais découvert l'Ardèche depuis Aubenas. En 2002. Un gite plutôt confortable Perdu dans un coteau à trois kilomètres de Vesseaux. Un cul de sac, il fallait toujours passer par Vesseaux pour commencer ta ballade et prendre la route qui monte vers le col de l'Escrinet. Le matin, t'avais visité en  voiture le petit village de St Laurent sur Coiron. Une sorte de reconnaissance des lieux. T'aperçois au loin une tour noire qui domine le plateau du Coiron. Ta carte et le guide du routard te disent que c'est la tour qui domine Mirabel.

Tu rentres tranquille prendre ton vélo, bien sur ça monte rude plusieurs fois, sans parler des descentes aussi abruptes. Quand tu t élances, t'y crois. Quand tu prépares ton sac tu hésites, finalement tu remets dedans la paire de tennis. Les cales pieds automatiques des vélos de route ont cet inconvénient de te faire porter des chaussures rigides avec un sabot de fixation rigide sous la plante du pied. S'il faut marcher, impossible ! T'avais testé lors de deux crevaisons. Heureux réflex, car il y avait de belles marches !


Un peu après Auriol tu montes un peu à l'arraché le « Couguioulet », puis à Darbre il te reste 7 km d'une bonne petite cote.  Quand la cote fait trois ou  quatre km, çà va  à  peu près, mais là, à court de forme, elles font le double et viennent vite à bout de ta résistance.


Enfin, Mirabel est un régal des yeux ! Dans cette fin d'après midi d'août, faire le tour des falaises de basalte noir est un petit bonheur. Quel dépaysement !


Aujourd'hui, sept ans après, tu regrettes l'absence d'un appareil photo. Ton vieux Minolta était tombé en panne, et tu croyais qu'un petit caméscope léger moins de trois cent grammes allait faire le même usage. He ! Non ! Bien sur tu ne transportais plus dans tes randos les deux kilos d'objectifs ; là, ton petit caméscope te sert presque de bloc-notes. Mais les photos sont décevantes. C'était la techno de 98. Tout a changé.

T'avais fait trois cassettes cet été là entre le Béarn et l'Ardèche. T'as mis une journée à mettre la main dessus, hier, en y repensant. Sans doute tu ne les avais jamais regardées complètement. Même les étiquettes étaient incomplètes. L'aventure du blog te permet de les redécouvrir et de raviver ton plaisir d'Ardèche. Les premières images de la vallée de l'Ibie sont sur la cassette retrouvée. Ouf !

Tu sais, t'accuses les cotes dans ces paysages fantastiques. C'est vrai, mais aussi, pourquoi fallait-il que t'aies un compteur de vitesse, et dès que ça te paraissait trop lent te dresser sur les pédales pour relancer sans écouter ton cœur ? Parce que s'il cale une fois, t'est carbo pour la journée. Ça tu le comprendras difficilement, et grâce à ton VTT tu retrouveras le plaisir de redécouvrir lentement les paysages solitaires.

Voir ausssi: L'Ardèche de st Paulet de Caisson à Vallon Pont d'Arc

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11 mai 2009 1 11 /05 /mai /2009 16:12

L'Ardèche de st Paulet de Caisson à Vallon Pont d'Arc.


Quand ta petite femme te tend l'adresse du gîte, t'as du mal à comprendre où on va.  Un coup de « mappy » et te voilà soulagé. La vallée de l'Ardèche c'est tout bon pour ton VTT. Toi t'as une vieille revanche.

Le gite à  st Paulet s'est révélé agréable au début du mois de mai, et t'a permis de vraiment profiter de tous les spectacles de la vallée de l'Ardèche. Il y a encore de beaux coins que le vieux VTTiste a eu plaisir à découvrir.


Deux ans plutôt, tu te cassais les cuisses dans les côtes autour d'Aubenas, dans le col de l'Escrinet vers st Julien du Gua (t'avais amené ton vélo de route). Le gite était situé de telle sorte que soit en partant soit en revenant, il y avait 400m de dénivelé à se faire. Donc l'option 1, tu te carbonisais à froid, l'option 2, tu laissais ton dernier souffle dans une dernière montée épuisante. Des montagnes russes, tu grimpes et tu tombes, que des falaises !  Cela avait été ton premier contact avec l'Ardèche : que tu planifies quatre heures ou six heures de route, t'étais toujours piégé, tu devais rallonger d'une ou deux heures interminables. T'as beau aimer le vélo, le plaisir de l'effort, la griserie d'une jolie descente bien à fond, trop de cotes c'est trop dur !  T'avais pas imaginé non plus que même un sandwich, c'était compliqué, donc tu te ravitaillais avec des fruits de saison, dont les cageots  à l'ombre timide d'un soleil implacable avaient du mal à conserver la fraicheur. Dans ton sac à dos, les pêches et les bananes faisaient un joyeux coulis.

