8 octobre 2009 4 08 /10 /octobre /2009 16:30

Les sources de la Bidouze (2)

Jour 2

Labastide Villefranche – St palais – Chapelle Soyarza- Harambeltz-Juxue- Uhart Mixe

 

Le temps que tu vérifies tout, il est passé dix heures quand tu te mets en route ce 5 septembre. Deux bouteilles d’eau, deux boites de barres de céréales, l’appareil photo, ton GPS de rando, les cartes, bref ! Tu es prêt.

C ‘est un peu une journée où tu vas te jauger. Tu as décidé de remonter le cours de la Bidouze au plus loin en n’utilisant pas les grandes routes et autant que possible les variantes du GR 65. Tu parts le plus directement vers Aïcirits où le GR t’emmène à saint Palais. T’étais  passé là il n’y a pas longtemps (voir la ballade Arbouet St Palais).

 

WP 60. 11h20 – saint Palais, le pont sur la Bidouze.

Là tu es quand même obligé de faire la photo depuis le pont. Tu ne veux pas prendre la D933 en direction de  Uhart Mixe, Mais tu ne comprendras pas bien les panneaux de direction près du cimetière, ce qui était la bonne route pour rejoindre la D302. Tu feras demi-tour pour quelques Km sur le grand axe.

WP 61 – 11h 50 – La Bidouze vers Etchebarnia.

Vers Larribar Soharpuru, tu rejoins la Bidouze avec le GR 65. une fois passé le pont, deux chemins se présentent, et là encore tu te trompes; t’arrives après une rude montée dans une cour de ferme, Uhalborda . Sur la carte le chemin traverse et continue. Là tout est fermé, et les chiens te dissuadent de passer les barbelés vers ce qui devait être le passage.

Quand tu reviens vers le pont, des randonneurs sont là qui font les chemins de Compostelle. Des Allemands. Ils te montrent le petit sentier d’où ils descendent et t’expliquent comme ils peuvent, que tu ne pourras pas passer avec le VTT.

Quand les pierres sont trop hautes, tu portes le vélo. Mais ça passe.

WP 62 stelle beneditenia 12 H 20.

Tu arrives donc tranquillement à la stèle Benediténia. D’autres randonneurs sont là qui cassent la croute à l’ombre. Tu repères le GR 65 qui gravit une colline dénudée, ça monte, la carte te dit plus de 280 m.

j'ai trouvé sur un guide ce matin 10/10/09 que ce carrefour est appelé carrefour de Gibraltar.

 

WP 65 Chapelle de Soyarza – 285 m.

Il est environs treize heures quand tu arrives à la chapelle. De la stèle à la chapelle le balisage donne pour les marcheurs à pied, deux heures . Ton VTT est magique, moins d’une demi-heure. T’arrives quand même plutôt essoufflé. Tenir une petite cadence, malgré les graviers qui te font perdre l’adhérence est couteux. Tu te reposes à l’ombre, au milieu des randonneurs du chemin de st Jacques. Tu sais que ça va descendre maintenant, le pied !

Petit coup d’œil à la table d’orientation. Il fait trop beau, on ne repère rien.

WP 67 église Harambeltz

Au pied de la descente du GR 65, tu rejoins une petite route qui te fait traverser le village d’Harambeltz. L’église est un hangar. Autour des machines agricoles.

WP 68 vers Juxue 14h.

Tu reprends la grand route jusqu’à un petit pont qui te relance vers Juxue. La Bidouze, n’est pas spectaculaire. Peu d’eau en ce mois de septembre. La montée vers Juxue est un peu casse-pattes. Tu sens la fatigue. Près de trois heures et demi de ballade, il faut rentrer. T’avais repéré vers Uhart-Mixe un restau une fois. Tu ne t’étais jamais arrêté, une pause et un casse-croute t’iraient bien.

 

WP 69 vers 15h Uhart Mixe

Quand tu arrives, ce que tu prenais pour un bistrot est en fait un gite d’étape pour les randonneurs du chemin de st Jacques. Des gens sont attablés, les grosses chaussures défaites, le vin rouge donne de l’ambiance. Tu cales ton VTT et demandes si on peut te faire un sandwich. L’homme qui t’accueille te propose un petit menu avec pipérade et salade. Banco !

Pendant que ton frichti se prépare, tu observes autour de toi. Là, juste à coté, deux couples plus de cinquante ans de moyenne. Les sacs sont ouverts, les cartes et les guides ont envahi la table. Ils demandent à l’homme qui me sert si leurs bagages sont arrivés ?

Non, mais ils arrivent toujours vers 15H, ça ne va pas tarder répond-il. Comme de juste, une petite kangoo s’arrête, une jeune femme en descend et extrait du coffre avec difficultés deux énormes valises à roulette. Sur, plus de 20 kg chacune. Les deux hommes se lèvent empoignent leurs bagages et les traineront avec peine dans le gravier de la place. Ils ont leur gite là !

Les chemins de st jacques tout confort !

J’ai fait un tour dans le village avant de repartir. Il y a un joli parc et un vieux « château » qui borde la Bidouze. Je te montrerai plus de photos prochainement sur Uhart Mixe.

J’ai retrouvé la vieille route vers St Palais qui me refait passer devant la stèle Beneditenia. Tu rentes tranquillement quand sur ta route à Camou, tu es attiré par un petit enclos fleuri. Tu t’engages dans la courette, tu photographies à tout va, les couleurs qui s’offrent à toi. Tu avances un peu plus et tu aperçois une mamie sous un grand tilleul dans un hamac qui profite de l’ombre, et de sa fraicheur. Tu t’excuses de l’avoir dérangée, lui expliquant que tu avais été stoppé par ses fleurs.

Plus de 17H quand tu seras de retour. Mais une vraie bonne journée de ballade. En forme.

 

 

Partager cet article
Repost0
1 octobre 2009 4 01 /10 /octobre /2009 21:30

Du pont de Hurquet au pont de Viellenave

puis vers Bergouey

A la recherche des sources de la Bidouze.(1)

 

Tu te doutes bien que ce n’est pas sous le pont de Hurquet que je vais trouver la source de la Bidouze. Cependant la carte te livre le trésor de sa connaissance. La Bidouze a bien une source dans la commune de St Just d’Ibarre.

Quelle importance ?

