11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 22:26

 

Alors, tu bidouzes toujours à vélo ?

 Bergouey 2011 - 009

Le vieux VTTiste refait son sac. Il teste ses chambres à air, sa colle à rustine, se met les boudins à 3 bars, et s’élance.

Ouf ! Ouf !

L’hiver a été long. Le mal au dos part du cou, et te plombe le dos. Arthrose ! T’as plus mal quand tu ne fais rien que quand tu te bouges. Cet hiver moins de 400 km en trois mois. Ton dérailleur ressemble à un aiguillage de la SNCF mal graissé. A lui tout seul, il te bloque un TGV.

Dis, le vieux VTTiste, tu te prends pour le TGV ?

Oui, t’es un  Très Gros Vttiste !

C’est l’inaction qui rouille plus que l’usure, mais tu ne peux passer ta vie à pédaler. Il faut bien vivre !

T’as fait la route sous un soleil radieux, t’as bouffé du gazole pour ta clim, passé un jour à mettre le gîte en état de villégiature: Quand tu te lances, il fait gris et tu recevras en prime deux ondées. Pas des averses, non, rien qu’un mauvais rafraichissement, et des lunettes embrouillées.

Pour savoir où t’en es, tu choisis une bonne vraie cote, un peu des berges de la Bidouze entre caillasse et vieux trous boueux desséchés. Puis le retour en grimpant cette pente raide qui te renvoie à l’entrée de Bergouey.

T’es étonné de grimper normalement, pas usé. Alors après les photos au vieux pont entre Bergouey et Viellenave, tu te votes un petit rab, vers Biscay et Labets. Pourquoi en haut, tu vires à gauche plutôt que de continuer comme dab ? Tu ne le sais pas. T’arrives dans une cour d’exploitation agricole. Une femme, un homme sont là, qui t’invitent à remonter jusqu’au « château ». Tu fais pas cent mètres que le pneu couine. Crevé !

Bien sûr dès que tu poses le pied par terre une escouade de chiens accoure en aboyant. Tu dis,  d’une voix faussement tranquille : « bonjour les chiens, vous voulez réparer ma roue ? »

Tu vides ton sac préparé une heure plus tôt, choisis une chambre à air entre les deux de secours : la quatre rustines ou la trois rustines ? Elles ont un peu plus d’un an : sept crevaisons en un an. Là tu démarres la nouvelle année : champagne pour la une !

 

Les chiens t’agacent, tu laisses échapper deux fois les démonte-pneu. Quand tu insères la nouvelle chambre, les chiens se taisent. Un jeune garçon, pas plus de quatre ans s’approche. Le langage n’est pas assuré. Il a ses bottes, son anorak à la capuche rabattue.  « T’es un papa ? Drôle hein, drôle papa ? »

Bien sur dans ta combi noire et rouge, tu ressembles pas à l’instituteur.

« Salut ! oui je suis papa »

« Si t’es papa, je peux  bisou ? »

Il te montre sa joue de son doigt appuyé.

Tu poses ta roue, t’accroupis et le gamin trouve la place au coin de la joue derrière la courroie du casque, de te faire un petit bisou léger. Il se recule, te regarde de ses yeux arrondis, sourit et s’en va en quelques pas vers la ferme.

Les chiens sont couchés là.

Trois coups de pompe, tirer sur le pneu, faire le tour en malaxant bien, regonfler, et repartir.

Les chiens ne sont plus là.

 

T’as connu des circonstances plus sévères, tu vas relire  le "Petit Prince".

 

 

 

 

 

 

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2 avril 2011 6 02 /04 /avril /2011 07:51

 

Le Pont du Tramway T3 au dessus du canal de l'Ourcq.

Près des Grands Moulins de Pantin.

 

Etincelles canal de l Ourcq - 13Ce mercredi ta balade le long du canal était amère. Quand tu arrives au parc de la Bergère, les flics sont là qui te détournent et t'envoient dans un énorme flot de circulation, dans une banlieue que tu ne connais pas bien.