Au bout de trois jours tu balances le vélo aussi loin que tu peux, prends ta caisse, file en ville, il est à peine dix sept heures, tu commandes un pavé frites dans une brasserie face au château d'Aubenas, accompagné  d'un baron de 1664. T'es tellement raide sur la chaise que t'as que deux points d'appuis. Quand il te porte ton assiette, tu demandes au serveur s'il y a autre chose à faire que du vélo dans ces putains de cotes de m...

Interloqué, il te regarde, puis te dit : pourquoi vous n'allez pas un peu dans la vallée de l'Ibie, ou descendre l'Ardèche en canoë à Vallon Pont d'Arc. Tu sorts la carte. Bon, deux heures aller retour, tu avales comme ça vient et la bière bue, tu descends à Vallon Pont d'Arc. Les boutiques organisant la descente des gorges, il y a que ça. Tu attrapes deux trois prospectus et tu seras là le lendemain à 9 heures.


Tu pensais avoir bien choisi, mais en haute saison, les prospectus servent uniquement à rabattre les clients. Non, pour les personnes seules, il n'y a pas d'accompagnement. Vous avez déjà fait du canoë, ou plutôt du Kayak ? Une fois, mais pas dans des gorges. C'est bon, on est en basses eaux, il n'y a presque pas de courant, prenez le parcours 5 heures, pagayez ferme dans les rapides, ne vous laissez pas échouer sur les graviers, voilà votre plan, votre point d'arrivée. Mettez vos objets précieux, votre sac de change dans le tonneau, fermez bien. Prenez le 7 et allez-y !


Vas-y ! Aide-le !

Le bidon est rapidement passé sous une sangle. Une poussée robuste du gars qui t'a aidé et le courant t'emporte doucement. Le gilet de sauvetage te coince les bras, tu n'arrives pas à l'ajuster et ta pagaie te freine plus qu'elle ne t'entraine. Au premier rapide, marqué sur le plan « rapide de  Charlemagne », tu vois un petit regroupement, les canoës attendent prudemment devant le passage, puis en un ou deux coups de rames volontaires, ils prennent le courant, accélèrent et passent entre les rochers sans problème. T'entends rire malgré les grondements de l'eau. Tu passes aussi. Tu te dis que t'as le coup. Ta frustration est là, tu t'es à peine lancé que tu passes sous l'Arche de Pont d'Arc. Comme on t'a dit d'être au rendez-vous à l'heure, sinon le retour c'est le taxi, tu ne sais si tu peux t'arrêter. De toute façon l'appareil photo est resté dans ta caisse...

Deux trois fois encore tout ira bien. Tu te choisis une berge caillouteuse et chaude pour un petit casse croute de barres céréales. T'es vraiment en confiance. Sur le petit plan qu'on t'a remis, il reste deux « rapides techniques ».   Tu seras à temps au rendez-vous, finalement tu vas plus vite que l'horaire moyen prévu. C'est vrai aussi que tu ne fais pas de véritables haltes...

Il te reste les rapides de la « Toupine de Gournier » et tu auras fini ta ballade. Tu t'engages dans le premier  en confiance, là, le courant brutal te déséquilibre, tu vas pour t'appuyer sur la pagaie, mais trop tard. T'es dans l'eau, le courant t'emporte, le gilet te remonte, et tu vois ton canoë devant toi dans les calmes. Autour de toi ça rigole. Toi aussi du coup. Quelques brasses, tirer le canoë, rattraper la pagaie, prendre pied et te rassurer pour finir tranquille. La casquette est perdue, les lunettes ficelées sont tombées sur le cou. Tu regardes derrière, les autres passent, plus ou moins facile, juste de quoi crier un peu, pour libérer la petite frousse. T'as pas compris comment tu t'es retourné. Le petit plan avec les indications sur la façon de prendre les passages difficiles est aussi parti au fil de l'eau.

Tu te réinstalles et tu veux te lancer, mais non, tu touches le fond ! Tu dois entrer dans l'eau assez haut pour t'arracher à la berge et « sauter en marche ».  Maintenant te voilà craintif pour le dernier rapide.