Aucune ! Le vieux VTTiste a besoin d’un parcours neuf. Le petit séjour dans le Gard lui a donné de l’envie. Sans un énorme entrainement, il se sent bien. La carte déployée lui découvre les noms des villages, les routes et GR, même les chemins de Compostelle. Presque tous partent de St Palais, et accompagnent de loin la grande route vers St Jean Pied de Port. Toi tu n'aimes que les petits chemins, même si ça grimpe, les bagnoles qui te caressent le guidon de leur rétroviseur, merci bien !

La Bidouze  t’a fait découvrir ses berges et ses villages de Bergouey à Guiche, au Bec du Gave. Sur internet tu lis qu’elle fait 82 km, donc en fractionnant ta ballade tu l’auras suivi tout du long. Ce sera ton thème de ballade pour ce cours séjour organisé au village. Tu repasseras souvent aux même endroits, mais pas dans les mêmes circonstances, à la même heure. Tu refais une photo, quand tu les tries, tu en trouves trois ou quatre identiques. Toujours cette interrogation, celle là sera peut être mieux? Quand t’es moins fatigué, tu t’appliques plus !

 

Alors ce premier petit tour, tu le fais rapidement un soir. Le matin, le traditionnel marché de Peyrehorade installe aussi une sorte de course contre la montre: le  stationnement ! Il n'y a pas de parcmètre, ni de place. Deux files compactes de voitures et camions sont immobilisés le long du gave. Un vrai siège! De temps en temps une vielle R5 ou une Mercédès rutilante coupent la route, se dégageant d'un terre-plein aussitôt assailli. Au milieu de ce mois de septembre, ce ne sont pas les touristes qui font nombre. Mais le marché est un poumon. Tu ne sais respirer sans lui. Tu remontes la grand-rue et te plantes devant le poissonnier. Toujours une vingtaine de personnes qui attendent, tu es surpris parfois par la quantité de poissons et coquillages que les gens emportent.  Pour  toi, juste de quoi faire chauffer la plancha à midi.

 

La sieste faite, deux petites heures de mises en jambe, en remontant depuis le pont de Hurquet, vers cette ferme traditionnelle, que ton premier passage en descente ne t’avait pas permis de bien observer. Tu poses ton vélo et profites du spectacle des poules dans la cour, sur le chemin, de l’appentis qui abrite un bric-à-brac dont l’inventaire seul serait une histoire. Il y a de la bouse un peu partout, l’autre jour tes crampons t’en avait bien arrosé. Personne de visible, tu entres dans la cour, fais deux photos, quand un énorme chien s’avance tranquille, l’as-tu réveillé ? Quelques pas seulement, puis un seul aboiement, d’un souffle, bien grave et sonore. Combien pèse-t-il ? Surement une trentaine de kilos. Alors que dans certains villages,  tous les petits cabots qui te mordent au talon te coursent sur plusieurs centaines de mètres, là, les quelques pas en reculant jusqu’à l’entrée de la cour, suffisent pour qu’il tourne la tête et se désintéresse de toi. Tant mieux ! Pas de photo du joli coq roux qui te rappelait celui de ta grand-mère.

 J’y trouve un charme fou à cette ferme, gamin quand j’allais au lait, l’entrée de l’étable était toujours un bousier épais. Quand tu arrivais trop top, le fermier n’avait pas commencé à traire, il te disait d’attendre dans un coin. Son tabouret, son seau, il s’y faisait tranquille. Puis il versait le lait sur le filtre en entonnoir au-dessus du grand bidon. Il décrochait du mur la mesure qu’il plongeait dans le bidon et te versait en deux fois ton litre de lait. Quand il te tend le bidon, il est chaud. T’enfonces, en tapotant,  le couvercle attaché à la poignée par sa chainette et rentres chez toi avec précaution. Ta grand-mère n’aimait pas que t’en boives un verre, comme ça, avant de l’avoir fait bouillir. Plus tard,  quand le crémier à Paris, n’a plus vendu de lait frais, qu’on s’est retrouvé avec les « tétra-briques », le goût n’était plus le même. Rien à faire pour m’y habituer, depuis je n’en bois plus.

 

Quand tu bascules de l’autre coté de la colline, tu rejoins la petite route qui longe la Bidouze, tu repasses au pont de Viellenave et suis presque à contrecœur le chemin récemment empierré. Les engins sont encore là. Bulldozer et tractopelle. « L’arme fatale » c’est eux. Plus loin un tracteur, pas un modèle récent, les outils dispersés autour. Surement une friche à labourer. Dans un coin cette étrange machine. Etrange pour moi bien sur ! Un semoir ? Je l’ai regardé sous bien des angles, pas seulement pour la photo, mais pour essayer de comprendre le rôle de ces pignons, et pourquoi deux selles à des hauteurs différentes ? Si tu sais, dis-le-moi.

 

Tu vois, pour un petit tour de rien parcouru plusieurs fois, encore une découverte. Tout le charme est là.

Demain en route pour Uhart-Mixe et Juxue !

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
31 août 2009 1 31 /08 /août /2009 19:41
L’orage.

 

25août 09

 

T’es arrivé au village la veille. Même avec le confort, les huit cents bornes commencent à peser. Tu t’y reprends à trois fois pour garer la caisse. Ces putains de progressifs te trompent de plusieurs dizaines de centimètres, alors que tu n’en as que vingt pour passer. La voisine a déposé sur la table des œufs, des tomates et des piments, ce soir, ce sera cool. Nuit agitée de tous les bruits de la route et surtout des fractions de secondes  où tout peut basculer. Pourquoi le camion se déporte, pourquoi celui-là te dépasse avant de freiner à mort pour prendre la sortie déjà dépassée ? Ouf ! Tu étais parti tard, et tes repères sont décalés, quand tu stoppes pour manger, tu réalises que tu ne t’étais jamais arrêté là. Qu’est-ce qui t’en avait protégé ? Ça te rappelle les restaus Borel des années 70, dégueu de chez dégueu et une baisse de tva pour la poche de l’actionnaire.

Le matin tu te lèves encore embrumé. Salut rapide à la boulangère, plus chaleureux pour les voisins qui te reconnaissent. Le temps se gâte, t’as tellement besoin d’un petit tour de vélo…Valise défaites, les courses faites, malgré la bruine tu prépares la bécane. Quelques pressions sur la bombe d’huile siliconée, vérif. des freins, taper sur les roues si elles tiennent bien. Moins de cent km en un mois, il est temps de te remettre en selle.

La bruine est stable ; ton pifomètre météo décide que ça tiendra. Et ça tiendra plus d’une heure. C’est la dernière demi-heuree qui t’a coulé.