T'as pas tes lunettes. Çà t'arrive ! Il est à peine neuf heures, il fait beau, et la lumière dans l'appart t'a fait oublier les lunettes. T'as pas roulé deux kilomètres que tu reçois le vent, la douceur de la lumière en te disant : aujourd'hui c'est bon, tu te sens revivre, tu vas pouvoir te tester un peu. Au premier pont tu clignes un peu : zut, les lunettes !Etincelles canal de l Ourcq - 14

T'avais aussi supprimé le coupe vent, juste un maillot flottant, manche longue, mais l'air le traverse. T'es léger, le sac à dos avec juste une chambre à air, vraiment la petite rando printanière : pousser un peu les pédales dans chacune des montées, sentir le muscle !

« Faites le tour ! À droite, à gauche, rejoignez la nationale, sur le pont à gauche ! » Injonction directe ! Pas le choix ! Tu n'avais pas prévu les flics, même si tu te doutais bien qu'il viendraient là un jour.

Depuis que le temps et ta santé le permettent, tu VTTistes deux trois fois par semaine. Tu passes forcément devant le camp de Roms. Sur ce blog, j'ai depuis longtemps une attention pour eux. Il y avait eu cet hiver des espaces abandonnés. Mais depuis mars, le camp saturait. Les camionnettes municipales vidangeaient les sanisettes, ramassaient le gros des ordures, mais ça débordait vraiment. Une voiture de police passait là régulièrement. Vitres baissées, discussion avec certains hommes. Vers neuf heures d'habitude, quand il fait beau, les caravanes sont ouvertes, les matelas dehors, les couvertures sur un fil, les sacs de déchets sont traînés dans un coin. Des groupes se forment autour d'un caddy de supermarché et se mettent en route vers Paris. Tu les a croisés souvent dans ta rue ou autour du marché. Cet hiver, ta femme a donné des couvertures et de la nourriture aux enfants. C'est pas des voisins ! Non ! Mais on sait qu'ils vivent là, comme ils peuvent.

 

Etincelles canal de l Ourcq - 15Le détour est important. Les ruelles où tu passes gardent au sol la trace des caravanes. Ici et là, un tas d'objets hétéroclites, surmontés de vieux tapis ou moquettes. Tu n'étais jamais passé là, tu réalises que du monde, il y en avait. Tu ne voyais que la trentaine de caravanes proches de la piste cyclable. Le temps que tu rejoignes la route, tu comprends que du ménage a été fait. Au rond point avant le pont du tram, à Bondy, t'es dans la cohue provoquée par le rassemblement de tous ces cars de polices.

Tu ne verras qu'un photographe. Impossible de s'arrêter: des policiers tous les cinq mètres ; les klaxons des bus s’agacent d'un vieux VTTiste au ralenti qui ne sait pas où il va et le poussent en avant ! La petite femme au volant de son bus accordéon, baisse sa vitre et t'envoie quelques petits mots choisis. Pas des fleurs !

Sans tes lunettes t'as du mal à te situer, tu ne repères pas le pont du tram ! Bien sur il est cinq cents mètre plus loin que tu l'imaginais. Deux coups de pédales rageurs et te revoilà au bord du canal entre les péniches de sable.

T'as pas assez tourné tes bielles, tu ne fais pas demi-tour, tu continues.

 

T'as plus la même envie. Mais pour toi c'est important ce petit air frais du matin, t'as besoin de te remuer, alors, les Roms....La plupart avaient reçus un « OQTF » depuis l'hiver ; tu le savais. Ce qui se passe était prévisible, attendu. En tout cas pour la municipalité qui avait mis le terrain à disposition et organisé le minimum d’hygiène, c'est un mauvais coup. D'après le journal le « Monde », ils n'avaient pas demandé l'évacuation, ni prévenu...Etincelles canal de l Ourcq - 16

 

Faut bien se rentrer.

Tu décides de passer par l'autre rive, normalement non praticable. Mais t'avais roulé là il y a quelques semaines, pour des photos de vieux bâtiments. Faut juste éviter le verre et les vieux rails. Sauf que là, juste à l'entrée du trou noir d'un pont quelqu'un a posé une barre de fer à hauteur de tête.

Tu l'aperçois au dernier moment. T'esquives en couchant la bécane , tu te retrouves dans le mur, te repousses d'un coup d'épaule, et ça roule ! Ouf !