Quand t'approches, tu remarques des gosses sur les rochers qui l'entourent ! Ils s'agitent, crient, font des signes.  Tu fais un premier rond prudent à une vingtaine de mètres, tu regardes ceux qui se lancent, plusieurs passent sous les hourras des gamins, mais certains se retournent dès avant le passage. Tu ne comprends pas pourquoi. T'hésites, t'en laisses passer encore un et tu y vas. Tu penses qu'il faut s'approcher par la gauche en évitant le courant devant le premier rocher. Comment t'y es-tu pris ? Le courant t'envoie droit dessus, t'enfonces la pagaie pour freiner, tu roules d'un coup, une fois, deux fois. Te voilà accroché au premier rocher, porté par ton gilet, tes jambes font semblant de nager. Le canoë est collé à l'autre rocher ventre en l'air, un tourbillon l'agite. Au-dessus, tous les gamins s'esclaffent et crient, le pouce en dessous. T'as bonne mine, la paroi est trop lisse pour t'agripper, tu ne peux traverser là, tu cherches le fond pour marcher. Grave erreur il y a autant de rochers sous la surface de l'eau  qu'au-dessus. Tu trébuches et t'écorches méchamment la jambe, un genou cogne salement et restera bleu jusqu'à la fin des vacances. En tombant, tu regretteras de ne pas avoir ton casque. C'est de la pierre partout. Finalement tu comprends qu'avec le gilet t'as meilleur temps de nager sur le dos. Tu  remets ton canoë dans le bon sens ; le tonneau est toujours attaché. Tu le hisses sur le bord et le traines comme tu peux dans les cailloux de la berge en contournant le rapide. En bas quelqu'un a récupéré la pagaie et te la tend. Tu ne ris plus.


Tu arrives au rendez-vous, avec de furieux élancements dans la jambe, le genou raide. Devant toi d'autres tirent leur embarcation en haut d'un talus de terre noire. Tu abandonnes la tienne comme ça.. Un jeune attrape la corde et t'interpelle, puis apercevant ton genou, il se ravise et te demande si ça va. Ca ira. T'as récupéré ton tonneau. Tu l'ouvres, il est plein d'eau : portefeuille, fringues, barres de céréales,  tout est trempé. Et zut! . Rien pour te sécher, te changer, et la camionnette du retour annoncée en retard. Les jeunes chargent les canoës sur les remorques, t'attends, t'en as marre...


Tu trouveras ton calme le lendemain dans la délicieuse vallée de l'Ibie.

 


N.B :  Les photos de Pont d'Arc sont du 14 mai 2007. entre neuf heures et dix heures le matin, pendant la ballade en VTT

 



 

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29 avril 2009 3 29 /04 /avril /2009 19:22

Pau. Fêtes et Jazz Folk.

 

C'est une ville un peu magique pour toi. Même si tu as finalement renoncé à t'y installer. T'as rêvé d'y être et le temps a usé ton rêve. T'as lu des bouquins, essayé d'en comprendre l'histoire, mais t'étais fasciné par la lumière unique que te renvoie le boulevard des Pyrénées, et tes promenades dans les coteaux de Jurançon.

La première fois où tu as approché les Pyrénées, c'est un été, par le Chemin  de la Mature, entre le Portalet et Urdos. Peut-on tomber amoureux d'un paysage ? Qu'il t'obsède, au point que tu ressentes le mauvais temps comme un caprice, qu'il devienne la seule cible de tes vacances de citadin ? Oui ! Et encore oui !

Tous mes repères ont changé en faisant cette année 72 le tour du pic du midi d'Ossau. Bien sur les locaux se moquaient sans déplaisir du parigot qui arrivait avec sa jeune femme pour profiter de l'automne sur les hauteurs d'Ayous. Nous sommes revenus et revenons chaque année.

Tes premières vacances choisies c'était pour le bord de la mer. La montagne tu la découvrais bien tard. Presque par hasard.  La vallée d'Ossau, tu l'as parcourue tant de fois depuis...

Et puis les genoux grincent, ils ne veulent plus articuler ta marche.

C'est là que tu acceptes le coté festif des vacances. Pour te faire plaisir, on t'avait offert des places pour l'arrivée du tour de France cycliste. Sur les photos de 2005 certains reconnaitront l'ancien maire, décédé depuis. Une figure, une personnalité !  Un peu plus tard ces fêtes du Béarn voulaient concurrencer celle de Dax ou de Bayonne. Pour moi, elles se complètent. Trois visages d'une tradition à régénérer ou maintenir. La vidéo donne un bon moment de musique ou locaux transitionnels, sous la tente des producteurs de vin de Jurançon, dialoguent chant contre saxo. Réminiscence du beau Ciel de Pau et de quelques accents de Jazz plus moderne.


Lire aussi : BOULEVARD DES PYRENEES

 

 

 


Jazz folk bearn
envoyé par albumrj

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27 avril 2009 1 27 /04 /avril /2009 16:52

Promenade le long des quais de l'Arsenal vers la Boudeuse.

Beau dimanche. Te voilà à la Bastille. Le port de l'Arsenal est saturé de bateaux, la plaisance ne connaît pas la crise. Sure les pelouses des jardins qui bordent les quais, la foule est dans l'herbe qui profite de ce premier soleil. La dernière écluse qui débouche sur la Seine, est un passage étroit pour les piétons qui se croisent avec politesse et précautions.