Tu sais bien que t’as besoin de te ré-étalonner de temps en temps. Ou t’en es, qu’est-ce que tu vaux encore. T’as mal où ???

Quoi de plus sclérosant que les petits travaux d’intérieurs ? En haut de l’escabeau t’étires des grands coups de rouleaux, en bas tremper le pinceau, s’allonger pour les plinthes, rincer nettoyer. Toutes ces petites préparations à l’aménagement, tu les vis comme si tu façonnes un écrin pour un bijou rare. Le bijou est le bijou, mais l’écrin le valorise, dit ton intention, exprime le bonheur d’offrir. Cependant, ta vieille carcasse attend la saison pour  profiter, se régénérer. Ton vieux dos sent bien que dehors, il y a la vie, qu’il y a une lumière pas possible et que le vélo rouille dans sa cave obscure.

 

Ce coup là, ça y est, c’est top départ ! Tu remets en route ta machine à rêves, tu te désolidarises des rampants tu veux voler sur ton VTT  ailé! Bien lancé, si tu ne souffres pas, c’est ta combo-machine : Remonter le temps par l’accélérateur sensoriel du pédalier. Le massage rachidien par les vibrations du guidon dénoue ta nuque encombrée des raideurs du quotidien. Ton surpoids évacué par la selle ergonomique, tes cuisses revivent et cadencent les battements de ton cœur.

Le premier jour est toujours pour la route, pas de sentier qui te secoue ou te perd. Juste pédaler, retrouver le plaisir du rythme, relancer ta musique intérieure, redécouvrir la route si souvent parcourue, entendre la rengaine chuintante de tes pneus sur les divers revêtements, guetter le frottis de la chaine  qui s’assouplit plus ta force la tend, respirer à fond, pas seulement pour redéployer ta cage thoracique, mais pour t’emplir des odeurs de la route. Surtout ce matin où la bruine après trois semaines de chaleur intense exhale de la terre et des champs les parfums qui enivraient ton enfance. VIVRE ! Quoi !

 

Bien sur, tu peux penser que c’est un peu curieux de considérer que ton obsession de vivre, c’est de pédaler sur une route rabâchée. « Vivre » pour tellement d’êtres, c’est manger ! Travailler ! Excuses moi, avec l’âge, j’ai oublié les exclus, je ne pense qu’à mon propre ressenti.

Tu sais, cette année, je n’ai pas repris d’activité au centre social : l’alpha, les sans papiers, tu t’es mobilisé, mais pourquoi ? Vanité des barrages contre les flux migratoires, vanité des luttes  pour les droits des autres, vanité de ton engagement syndical. Aujourd’hui tu ressens l’usure. Comment se ressourcent-ils ceux qui passent leur vie en combats solidaires ? Quand t’as vingt ans, t’as forcément l’espoir que tu peux agir pour que quelque chose change, mais maintenant ta vie est derrière, tout a empiré. A quoi bon ? Pendant toutes ces années, t’avais une éthique, tu respectais chacun malgré ses faiblesses, tu animais un esprit collectif, tu parlais pédagogie, complémentarité, solidarité… les plus jeunes n’y comprenaient rien, pourquoi celui là qui ne savait pas faire ci ou ça, on ne le virait pas ?  Il était mou « le chef » ! Comme s’ils ne pouvaient se développer qu’en excluant les autres ! Pas un regard sur le problème, pas une attention à la difficulté, juste l’ukase : « il est naze, il nous plombe ! » Il n’imagine pas que c’est lui qui demain va plomber son groupe. Il croit que sa compétence est incontournable, alors qu’elle est simplement plus récente et guettée par l’obsolescence. Mais à ce moment, il est tellement sur de lui, qu’il est intrinsèquement co-auteur des délocalisations, car le travail à faible valeur, il n’en veut pas et il méprise ceux qui l’acceptent ! Il ne voit pas que sa compétence fragile est répliquée à des millions d’exemplaire par des « morts de faim ». Demain, il sera le gardien des friches industrielles des hautes technologies obsolètes.

 

Alors tu te dis que vivre c’est simplement pour toi, avec ta famille, tes amis, mais le 360° du regard des autres, c’est fini. Le vieux VTTiste est heureux sur son vélo, la tête est libérée de toutes ces vanités, son orgueil se résume à tourner les jambes, sentir les parfums, découvrir ce qui change au détour d’un chemin.

 

C’est un petit parcours pas trop vallonné, deux cotes, l’une au départ, l’autre vers la fin. Il te reste moins de quinze kilomètres. Rien de spécial. C’est là que l’orage te tombe dessus. Un mur d’eau. Tu redoutes la foudre, mais les roulements du tonnerre te paraissent loin. En une fraction de seconde tu ruisselles pire que sous la douche.  Des gouttes énormes qui claquent sur ton casque. La route est comme soufflée par les bulles d’eau qui explosent. Tes crampons ramènent au-dessus de ta tête un geyser qui dégouline entre tes omoplates. Pourtant, c'est un moment magique où les éléments te décapent, t'allègent de tes souvenirs inutiles, te recentrent sur toi. Depuis quand, tu n’as pas eu cette sensation ? T’as pas de K-way. T’as juste un petit maillot lâche qui te colle avec la pluie. Tu n’y croyais pas à cette averse. Les lunettes sont un problème, t’y vois à peine, mais elles te protègent. Quinze bornes ! Merde ! Faut muscler, sinon tu te noyes.  Quand tu décides d’appuyer et que ça suit, c’est là que tu te sens revivre. Un déluge comme celui-là, sur le vélo ? Sûr, vers soixante-deux ou trois. Un de ces étés qui n’en finissent pas de te cuire, de t’étouffer. Pas seulement de la chaleur, mais de l’ennui.  Comme ça sur le coup de cinq heures, t’avais pris ton vélo, t’échapper de tes grands-parents, quitter Moffans, foncer, foncer comme si tu ne pensais pas revenir. L’orage t’avait attrapé à Saulnot. Pourquoi t’étais là ? Parce que ton échappée suivait la route du car ! T’avais mis tellement de jus dans ta frénésie de partir, ton besoin de plier la bécane de toute la colère de ta vacuité, que tout d’un coup le retour devenait interminable. Le vent de face te cinglait. La pluie te hachait. Et la forêt te paraît maintenant redoutablement sombre. Huit heures. Ils vont s’inquiéter. Merde, j’ai plus de jambes…La pluie n’a pas lâché.  Tu rentres, il fait nuit. Tes grands-parents sont là, fébriles. Tu fonces droit, attrapes une serviette dans l’armoire, t’essuyes comme tu peux et grimpe en deux pas l’escalier au grenier pour la nuit; pas un mot, sinon : « oui ça va ! ». Il n’y a pas de douche; alors tu te ramasses dans la chambre.