De l'autre coté le grand déménagement continue.

 

Jeudi, t'as plus la même envie. T'es à pied. Tu voulais revoir où t'as failli te planter. Mais des gros blocs de béton sur trois rangs, interdisent l'accès. Eux, tu les aurais vus. T'avais juste à passer dessus. Mais la barre c'est traître.

T'abandonnes.

Tu traverses Pantin.

Tu marches jusqu'à la tour du fort de Romainville d'où les antennes dominent les ondes. Changer ton point de vue sur le canal de l'Ourcq. Que voient ceux qui habitent derrière ? C'est là que ton vieil entrepôt, dont tu montres souvent les photos sur ton blog, apparaît sous son jour triste d'épave qui obscurcit l'horizon.

Retour.

En passant sous le nouveau pont pour le tramway T3, à coté des Grands Moulins de Pantin, ta curiosité te stoppe, regarder les soudeurs au travail. Les jaillissements d'étincelles te saisissent, t'es pas le seul !

Ce pont, ce nouveau tramway, c'est la ville neuve qui se construit.

Des étincelles de vie !

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26 mars 2011 6 26 /03 /mars /2011 09:19

Des Barreaux Verts à la Vache Bleue.

Rue de l'Ourcq et le canal.

 Rue de l'Ourcq - 06

Le quartier change. Ce n'est pas vraiment ton quartier, tu n'y vis pas. Pourtant tu passes là, plusieurs fois par semaine. A pied, sur ton VTT, parfois faire des achats  rue de Flandre. Depuis cinq ans ce quartier t'inspire. Le bistrot, « les barreaux verts » sur la rue de l'Ourcq qui surplombe le canal, t'en as fait le tour cent fois. Le pont de chemin de fer désaffecté relie l'usine de chauffage et les ateliers d'artistes de la "Vache Bleue" sous les voûtes du train.

Encore ce coin !

Non, tu ne tournes pas en rond !

Juste, t'exprimes ce que tu ressens de tout ce qui change. T'as des photos de murs tagués que tu vas proposer sur ce blog. Les effets de flammes , la présence d'armes sont sans ambiguïté. La force et la violence qu'elle implique, traduisent le désespoir que tout change, sauf la misère des exclus.

Dans le journal « le Monde » cette semaine une enquête, le déficit des clubs de foot. Pas seulement en France, mais partout en Europe. Des clubs en faillite virtuelle. Dans les actifs, il y a le montant des transferts des joueurs. Tous les jours quand tu cycles entre les friches industrielles qui bordent le canal de l'Ourcq, qu'est-ce qui exprime le témoignage de tous ces gens, ceux qui étaient le cœur des entreprises dans les années 60/70 ? Rien ! Ils n'ont jamais été un actif des entreprises, seulement un coût.

Qu'un club fasse faillite, et tu vas voir les subventions ! Amoral ! Comme les banques !

 

On rase les vieux bâtiments témoins de la culture ouvrière, on arrache les rails qui nourrissaient usines et entrepôts . Ne rien laisser. Arracher les racines !

Les baraques qui s'installent le long des talus du train ou et des grilles du métro, s'étendent maintenant sur plus d'un kilomètre.

Porte d'Auteuil, on construit à grands frais un stade pour remplacer le vieux « Jean Bouin », j'ai lu dans le journal : 200 millions d'euros. Tu ne vas pas me dire que pour 10% de ce montant on n'aurait pas pu aménager un espace de camping, avec des sanitaires, des douches pour les centaines de personnes qui vivent accrochées au talus du train. Quand la piste cyclable passe sous certains ponts, tu débusques par ton coup de pédale silencieux, des personnes faisant leurs besoins. Tu les paniques.

C'est trop compliqué de faire un détour. Tu passes malgré ta gène.

 

T'aimes le foot. C'est un jeu qui t'a fait des copains. T'es allé au "Parc des Princes", l'ancien avec sa piste de vitesse et le nouveau. Jusqu'à ce que tu t'en sentes chassé : par le prix des places, et l'ambiance nauséabonde. Tu t'es rabattu sur la télé, même sur « Canal ». Mais les hausses de "Canal" pour financer la démesure du foot, en même temps qu'on asphyxiait la télé publique, en lui supprimant ses moyens, t'ont dégoûté. T'as résilié.