T'as le choix, aller vers notre Dame ou aller vers Bercy. Tu voulais revoir la Boudeuse.

Tu voulais visiter le trois mats, mais il faut un rendez-vous. T'avais amené ta petite femme croyant pouvoir y monter, faudra revenir. Donc ce dimanche là tu referas le tour. Passant des ponts d'Austerlitz à la passerelle Simone de Beauvoir.

Promenade sans attente où tu te surprendras à regarder les sculptures qui décorent les parcs et les squares. Deux vitesses de vie se dépassent et se croisent, les rapides en rollers ou trottinettes, les plus lentes gèrent mal au pied ou mal au dos. L'esplanade autour de la BNF est quasiment désert. Sur les quais les bateaux restau ou night club sont déserts ils attendent la nuit pour allumer les lumières et s'ouvrir aux chalands.


Voir Aussi: La Boudeuse au pont de Bercy

Et aussi : Entre Bercy et BNF

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22 avril 2009 3 22 /04 /avril /2009 12:09

Les chevreuils et les vanneaux d'Arancou.


Cet après-midi, tu mets avec précaution ton dos endolori au soleil du balcon. La chaise longue en toile dépliée, tu n'avais pas fait à manger, et tu t'étais organisé un petit pique nique  détente. Avant de te laisser aller à la sieste, tu éparpilles les miettes de pain et de chips. Tout de suite les oiseaux sont là. Pas le gros merle noir du matin, celui là, si tu ouvres la fenêtre il se sauve, non les moineaux citadins. Peur de rien. Une fois, je n'avais pas fini de nettoyer la nappe du déjeuner, ils étaient entrés finir les miettes. Quand tu t'approches de la porte-fenêtre, c'est la panique, tu leurs bloques le passage et ils se cognent à la fenêtre du couloir. Mais ils s'enfuient quand même.

Là ils s'agitent à moins d'un mètre, sautent dans le bac d'une plante et retournent attraper la miette invisible...

Le soleil te fait du bien. Dans l'incapacité de t'agiter trop, tu  feuillètes sur ton PC les images prises récemment et non traitées. Cet hiver, au Béarn, les oiseaux t'avaient occupé. Les ballades VTT pas trop longues à cause du froid et de la pluie, te laissaient des après midi de vacuité qui te propulsaient dehors.

C'est comme ça que, deux jours par des chemins différents, tu t'es retrouvé entre la côte de Poulony et le petit village d'Arancou. Dans ces journées de janvier glacées, tu ne croises personne. Ni camions, ni tracteurs, tu peux marcher en laissant ton attention captivée par ton regard et tes sons. Un jour tu prends le caméscope, un jour tu prends l'appareil photo. La lumière est toujours changeante. Tant par le ciel qui hésite entre un bleu un peu glacé et un gris pas trop plombé. Mais surtout, le soir tombe vite, et en quelques centaines de mètres, la colline te cache le soleil. Tu marches là, sur une des frontières pointillées entre le Béarn et le Pays Basque.

T'as première intention, c'était de filmer les oiseaux. C'est sur la vidéo que t'as reconnu les vanneaux. Ils sont si loin et si farouches, que tu ne les aperçois que de très loin. Et le petit plumet sur la tête tu ne l'identifieras qu'après. C'est en  suivant du regard  les vols qui te fuient et se posent plus loin dans un autre chaume de maïs que tu vois le petit croupion blanc d'un groupe de chevreuils. Tu les suis un peu, mais ils doivent bien connaître les chasseurs et quand tu t'engages dans leur direction ils cabriolent plus loin, hors de portée tant du fusil que du caméscope.

Tu repasseras en VTT et à pied, tu ne les reverras pas. Tant pis, c'est le soir sur les vanneaux que tu testeras ta visée.

Pour toi, la ballade est bonne, l'envie de saisir ces petites images te tire en avant, régénère ton besoin de revenir, d'éprouver les saisons. Sur ces hauteurs à contempler la fin du jour, c'était souvent l'occasion d'un long échange avec ton beau-père. La conversation sautait d'un sujet à l'autre, il avait pris un relais sans le savoir, celui de ton grand-père de Moffans. Le regard se perdait en même temps que les phrases s'allègent, avant qu'elles se suspendent laissant au vent le soin les conclure.

 

Voir aussi: les cormorans font leur Vel d'Hiv au lac de la Punte.

 

 

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28 mars 2009 6 28 /03 /mars /2009 11:48
Les Grands Moulins de Pantin reconstruits.