 

Il te reste cinq kilomètres, tu sors de Caresse et te diriges vers le pont de fer qui traverse le Gave. Là ! Un éclair blanc de bombe atomique ! Tu fermes les yeux d’instinct. T’as pas le temps de respirer que le cri déchirant de la foudre te hérisse. Le tonnerre suit immédiatement. Tu te bloques avant le pont à une voie qu’une bagnole traine à franchir. Derrière le chauffeur de camionnette te crie de monter te mettre à l’abri. Ta fierté ne supporte pas, le pont est libre, tu fonceras jusqu’au village.


Partager cet article
Repost0
19 juillet 2009 7 19 /07 /juillet /2009 16:00

Le Pompidou - les Plantiers.

Ballades VTT dans la vallée Borgne.

 

Quand tu choisis un titre de sujet, t'essayes d'être original. Celui-là, personne te le prendra. Si tu fais une recherche avec Google ou n'importe quoi, t'es sur que comme ça trouvera rien, ça va te proposer autre chose. Tu fais ton petit sujet, tu sélectionnes tes photos, et tu testes. Des pages et des pages. Bon, t'es pas original ! T'es pas un défricheur ! Ils sont des milliers à être passés là. Et toi et toi ...ben t'es le dernier.

Tu t'es installé tranquille dans le gite de Gardoussel. T'étais pas pressé de partir. Trainer pour le petit dej, mettre les pneus à la pression, où trouver un casse-dalle pour le midi, qu'est-ce que tu mets dans le sac ? de l'eau, un K-way, un tee-shirt sec...T'aurais bien mangé et emmené quelques fruits, mais il n'y avait rien. Tu devrais trouver en route, tu ne sais pas trop où, mais il n'y a pas de raison, c'est pas dimanche.

La veille, t'avais fait un petit tour touristique en voiture, t'étais passé par Le Pompidou, st Jean du Gard, sur les bornes kilométriques t'avais bien vu les indications 1100m, 800m, etc, mais t'avais pas imprimé. En bagnole, tout est si simple...Tu déplies ta carte, sorts ton GPS de rando et là, tu vois que tu démarres à froid (si on peut dire vu la chaleur), et tu grimpes sûr, pendant plus d'une heure, 600m de dénivelé pour te caler le café ! Il est déjà un peu tard, t'arrivais pas à te mettre en route. Toujours ce dilemme entre le plaisir de profiter du moment et la  nécessité de te mobiliser pour l'effort, qui ne te produira son petit plaisir qu'au bout d'un peu de temps, et si tout va bien.

T'as décidé, tu veux faire le tour du GR de pays de la vallée Borgne, mais tu ne veux pas grimper dans la pierre pour débuter, tu vas le rattraper le GR, un peu après le Pompidou, au lieu dit de la Malataverne.

 Je vais pas te dire que j'ai monté tranquille ces six cent mètres. Mais ils sont passés de bon cœur. La route est peu fréquentée et je roule détendu. Quand j'ai voulu trouver l'entrée du GR, çà s'est compliqué. Il n'y a pas photo, le chemin doit prendre derrière cette maison, avant ce petit bois ! Tu te lances. Des herbes hautes jusqu'aux épaules, une trace jamais vraiment faite, et les petits repères jaunes du GR,  tu les cherches encore. Sur la butte tu t'agaces. On ne voit rien. C'est très boisé et les repères te manquent  T'as pas envie de te paumer dans un sentier mal balisé dès le premier jour,  de te crever à pousser le vélo dans des pentes improbables où l'herbe te planque les racines et les cailloux. Demi-tour.

Pour le vieux VTTiste, ça commence mal. Quand tu retrouves la départementale, tu souffles comme un bœuf. Pas plus d'un Km dans ce fourbi, et t'es déjà cramé.  Tu reprends la route de la corniche des Cévennes, il y a un chemin forestier qui recoupe le GR dans un peu plus de 5 km.

 Tu refais le point avec ton GPS. Y a pas, c'est là : « Propriété privée. Accès interdit ». T'imagines que ça ne concerne pas le VTTiste, cette affiche ? Mais les 4X4 noirs à vitres fumées au loin et les chiens derrière le grillage te font comprendre que si, quand même. !

Tout ça te fait perdre du temps. T'as rien à bequeter. T'as déjà vérifié que dans plein de coins, après 13h30 c'est jeûne, ramadan, traversée du désert.

Alors tu te laisses aller dans la descente jusqu'à st Roman de Tousque. T'aimes ces lentes descentes le long des bois sans trop de virages. Sur ta gauche des villages « Vallée française », là tu ne sais pas, on t'expliquera la résistance dans le Gard.

Rien à manger !

Tu t'es laissé aller dans un petit chemin raide qui devait te faire gagner du temps pour Saumane. Rien du tout ! Moins d'un Km, la trace se perd encore. Des rochers te secouent dans une pente impossible, pas de chemin visible, simplement l'idée que ça peut continuer ? Tu renonces encore. Ce premier jour, sans info autre que ta carte, t'es pas à l'aise. Le demi-tour est simple; c'est de remonter la pente qui t'use. Tomber d'un rocher c'est un problème d'équilibre, de suspension et de freins. Le remonter, c'est d'abord la pente puis les cuisses. Pied à terre, tu pousses !


T'entres dans Saumane. T'as laissé la route du col de L'Espinas que tu prendras après ton petit repas. Petit repas. Quand t'as près de quatre heures de pédalage dans jambes t'espérais un peu plus que poulet ratatouille, mais il n'y a que ça. Un verre de vin ? Oui un vin de pays du Gard si vous avez.

Il devait avoir, et depuis longtemps ! Depuis quand son cubi était éventé ? Seule la police scientifique pourrait savoir, et encore...A peine une gorgée, et tu sens bien que si t'en mets sur ton vélo, il va se dissoudre comme dans un bain d'acide. Effroyable ! T'oublies, vides la carafe d'eau, réclames l'addition, et repars.