 

La prochaine coupe d'Europe, (comme déjà, la dernière coupe du Monde) nécessite de refaire encore les stades.

Merde !

Qui reçoit les droits télé ? Sans les enceintes prestigieuses financés par nos impôts, le foot, le rugby ne pourraient pas vendre leur image télé. Les fameux championnats ne feraient vibrer personne. Fais jouer Ribéry sur un des terrains à Bagatelle où tous les jeunes s’entraînent dans la boue, dans la suffocation des gaz d 'échappement. Colle lui un maillot délavé et sans forme, comme on en a tous mis : personne ne lui trouvera rien de spécial. Un joueur du dimanche comme tant d'autres. C'est les lumières du stade qui font la renommée. Rien ne valide que l'argent public investit dans ces stades, contribue à l'enrichissement de quelques uns, compromettant sa mission première : permettre aux êtres de vivre dans la dignité.

 

Alors les murs sont des plaintes, des cris de révolte. Si le monde des nantis change, s'améliore, et que les laisser pour compte n'ont plus d'espoir, les cris peuvent devenir des revendications. Ça bouge partout !

Dans les mots simples affichés sur les murs, il y a « never forget the roots ». Pourquoi les racines du combat ouvrier sont elles oubliées ? Parce qu'on les détruit !

Sans elles, on les remplace par d'autres références identitaires.

Et la solidarité dans tout çà ?

Comme sur les Pyramides où le nouveau pharaon détruisait l'image de ses prédécesseurs, le mot est effacé systématiquement des mémoires.

Je ne sais pas comment se dit « dignité » en arabe . A l'évidence le sens des valeurs s'est replanté, générant de nouvelles racines.

 

 

 

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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 10:53

 

Le paysage qui change te change.

 

passionnés du canal de l' ourcq 20Quand tu ne vois plus la même chose, tu vois autre chose, ton œil est connecté sur ta conscience.

C'est une énorme frustration. Depuis le début du mois, t'as ressorti ton VTT, et tu te remets doucement en selle. La vieille carcasse se sent bousculée, parfois elle demande grâce. Mercredi, le matin tu sens que les préparatifs autour de la passerelle du T3 s'activent. De nouvelles interdictions de circuler t'obligent à quelques détours. Mais la voûte centrale du pont est toujours sur sa barge, et les soudeurs, peintres s'activent. C'est une journée VTT, tu fais ton parcours. Le long du canal des taggeurs sont à la tâche et renouvellent l'imagerie des palissades en brique.

L'après midi tu repasses à pied, avec ton appareil tu fais une cinquantaine de photos. Les kilomètres à pied s'ajoutant à ceux sur ton VTT, jeudi tu pantoufles. Grave erreur ! Vendredi le pont est posé, t'es frustré, tu n'as rien vu !

Ce vendredi matin,  l'appareil est dans le sac à dos. Frustré, pour frustré, tu ne t'arrêtes pas et continues ta course.

Juste après Pantin, il y a encore les vieux entrepôts de Bobigny. T'aperçois un joggeur sur la vieille passerelle. Ça t'interpelle ! Curieux tu montes l'escalier, qui te découvre la vieille porte arrachée. Le passage s'ouvre donc !

Ces vieux entrepôts, t'en a fait le tour plusieurs fois. Une grande partie du pourtour de l'entresol est bâché, des gens vivent là. Sous les abris des quais de chargement  Vers dix heures, le petit ménage est en cours. Tu ne photographies que les masses et les derniers tags. Cette rive du canal est encore une friche. De l'autre coté, l'espace des Grands Moulins au Technicentre est en pleine restructuration. Démolitions, reconstructions. Les péniches n'arrivent plus à fournir le sable des bétonnières. Les camions font leur rotations rapides. La poussière est là.

 

Immobile sur la passerelle, tu regardes ton paysage qui change. Tu n'avais même pas fait gaffe à l'usine à pavés. Comment c'est fabriqué un pavé, un trottoir ? Aucune idée. Les vieux pavés bosselés côtoient les bordures au granit poncé, sur-brillant. Il est probable que les vieux ont été recyclés.