Ce matin tu regardes le compteur. Il y a eu plus de mille visiteurs pour le petit clip vidéo que t 'avais mis sur Daily motion, un instant dans les travaux de démolition des Grands Moulins de Pantin. T'avais mis le sujet en ligne pour quelques copains d'enfance qui connaissaient le coin. T'imaginais pas que deux ans après, plus de mille visites, surement amenées par Google, seraient pour toi comme la célébration émotionnelle d'un passé que la réhabilitation en cours va définitivement effacer. Tu peux me dire qu'il n'y a pas de quoi pavoiser, que les vrais bons clips font mille visites en une journée ou une heure...Vrai ! Mais ce qui fait le succès des outils comme les blogs, c'est que chacun peut s'en servir, et se satisfaire d'une fréquentation que tant d'autres qualifieraient d'insignifiante, mais pour toi, ça a un autre parfum, une autre saveur.

Alors ce vendredi 27 mars, tu remets tes chaussures de rando, charge l'appareil photo et tu vas refaire deux fois le tour, dans deux sens différents pour bien t'imprégner du lieu, des changements microscopiques ou majeurs. Oh ! Depuis un an peu de choses semblent avoir changé. Il y a moins de camions, moins d'engins de chantier, mais les petites grues mobiles qui hissent les parois de verre sont toujours au travail. Plusieurs façades sont achevées, ou la lumière triste filtrant entre les nuages, brille comme l'eau au fond d'un puits; ici et là, des panneaux manquent encore et mettent en évidence la complexité technique d'associer des matériaux modernes à des structures anciennes que la démolition n'a pas ménagées. Tu vois des plaies dans les vieilles briques qu'on ne paraît pas pressé de cicatriser. Pourtant, t'avais cru que l'achèvement était attendu pour l'automne.

Pendant les deux heures à regarder, tourner, essayer de te rappeler ce que tu avais déjà photographié, tu remarques aussi la fin du ballet des camions. Un seul camion passera la porte du chantier. Autre changement, la vieille rue coincée entre les rails et le site qui va jusqu'à la Villette est encombrée de petites camionnettes, des fois de simples fourgons. A peine une raison sociale sur un autocollant usé. Un gars devant, assis de travers presque penché, la portière ouverte, des papiers en pile, le portable, le sandwich, une jambe pend en dehors, le pied balance à peine. Le bruit des TGV , des voitures sur le pavé  et le vent glacé couvrent la voix.

Bien sur, les Grands Moulins de Pantin, c'était un site industriel, et la conservation de quelques vestiges rappellera le nom symbolique du lieu. Combien d'autres sont à l'abandon ou détruits ? La partie principale des bâtiments conservés te paraît maintenant étouffée par l'architecture des cubes en  verre, massive et lourde. Les vieux bâtiments se retrouvent  encerclés par un rempart de constructions neuves, comme certaines vieilles églises enclavées dans les buildings modernes de New York. Comme ça de loin, la transparence du verre te fait voir le ciel au travers les structures des fenêtres et terrasses, mais qu'en sera-t-il quand les bureaux paysagers (les redoutables « open space ») auront dressé leurs piles de classeurs cloisons ?

C'est quand tu regardes la tour de l'horloge (l'ancien réservoir d'eau) que tu ressens l'oppression de forteresse. La relation entre la tour et les nouveaux immeubles qui l'enserrent, n'est pas celle d'un donjon et des fortifications qui le consolident et le protègent. Au  fil des travaux elle avait été dégagée, et maintenant elle est prisonnière. Le ravalement de la brique qui lui redonne sa couleur jaune d'origine, lui enlève aussi la singulière sévérité altière acquise avec le temps. Elle n'a plus sa justification, sa légitimité; on lui reprend l'espace autour, comme un vieux cadre qu'on dépouille de ses responsabilités pour dégrader son expérience, dévitaliser son savoir-faire. Elle expie son appartenance à un autre temps.


Du coup la principale façade donne l'image d'un des premiers robots des années 90, rigides, une tête aveugle, des épaules massives de démolisseur, et la cheminée «Elis »  lui fait comme un bâton blanc de flic des années 50. Tu retrouves cette masse « terrifiante » que tu voyais du boulevard Ney quand tu allais au basket, enfant.


Il y a des lieux, des espaces, des arbres, des constructions que tu côtoies chaque jour, tu traverses, tu ne regardes rien, repères invisibles ils te dirigent; tu ne les vois pas ; pourtant ils  te rassurent: vieillissant avec toi, ils te donnent cette merveilleuse sensation du temps suspendu, d'éternité. Brutalement les palissades, les tronçonneuses, les bulldozers ou simplement la tempête te font ressentir que l'immortalité n'existe pas; si tu n'as pas profité de l'arbre, admiré sa forme, son feuillage, son ombre, respiré ses pollens, là, c'est fini. Quand la démolition fait tomber la façade, tu photographies déjà un mort; le mur écroulé dévoile des espaces cachés, des structures insoupçonnées, mais le lieu est mort. Il a emporté avec lui toute l'imagerie des vieux métiers, ensevelit les gestes rares, asséché la sueur de générations d'hommes.