Cette route par le col de l'Espinas est bien, parce qu'elle te ramène vers St André de Valborgne sans  repasser sur tes pas. L'orage en décidera autrement. Sur le coup de trois heures, le « tonnerre de Brest » fait rouler ses coups de canon, et le ciel agité, se durcit et se déchire d'éclairs. Tu penses avoir un quart d'heure avant que ce soit trop dur ? Même pas...

Des gens sont là qui plient leur pique nique :

-         « Ça va péter ? »

-         « Avec ces nuages blancs sous les cumulus, là bas et ces éclairs ici, c'est parti pour la grêle, mettez. vous à l'abri ! »

-         « Basculer le col et aller à Tourgueille, c'est possible ? »

-         « Vous n'aurez pas le temps ! »


Sur la route du retour tu repères le Mas Boyer. Peinard entre deux averses t'y retourneras faire des photos, d'un coup de bagnole !


Seize heures quand tu poses ton VTT. Prends ta douche et te câble pour la suite du jour. T'es avide de pays !


A suivre: Rando VTT dans la vallée Borgne.

 

Partager cet article
Repost0
6 juillet 2009 1 06 /07 /juillet /2009 04:57
Chères fées,
je vous ai longtemps cherchées, je ne vous ai pas retrouvées, pourtant la cabanne du pêcheur est intacte. faudrait-il que je la taggue?
souvenir du pont de l'uniuon sur ce canal qui me fait tant rêver...



relire si tu n'as pas trop de souvenirs dans la tête: Yoeve, Yoeve ma bonne fée
Partager cet article
Repost0
4 juillet 2009 6 04 /07 /juillet /2009 04:44
Ah! ces ballades le long du canal entre la Villette et  le pont de  c'est comme un tour du monde...
Repasse par la vache bleue ou les barreaux verts
Partager cet article
Repost0
9 juin 2009 2 09 /06 /juin /2009 20:58

 La grande ballade.

-         Dis donc, ta grande ballade, elle sent un peu le réchauffé : Orègue, Isturits, Labastide Clairence, c'est pas du neuf ! Combien de fois tu l'as déjà fait ce tour là ?

-         Tu sais bien que souvent le réchauffé te révèle des saveurs auxquelles tu n'avais pas prêté attention la première fois. Et puis là, j'avais le bon appareil, même s'il me manquait le télé pour les vautours ! De plus, en juin, je n'y étais jamais passé !

-         Je vois ta carte sur Google Earth, t'as fait plus de route que de chemin de terre.

-         Bien sur, comme souvent ; mais partir du village et n'avoir pas de bitume, c'est impossible. L'avantage du VTT, c'est que tu peux aussi bien rouler sur une route que te lâcher dans un chemin. Ça serait un comble de commencer la ballade par une heure de bagnole !

-         C'est pour çà que tu repasses aux même endroits ?

-         Pas seulement ! Le plaisir de la ballade est aussi dans ton regard sur ce qui a changé. Reconnaître le coin, ressentir les différences, rester affuté, aux aguets !  Et puis tu as tes propres sensations physiques, le cœur, la respiration, les muscles. L'ensemble,  lumière, paysage, plus ou moins beau temps, ta forme ou ta fatigue, ton envie ou ta lassitude, ton rêve ou ta résignation mobilisent tes sens de mille façons. C'est jamais pareil.

-         Eh ! Six heures plus ou moins sur ta selle, plus de 1600 mètres de dénivelé cumulé, avec les averses de l'orage qui arrivait, me racontes pas que t'as eu du plaisir !

-         Tu te goures ! D'abord tiens, l'inattendu. J'avais déjà fait un sujet sur la « bergerie basque », l'occasion est bonne pour moi de repasser. Bien avant que j'y sois, mon regard est attiré par un, puis une petite dizaine de vautours qui tournoient au-dessus de la colline, et se laissent tomber dans un creux. Tu t'arrêtes, fais deux trois photos, car ces deux dernières années, tu ne les avais pas vus. Et là, au loin, tu vois un arbre sans feuillage, avec de grosses taches marron sur les branches. Au lieu de remettre l'appareil dans le sac à dos, tu le gardes à la main. Ça monte encore un peu, pas facile de tenir le guidon, mais tu sens qu'il va y avoir quelque chose à photographier. T'es pas encore au sommet que tu reconnais la bergerie et la cabane en ruine, tu sais où c'est ! Tu bloques l'appareil sous la courroie du sac et tu y vas de bon cœur. Tu retrouves le chemin creux et te laisses descendre. A deux cent mètres une barrière. Tu lâches ta bécane, et avances tranquille en prenant une photo tous les dix pas. T'en as une ou deux qui te font plaisir. Voilà, ta ballade est réussie ! Pourtant ce n'est que le début !


-         Mais quand même, tous ces efforts pour une photo de vautours banale ?

-         Tu trouves ? Non ! Au moment où je suis là, le paysage se recompose avec les oiseaux. Le ciel est nuageux, mais pas encore plombé, le vert du printemps est cru, t'as traversé les prairies fanées, les champs labourés, vu les premières tiges de maïs. Tout se recréée pour toi dans cet instant précis.  Et uniquement pout toi ! L'image  s'efface immédiatement, si tu fais demi-tour et repasse, pfuit! Plus rien ! Alors ta photo, elle est unique ! Elle te montre toi, dans ton plaisir (parfois ta douleur), dans ce petit  instant de ta vie insignifiant où tu es heureux de ce que tu reçois ! Ton regard réinvente tout, transporte les sensations dans le petit mécano de ta mémoire, qui une fois encore se remet à tourner. Mille images à la seconde passent dans tes yeux pour un centième de seconde d'une photo.

-         T'as quand même été déçu de ne pas avoir ton télé !

-         Tiens, tu m'y fais penser. Si ça se trouve, j'aurais manqué de fraicheur, embarrassé à choisir le bon objectif, peut-être même, j'aurais mal contrôlé le bougé, avec le poids et l'excitation. Non tu ne me gâteras pas le plaisir !

-         Le reste tu aurais pu le voir en voiture ?

-         Si je ne peux plus rien voir qu'au travers un pare-brise, c'est que je serai déjà aveugle ! Il y faut plus que des yeux, pour voir, il faut engager tout ton être.

 

 

Partager cet article
Repost0
5 juin 2009 5 05 /06 /juin /2009 16:39

Le bois d'Arancou.

Quand tu attrapes ton vélo cette fin d'après midi, tu sens qu'il renâcle.