Quand la cohorte « d'attachés case » migrera de la Défense, au poignet d'hommes  sans mémoire, simplement motorisés par les graphes en couleur de leur tableur Excel, tous de noir vêtus, comme le deuil de leur singularité d'individu, elle remontera le long des voies ferrées de la gare de l'Est, dans les  gravats abandonnés par les entrepreneurs d'un jour, traversera les derniers rails au milieu des pavés, et s'installera sous son globe de verre climatisé.

Bien sur le premier jour sera terrible. Métro porte de la Villette au lieu de la Défense, sur ta carte de visite ça tâche ! Face au beffroi de la vieille Mairie de Pantin, jamais ravalé, dont le clocheton apparaît minuscule et noire, comme un vieux chicon, quelques bistrots de quartier n'ont pas fait de projets pour les futurs arrivants: la nouvelle cité est organisée pour vivre en autarcie, elle se suffira à elle-même.

Tu ne vois aucun lieu se préparer pour profiter de la jeunesse qui va couler dans cette Bastille industrielle, ou plutôt gestionnaire. Aucune boutique où tu décharges ton stress dans un achat compulsif. Blockhaus de verre pour une vie  robotisée, repliée, concentrée pour la rentabilité du capital et la performance individuelle.


J'espère qu'une station de Vélib en libérera quelques-uns uns de leur captivité, de leur transhumance collective mécanique, pour un bref instant de vie et de rêverie dans la contemplation des lumières du canal de L'Ourcq ou à savourer les rafales de vent de ce printemps « gibouleux ».


J'ai mis dans l'album photos un choix des photos faites sur quatre ans de visite. Toujours en suivant l'inspiration du moment.

La vidéo qui a fêté ses mille visites date de 2007.

Revoir aussi :

2006 Les grands moulins de Pantin.

2007 Démolition des grands moulins de Pantin.

2008  Grands moulins de Pantin - La reconstruction.

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18 janvier 2009 7 18 /01 /janvier /2009 15:04

Les cormorans font leur Vel'd'Hiv au lac de la Punte.

 

T'as fait des photos de canards et c'était des cormorans. Le vieux VTTiste en bas de son vélo, il n'est pas malin. Quand le voisin t'entend parler de tes photos autour du lac de la Punte, il sait que ce se ne sont pas des canards. Quand tu lui expliques l'envol lourd avec près de vingt mètres d'élan avec les pates qui font des grands « splah » dans l'eau. Il sait.

Le prédateur du lac, c'est lui ! Non! c'est pas lui qui fait baisser le niveau des eaux ! Non ! On en attribue la responsabilité aux ragondins. Lui, il boulotte les poissons que l'association de pêche à bien du mal à voir grossir.

Depuis quand se sont-ils établis là ? On ne sait. Mais comme on ne peut les chasser, alors ils restent.

Donc ce premier vol que t'avais photographié il y a huit jours, c'est des cormorans ! Du coup tous les jours, des fois deux fois, tu refais le tour. L'appareil à la main. Il te reste du travail à faire pour bien utiliser le télé. Mais ces quelques photos résument le temps passé à les suivre.

D'abord quand t'arrives, t'es à peine en haut du chemin qui descend de la Tour au lac, que t'es repéré. En bas on s'agite, et les cormorans pêcheurs décollent dans un bruit saisissant. Long passage juste au raz de l'eau puis l'envol au niveau de la cime des arbres. Ils font au moins deux tours avant de disparaître au-dessus du petit bois entre les lacs.

C'est là que tu vois que t'es pas doué, tu sais où ils passent et repassent, pourtant tu n'as qu'une fraction de seconde pour déclencher. Ils vont vite. Si tu baisses la tête pour contrôler ta prise de vue, c'est fini, ils t'échappent...

Le soir ton œil s'accoutume à la pénombre, mais pas tes photos, si la vitesse devient trop lente, t'obtiens juste un pâté...

C'est pourquoi t'y retournes un début d'après midi. Ils sont là tranquilles dans les arbres. Tu peux te choisir une belle souche et te caler. Après la série tu préférerais qu'ils s'envolent. Mais il ne se passe rien. Tu décides de t'approcher. Il te faut faire un petit détour derrière un bosquet qui pousse dans une vase pas très avenante. Bien sur quand tu es concentré sur où poser tes baskets, ils s'envolent. Et c'est les pieds dans la boue que tu règles l'appareil et saisis le tour d'honneur de ces sprinters. Gamin, t'avais vu Darrigade, Anquetil et Rivière aux Six Jours du Vel d'Hiv. Tu les regardais plonger du haut des balustrades, se coucher dans le virage, s'arrondir dans la ligne droite et exploser sur la ligne d'arrivée.

 Ces grands oiseaux avaient du leur servir de modèle.

 

P.S: dans une première version j'avais oublié le lien vers les photos. Du coup le sujet n'avais plus de sens. Corrigé.

 

Tiens je te rajoute une petite musique:

Voir aussi: Les chevreuils et les vanneaux d'Arancou

 


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9 janvier 2009 5 09 /01 /janvier /2009 23:52


La neige te fait abandonner ton VTT pour la marche à pied !


Il est un peu plus de neuf heures et demie, mercredi, quand tu te lances sur ton VTT. T'as bien vu les petits flocons, mais dans la région, ils n'intimident personne. Et si ça ne va pas tu raccourcis ta ballade. La veille tu avais touché tes limites dans le vent et la grêle. Tu seras raisonnable. Tout de suite le vent de face, quand tu veux te ménager, tu penses au retour, et c'est mieux avec le vent. T'arrives sur le plateau, le vent te glace d'un coup, la neige se durcit et les petits flocons te piquent les yeux. Tu te dis : encore un kilomètre et tu prends le petit chemin qui te redescend vers la Bidouze. Le vent te lâche pas et t'as déjà les oreilles mordues. Même pas vingt minutes et déjà tu peines. La petite cote va te chauffer. Tu changes de couronne, et couic le pédalier se coince, tu rétropédales, le ressort de ton dérailleur s'étire, puis se bloque à son tour. Tes cales pieds ne se libèrent pas et tu te votes un petit atterrissage sur la hanche, au moment où tu te laisse tomber, le cale pied cède, ouf ! Tu râles après ta bécane. C'est vrai que t'a oublié de la laver, et le froid de la nuit a durci la boue. Le dérailleur avant est coincé. Tu te remets sur le bon plateau et tu fais demi-tour.

Rentré au village, tu ne t'imagines pas passer ta matinée à regarder tomber la neige. Tu mets tes tennis, un anorak et tu annonces : je ne peux pas rester enfermé, je vais faire le tour des lacs ; tu sorts l'appareil photo du sac à vélo, prends le téléobjectif, et t'y vas.


La neige tombe à fond sans prendre vraiment. Le lac est dans un creux. Il n'y a presque pas de vent. Il y a des grandes pâtures devant, mais pas de vent. Plusieurs fois, avec ton fils, t'avais essayé le cerf-volant, ça ne tenait jamais, parce que le vent passe plus haut. Du coup, tu peux faire ton tour tranquille, t'arrêter autant que tu le veux à regarder la lumière, les flocons qui te brouillent la vue, à guetter un improbable oiseau que tu ne sauras pas reconnaître.


Les aigrettes, elles, te connaissent bien ! A pied ou à vélo tu ne vois que leur dos. Impossible d'être à moins de cent mètres...Alors tu te cales sous un arbre et tu laisses aller ton regard vers les nuages cotonneux. Un battement d'ailes, tu shootes en rafale. T'es passé là cent fois, mais la magie des flocons, te resserre l'espace, le lac est plus lumineux que le ciel, les arbres sombres sont plus présents que la lumière qui les éclaire. C'est une nouvelle sensation pour toi. Chaque son est neuf, même si souvent entendu, sans attention. Là, tu te retournes, cherches, pressens, te fais surprendre. Cette petite marche que tu fais en moins d'une heure, aujourd'hui t'en mettras trois, parce que les flocons du lac t'ont nettoyé les yeux.

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4 janvier 2009 7 04 /01 /janvier /2009 22:39

le titre c'est boue boue.

Si  tu préfères gadoue gadoue...



Froid. Ciel gris. Il est plus de dix heures, ton VTT est rouge de colère.

-         « Quoi ? On a fait huit cents bornes, tu me plies en quatre dans ton coffre et c'est pour rester rouiller ! Non merci ! Il n'y a que là que je sens la terre. Le plus souvent tes ballades me piquent le cadre avec ton goudron fondu, j'ai les pneus qui gonflent au soleil, le long du canal de l'Ourcq, il y a plus de verre pilé que de sable ! Là, il n'y a personne, les tracteurs sont abandonnés par les paysans chasseurs ; les villages sont désertés par les habitants télétransportés. Même les camions sont en rupture de charge ! Et toi, tu pionces ! Tu fais comme si on avait le temps, comme si une heure de couette valait une heure de selle !

 Tu te prétends un vieux VTTiste, et tu calles dans ton lit plus facile que dans la cote ! Remue-toi un peu. Il t'en reste combien de ballades à faire ? »

-         « J'arrive, excuse-moi. Mais t'es le premier à me crier dessus, comme ça ! Des vélos j'en ai eu, mais me faire engueuler par une bécane qu'a pas deux ans, que je bichonne comme une pouliche ! Tiens, tu lui a demandé à la verte si je la lavais au jet ? Seize ans sans rien dire ! La boue je la cassais du bout des godasses. »

-         « N'empêche, elle avait fini par te mettre le dos en compote, mon pote ! »

-         « Tu crois que je suis plus à l'aise dans la cote avec tes amortisseurs mollassons ? T'as jamais grimpé les pentes de la verte, plus de seize cent mètres d'un coup ! Et la descente ! Hein ! Avec qui j'ai fait mon meilleur score, du 95 ! Avec toi jamais plus de 70 ! »

-         « Parce que c'est ma faute si Monsieur n'a plus ses jambes ! Et la tête ! Alouette ! Et le bec !»