-         Quoi ? Bientôt cinq heures ! Ça m'étonnerait qu'on aille bien loin ! Qu'est ce qu'il me veut le vieux VTTiste, maintenant ? Là ?


Toi, tu ne peux pas toujours t'expliquer avec ton vélo. Surtout que cette bicyclette là, te paraît vraiment capricieuse, jamais d'accord avec toi, besoin d'indépendance, critique des choix d'itinéraire. T'as aimé son cadre de rousse, mais t'imaginais pas que ce soit si piquant. Tu vieillis, t'as l'impression de ne plus tout maitriser.

C'est vrai que tu préfères les ballades matinales, moins chaudes, qui te donnent à la fois une limite sur la durée de la ballade, en même temps que de la souplesse, si tes divagations te font louper le repas familial. En plus, depuis que tu es au village, il fait beau ; rare qu'à dix heures tu ne sois pas parti. Mais le vieux VTTiste a des contraintes fourragères que ne connaît pas le vélo. Le jour de marché, tu remplis ton cabas !

La lumière du matin est meilleure pour la photo. Sous ce ciel lumineux bien avant midi, le plus beau paysage devient plat, écrasé. Tu ne le vois plus, aveuglé par la lumière. Les photos sont saturées. T'as du mal, aujourd'hui à comparer avec les photos argentiques, Partout tes ciels étaient bleus, plus ou moins un sur le diaphragme, et quand tu trouvais tes diapos huit jours après ton retour, elles étaient comme tu les espérais. D'ailleurs, quand tu les scannes, tu ne fais presque pas de retouche sur la lumière ou le contraste. Mais avec le numérique, tu satures vite, et même deux diaphragmes de moins peuvent te laisser un ciel blanc. L'avantage par contre, c'est que les ombres sont plus fouillées. En vélo, t'as pas toujours envie de bidouiller les réglages, et ta moisson fait un peu « arrachée »...


Cependant, ce jour là, il ne fait pas trop chaud, tu es en forme, les ballades t'on fait plaisir, alors tu veux un petit « quatre-heures », sans difficultés, trouver un coin où tu n'es pas passé...

Quand tu t'élances vers Poulonis, le dérailleur saute une ou deux fois. Jamais tu ne démarres par là, une cote raide à moins d'un kilomètre, tu sais qu'ensuite tu n'iras pas loin. T'es tranquille, tu enroules en souplesse, et c'est pas le dérailleur qui va te gâter ta journée. La descente s'entraine jusqu'au  fronton d'Arancou. La Bidouze est juste derrière, le chemin est là, mais tu ne le prends pas, t'es passé top souvent là, tu veux du neuf. Un peut plus loin tu vires, te laisses descendre, abandonnes la dernière maison, traverses un grand pré en fiche. C'était pas de l'herbe ni du maïs qui poussaient là ! Tu fais la bordure, puis tu t'engages dans le bois.


Tu ne vas pas très loin, la futaie devient épaisse, des troncs cassés encombrent un passage à peine marqué. Tu bascules ta bécane par-dessus, mais tu ne fais que du « fractionné », branches, ronces hautes t'obligent à des contournement pédestres.  A un moment tu testes deux trois directions aucune ne semble vraiment mener quelque part. Pourtant là, il y a une trace ! Faut essayer.

La bicyclette rouge que tu projettes au-dessus des ronces commence à la trouver moins drôle. Même les cuisses du vieux VTTiste ressemblent à un gribouillage rouge. La ronce a de l'épine. Quand une branche s'engage dans la roue, la bécane stoppe : « - t'auras bonne mine si tu me pète un rayon, et que ma roue te fera la danse du voile. »

T'es d'accord. Tu la laisses et fais un grand tour pour trouver un passage. Il y a longtemps que le chemin n'apparaît plus, et au bout de dix minutes tu dois bien constater que tu n'es pas sur d'où tu viens.  Tu décides de remonter autant que tu peux en poussant la bécane, il s'en faut d'une bonne vingtaine de mètres pour que tu atteignes la lisière du bois. En fait un énorme talus de ronces, doublé par deux rangs de barbelé. Tu  ne passeras pas. T'es écorché de partout, pour rien !


Quand tu retrouves ta trace t'es simplement soulagé de te remettre en selle, c'était juste pour voir...A la friche, il est presque sept heures, un tracteur s'annonce, t'avais fait une photo de la friche vide, il s'arrête, le conducteur descend.

-         Je ne m'attendais pas à trouver quelqu'un ici ?

-         J'ai fait un mauvais pari, je croyais rejoindre la Bidouze.

-         Ah ! Fallait passer derrière le fronton d'Arancou !

-         Je sais. Dites, je me demande ce que vous avez à faucher ici. On dirait du bois !

-         C'est une jachère, les buissons ont poussé vite ; ils ont débroussaillé et je dois labourer, celui là et un autre, paraît-il derrière le bois, mais je n'ai pas trouvé le passage.


On se dit où on réside, il habite le même village, mais plus loin vers la route de st Palais. Si tu le croises, le reconnaîtras-tu ? Pas sur !

Pour sauver l'esprit de la ballade, tu files vers Viellenave. En plus des brulures des ronces, tu t'es fait bouffer par une araignée, le poignet enfle. Tu fais tes photos et tu rentres. T'as l'impression d'être mou alors que t'as pas fourni un effort considérable, quand tu descends, tu constates la crevaison, tu ranges le vélo qui râle qu'on le maltraite, tu verras demain...

 

Voir aussi: le gué sur la Bidouze

 

Partager cet article
Repost0
1 juin 2009 1 01 /06 /juin /2009 17:59

De Sauveterre de Béarn à la Pène de Mu.

Un peu de Gave, ça change de la Bidouze !

Beau temps ce matin, tout pour la ballade. Le vieux VTTiste a rempli son bidon d'eau et c'est à peine s'il peut suivre la bicyclette rouge qui l'entraine dans son bonheur de rouler. T'as peur de la fâcher en lui  demandant où elle va, tu te contentes de pédaler et de laisser le guidon te guider. Pourquoi faudrait-il que ce soit toujours toi qui choisisses ? Si les objets inanimés ont une âme, ce vélo cavaleur doit avoir une conscience ! On file !

C'est l'avantage de ces premiers beaux jours, t'es pas planté par le soleil. Mais la lumière du matin t'attire, et le vélo plus que toi. Pas de vent, encore assez frais, t'y vas pour du braquet, tu donnes du muscle, jouissif ! Le vélo te balance d'un coup dans le petit village d'Abitain, il n'aime pas la grand-route, même si ce lundi dit de Pentecôte, peu de monde circule. Tu te serais bien arrêté deux trois fois faire de photos, mais le vélo t'entraine dans sa course, il sait où il va, il veut y aller vite. T'as qu'à suivre. A Autevielle t'as compris que la route c'est Sauveterre, qu'il ne s'arrêtera pas avant le gave.

Un vélo renifle-t-il les traces comme un vieux chien ? C'est un parcours déjà fait des années plus tôt. Suivre le gave sous les remparts de Sauveterre. Aller aussi loin que tu peux. Le vélo a vite repéré le gamin avec son chien qui dévale à fonds et se perd dans les hautes herbes. Tu le rattrapes, lui demandes si ça continue loin ? « Pas trop ! Il y a une ferme qui bloque tout ! Juste un kilomètre. » La même déception se renouvelle. L'autre fois tu avais suivi en maugréant la petite route qui surplombe le gave en musardant et qui, par Lass, t'avait conduit jusqu'à Navarrenx. Le paysage y est très beau, mais les bagnoles y roulent vite et comme c'est étroit, que les conducteurs paniquent, ils te frôlent. T'aimes pas...

Tu finis ton  sentier du bord du gave jusqu'à la ferme. Tu attends que ton VTT se lasse de faucher les herbes hautes de son pédalier, et qu'il accepte le demi-tour. Il se cabre comme chaque fois qu'il faut rebrousser chemin. Un vélo c'est fier, ça ne veut pas revenir sur ses traces et ça cherche toujours à t'amener coute que coute vers un coin que t'avais pas parcouru. Surtout avec une autre bécane. Ce VTT là n'est pas docile, il sait ce que l'ancien n'a pas su me faire découvrir, il veut m'attacher à sa selle ! Petite négociation autour de quelques photos à faire, surtout que le point de vue te renvoie la lumière. L'église saint André et la tour sont astiquées de neuf par les restaurations, c'est un régal.

Le gave est plein. Il y a du débit et les rapides sont sonores. Juste en remontant, tu passes devant un vieux moulin, seul une aube en acier marque l'endroit.

L'entente se fait sur la Pène de Mu et le retour par Escos.

Beaucoup d'arrêts donc le long du gave, à choisir les objectifs et les angles. Devant l'écran je sabre, sur plus de soixante photos une quinzaine passera sur l'album.


Quand la bécane se remet en route, il y a la route des remparts à monter. T'aurais mieux fait de porter le vélo par l'escalier. En quelques dizaines de mètres le vélo ralentit et tes cuisses demandent grâce.  Tu repars tranquillement vers Oraas, récupères un peu et attaques la petite montée pour trouver le chemin vers la Pène de Mu. On avait du trop faire la fête hier. Une suée te prend, et ton casque goutte comme un parapluie sous l'orage. Les lunettes embuées, tu te sens aussi à l'aise qu'un scaphandrier qui aurait son tuyau d'air coincé ! T'es plombé ! A cent mètres du sommet, pied à terre. Puis tu reprends le sentier qui après une courte descente remonte par un sous-bois jusqu'au champ gardé par une statue de la vierge. Tu ne sais pas sur quoi elle veille, elle est tournée vers le bois et ne peut rien voir. Toi, à peine plus. T'avais laissé ton VTT en haut du champ et tu feras deux trois aller-retour pour trouver un peu d'espace pour ton objectif. Tu n'étais pas venu là depuis un certain temps  (c'était un lieu de ballade avec les enfants), la nouveauté : une énorme table d'orientation ! Elle te montre tout ce que la végétation t'empêche de voir.

Le petit bois et le sentier sont un piège pour vieux VTTiste. Les motos ont creusé des ornières profondes dans la glaise et la boue au fond te plante plusieurs fois. Deux trois branches basses d'arbres tombés t'obligent à des esquives qui te déséquilibrent. Tu es rejoint par deux enfants qui y vont de bon cœur et se lâchent dans un passage pour atteindre le vieux pont. La pente t'y fait  aller à pied. T'as plus la même insouciance.


Tu vois la différence avec le pont sur la Bidouze du GR près de St Palais : pas de garde corps grillagé pour les enfants, pas de passage aménagé avec un caillebotis. Or, la rouille par endroit libère des copeaux d'acier qui peuvent percer ou couper chaussures et vieux pneus.

Tu ne voudrais pas que ce vieux pont ferroviaire qui te permet de passer de Caresse à Escos soit interdit. Il te fait éviter un détour de 6 ou 7 km. Mais rendre ce chemin viable pour la ballade serait une vraie bonne idée.


Photos traditionnelles. Tu t'es baigné là, jeune, tu y as amené tes enfants. Mais le courant est tel ce matin que tu ne voudrais pas t'y trouver.

Les enfants repassent sur leurs VTT, ils sont chez eux au-dessus des remous et du bruit des rapides.

 

-----

voir aussi: la sieste au fond du jardin

Partager cet article
Repost0
29 mai 2009 5 29 /05 /mai /2009 22:12

Une journée de charme dans le Béarn.

La journée sans colère.

Il fait beau. Tu te lèves reposé. Tes premières journées de VTT t'ont donné confiance. T'as assez de jus. T'avais vu une vague indication d'un chemin de rando. Ce matin faut trouver et y aller. Tu prends ton appareil photo, hésites sur le zoom, mais c'est gros et lourd. Le petit-déj ce matin c'est dans le petit jardin, on dit « le parc » pour le grandir ! Il y avait des croissants à la boulangerie à 8h, un jour de semaine, t'étais ébahi. Bon ! En plus de la rando que tu sens bien, aujourd'hui ce sera un jour sans colère. Par précaution tes croissants, tu les remplis de confiture, même s'ils étaient bons, juste pour te donner du sucre pour la rando. T'as préparé l'eau chaude pour ta petite femme, tu ne sais prévoir si c'est thé ou tisane...

Les hirondelles sont déjà en piste, deux nids sont à proximité de ton bol de café, mais t'as confiance, il n'y aura pas de colère quoiqu'il se passe...

Hier de retour de ballade, tu t'es agacé parce que les arbustes montaient trop haut, jusqu'au toit du voisin, toi t'aimes pas les échelles, et couper une bignone à trois ou quatre mètres, c'est pas ton truc...