-         « Bon, on change le programme, tu veux la merde, tu vas voir ! t'es une vraie garce, j'entends encore les grincements de la verte quand t'es arrivée dans la cave, que je l'ai poussée au fond. »

-         « Ouais, elle m'est retombée dessus à peine la porte fermée, dans un long raclement de ferraille elle me scie :  « Tiens la rousse, tu sens que j'ai encore des dents sur le plateau ! » Elle voulait m'écailler le vernis ! »




-         « Arrête de te plaindre et avance ! »

-         « Eh ! Me lâche pas comme ça, y a une bagnole, tu vas pas droit. »

-         « Avance je te dis, c'était le champ des aigrettes, elles s'envolent toujours quand j'arrive ; là, je les ai shootées en marche, on verra bien.

-         La route c'est la Bidouze après Bergouey, on va voir si t'es aussi rutilante dans la glaise des berges. »

-         « Tu as vu qu'à l'arrière j'ai plus de crampons, râle pas si ça glisse »



Le chemin est plus défoncé que tu ne l'imaginais. Faut dire qu'ils viennent de finir les maïs ; ils font ça maintenant avec des engins sur chenilles plus lourds qu'un char Leclerc. Peut être même qu'à Verdun, ils les avaient moins profondes leurs tranchées. Trop étroites ici, un poilu n'aurait pas tenu ; le vieux VTTiste est à la peine, c'est déjà dur d'avancer, mais quand les pédales s'enlisent à leur tour, tu te plantes raide.


Ta bécane se fait entendre : « t'es content de toi ! Tu m'as embourbé le pédalier, maintenant je coince de partout. Sors-moi  de là, même si tu dois  y laisser tes grolles. Moi, j'avance plus. »


Tu décroches ta fixation et envoie ta jambe aussi loin que tu peux, vers ce qui ressemble à  un talus. Tu tires la bécane qui se traine dans la boue et les feuilles décomposées. Tes pompes embarquent un kilo de glaise grisâtre. Tu remontes la pente, tapes tes pieds sur un coin herbeux et te relances. Le pédalier coince brusquement, t'as du actionner le levier dans la manœuvre. Nouvel arrêt. La Bidouze est la, quelques photos témoins de notre visite. Se préparer à remonter vers Came. Au bord de l'eau tu nettoies la mécanique, défait tes chaussures, enlèves la glaise de tes fixations avec un bout de branche ; petite vérif du dérailleur, tu vas en avoir besoin. Sur la carte, sans lunettes, les courbes de niveaux sont resserrées. T'as à peine commencé de grimper que tu ressens la réalité du terrain dans les cuisses. C'est pas le petit chemin dans la prairie, du décors en trompe l'œil pour opérette de quatre sous, faut juste te persuader que t'es heureux de grimper à l'aise...


Tu vois le haut de la bosse occupé par des chasseurs. Deux quatre-quatre immenses, tu penses que le paysan il garde la même sensation que sur son tracteur, sauf que ça bombe. Tu salues, ils te regardent comme au zoo, puis se détournent. La descente te projette au visage toute la boue accumulée sur les crampons. T'avais pas remis ton appareil dans le sac à dos, lui aussi se fait repeindre le capot. Heureusement que t'avais laissé le cache.


En bas de la descente, tu t'arrêtes pour ranger l'appareil. La bécane rouge reprend : « alors t'es content, on est crotté comme pas possible, et tout ça pour m'humilier ! On aurait pu faire la route des crêtes. »

Le vieux VTTiste repense alors aux matches de foot l'hiver, dans la boue des terrains de Bagatelle ; le lycée à Puteaux n'avait pas de salle de gym, alors deux fois par semaines on nous faisait patauger au prétexte  de foot ou de rugby, le VTT n'existait pas. Pas de douche chaude, tu te frictionnais à l'eau glacée, tu lavais à peine tes chaussures de peur qu'elles ne sèchent pas pour la prochaine fois.

 Quelles sensations cherchais-tu, ce matin, dans ces travers, ces glissades, ces efforts pour t'arracher de la boue sans poser le pied, lutter pour ton équilibre? Juste sentir que tu pouvais encore le faire ? Et quand tu pourras plus...


Bon, j'irai photographier les aigrettes avec un trépied pour pas bouger !



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