« Qu'est-ce que tu peux être acrimonieux ! Toujours en colère ! Tu ne peux pas profiter un peu de ces belles journées ? »

Comment ton regard s'est aiguisé comme ça, pour ne voir que ce qui te dérange, et ne pas profiter de l'instant ? T'es plus que vieux, le vieux VTTiste ! Comment disait Jacques Brel ? « vieux et c.. à la fois ! »

Tu ne t'es même pas fâché avec les gars d'Orange qui t'ont changé tes identifiants de connexion, bien sur, seul le SAV  savait...Tu lis dans le journal qu'un « malin » avait inventé un mot de passe raciste pour titiller un client, toi, rien que de découvrir qu'on avait remplacé « ay9z » par « 2uqw » t'avais des papillons dans les yeux.

Journée sans colère ?

Faut tenir !


Donc tu « acalifourchonnes » ton VTT, te lances dans un matin clair, sous un ciel bleu encore un peu dur, le soleil va te le faire briller bleu incandescent dans pas longtemps. T'étais déjà passé entre Camou et Arbouet depuis ton arrivée, il te faut un chemin vierge ! Il se présente un peu avant la départementale, tu le juges OK . Bien sur t'as pas de carte, t'es trop fort ! Tu connais tout !  Il est bien défoncé et te permet d'apprécier la qualité de tes suspensions, il monte sévère, en lisière d'un petit bois. Même si la grosse chaleur n'est pas là, grimper à l'ombre tranquille, avec une petite brise fraiche est un moment agréable. 


Pour ce troisième jour de vélo, malgré l'effort, tu réalises que depuis des mois, t'as pas de petit bobo, de douleur sournoise qui te coupent l'élan. Tu sens que tu peux appuyer et tu le feras de bon cœur. Tout baigne. T'as juste oublié de mettre en route ton GPS rando et tu ne repères pas que tranquillement ton chemin s'oriente à l'ouest. En haut de la colline, tu te lances comme un amoureux dans la descente caillouteuse, évites les chiens surpris de ton train d'enfer, arrives sur une grosse départementale. Au « stop » tu stoppes ! Droite gauche, t'es sur de toi, la route c'est celle de Sauveterre, pas d'Arbouet.

Tu sais qu'il te faut tout remonter, tu le feras depuis St Martin.

Quand t'es en forme, pas de rage, pas de colère...


Le chemin part de la sortie de Sussaute. GR 654. Un peu avant, tu t'es arrêté à Arbouet, tu y as fait tes photos traditionnelles du paysage. Le cadre, avec les Pyrénées derrière. Dont le pic d'Orhy. La tranchée toujours aussi compliquée à photographier, car le contraste entre la lumière du soleil et l'ombre profonde au fond des 40 m de tranchées, est impossible à maitriser. C'est toujours pas terrible. Mais tu te fais la photo à chaque passage...

Le chemin s'avérera bien balisé. Un peu frustrant au départ. Tu t'engages sur un chemin agricole qui aboutit dans une propriété privée. T'es obligé de rouler dans des traces en bordure d'une friche, t'as des herbes jusqu'aux épaules, et ici et là, les barbelés à l'abandon auront frisé ton casque. Même à pied c'est pas fun. Tu retrouves ensuite une petite route où tu ne croiseras personne, qui te dépose  à Suhast. Du haut tu vois la route que tu connais bien qui relie  Aicirits à st Palais. Le marquage du GR te fait tomber dessus. Mais tout de suite il te met sur une ancienne voie de chemin de fer. Combien de fois es-tu passé là sans rien voir ? Deux petits kilomètres seul, à profiter des bosses et des cuvettes laissées par l'arrachage des traverses, et le passage du vieux pont sur la Bidouze. Tu sais que je m'en suis fait ma rivière totem ! Le pont est si rouillé qu'ils ont mis un caillebotis dessus qu'on ne se blesse pas. Bien lancé, entre chaque planche ta roue tape et tu retrouves le tacatac des trains sur les rails. Régalade !

T'arrives à st Palais comme tu n'y es jamais venu ! Tu ne vas pas rentrer par le chemin habituel ? Faire le tour par Gabat ? Faut voir. Tu te trouvais en forme, tu vas le vérifier ! Un km et demi à 10%.  En haut tu vides ton bidon, manges tout ce qui te reste et te dis que oui, c'est un vrai beau jour.


Hier ton odomètre t'avait trouvé paresseux, beaucoup de pauses ! cette fois, il ne t'injurie pas, plus de huit cent mètres de dénivelés cumulés.


Rien pour te mettre en colère.

 

----

voir aussi: Le gué de la Bidouze

Partager cet article
Repost0

En balade sur L'AlblogRJ

Tags et Graffitis

 

Rechercher

esaai module

Esaai de texte libre dans le module

 

Autres Articles Du Thème

  • Le cœur de Paris depuis le Sacré Cœur.
    Le cœur de Paris depuis le Sacré Cœur. T'as maintenu ton blog en activé pour quelques semaines et voilà qu'on te propose de le mettre à jour dans la nouvelle version. Tu ne sais pas trop ce que ça va te couter en réparation. Mais banco, tu verras bien,...
  • Du 104 a la tour de Romainville.
    Images vues de la Tour du sacré cœur à Montmartre. Il y a deux mois je dis que je ferme le blog, et puis ce matin un nouveau sujet. Non, ce ne sont pas des mémoires d'outre tombe, mais pas loin. Donc, j'ai remis un peu de thune dans mon abonnement. On...
  • Tour Eiffel depuis le Sacré Coeur
    Bonne annné 2014. Tu ne pensais pas mettre un post pour le passage à l'année 2014. Ton blog va finir, tu n'en renouvelleras pas l'abonnement. Il faut dire que tu n'as plus l'esprit à la légèreté d'une bonne ballade en VTT. Depuis le Roussillon, où il...
  • Canal de l'Ourcq tranquille.
    C'était un beau dimanche tranquille. Tu étais sorti de bonne heure. Quand tu arrives au bassin de la Villette, les joggers toniques y vont de leurs foulées allongées. Il y en a même en short et bras nus. Quelle température ? Pas plus de 6 ou 7°. Les conditions...
  • Montmartre – Paysage d'automne.
    Le Sacré Cœur tour d'observation. Tu venais de passer une semaine difficile, il fallait te bouger pour retrouver un peu de dynamisme. Ta balade favorite te conduit naturellement, à pied, vers le canal de la Villette et le canal de l'Ourcq. T'as usé presque...