Au retour tu t'arrêtes quand même au nouveau pont. C'est comme si on avait mis un gros coup de bombe sur ton paysage. Pendant toute la réhabilitation des Grands Moulins de Pantin, tu te disais que cela préservait aussi le témoignage de ceux qui avaient bossé là. Mais le pont, là, rature tout. Comme si tes verres de lunettes étaient brisés en deux. Tu ne peux réconcilier l'image. Tu regardes la longue cohorte des costumes noirs descendre résolument depuis la gare SNCF et s'engager entre les tourniquets de la banque. Se sont-ils seulement rendus compte. L'autre berge abrite pour longtemps les bétonneurs, et le parc de sports avec ses terrains en terre battue, recouverts de moquette verte a disparu pour longtemps. Ce nord-est de Paris est déjà tellement resserré. Où trouver un peu d'air, d'espace récréatif ?

 

Les vieilles palissades se couvrent donc de nouveaux messages. C'est ton prochain sujet. Mais pour dire quoi ? En tout cas, ce Canal de l'Ourcq réunit bien des passionnés.

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17 mars 2011 4 17 /03 /mars /2011 10:05

 

Du bassin de la Villette au canal de l'Ourcq,

les chantiers refont ton paysage.

 

chauffe la Villette12Jeune homme, tu regardais disparaître le décor où tu avais grandi entre Levallois et Puteaux. Coincé dans ton vieux bus à ne pouvoir respirer, la buée était essuyée par une main curieuse, et la vitre glauque te montrait les démolitions, puis la construction de la première grande tour, près du pont de Neuilly : Nobel. Je ne sais pas comment elle s'appelle aujourd’hui. Tu y as travaillé à la fin des années 60. Fallait traverser le pont à pied, ça décoiffait !

 

Le temps fait mine de s’adoucir, tu montes le VTT sur le balcon pour lui enlever sa gangue de boue et de ciment. Tu n'as plus 2 km sans poser le pied à terre. Entre la rénovation de la CPCU, le pont du Tram près des Grands Moulins de Pantin, la réfection des berges du Canal à Bobigny, ça usine de partout, et les engins n'ont pas un regard pour toi. Des déviations sont fléchées qui te renvoient derrière le décor de labeur. Tu slalomes entre les engins.

 

C'est au retour que tu observes la démolition d'un réservoir de vapeur. L'après midi tu repasses, et depuis la voie ferrée désaffectée, tu restes une petite heure à regarder la manœuvre. Quand l'homme s'approche de l'outil, tu mesures la taille de l’immense cisaille. Elle a du mal à recracher le long ruban qu'elle vient de découper. Elle possède un bec, en pince coupante, et de l'autre coté une découpeuse. T'es pas du bâtiment, tu découvres.

Sur le toit de l'immense réservoir un graffeur avait dessiné un homme tenant un corbeau par la patte. Il est tombé entraîné par le cisaillement de la base.

Redescendu des rails, tu refais le tour, comme lors de tes premiers sujets sur les murs où étaient inscrits « j'aime mon ghetto ». La façade de la CPCU est couverte de tags neufs d'un rouge agressif. Et le chant du Cygne sur la dernière grille.

chauffe la Villette02

Comme je m'arrêtais hier au bout de ma ballade vers Aulnay, deux jeunes filles d'une école d'architecture m'interviewent caméscope en main. Le vieux VTTiste soucieux de son image, ne se laisse pas filmer, mais il parle de sa nostalgie de ces paysages industriels qui se renouvellent.

Pour tant hommes, travailler et vivre étaient synonymes. Comment vivent tous les sans-travail qui construisent des baraquements en palettes de bois, le long du canal ?

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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 07:35

Au dessus du bassin de la Villette.

Fils de lumière au bassin de la Villette-13

Quelques fils de laines habilement tendus capturent la lumière.

T'étais venu pour le chantier de la CPCU sur le quai en face. T'aperçois des personnes qui se promènent sur le pont. Pas sur la passerelle piétonne, non, entre les rails. T'avais fait des photos du coin dans des sujets précédents ("J'aime mon Ghetto", "les Barreaux verts", " La vache bleue". Pas eu l'occasion de t'arrêter depuis. Ou plutôt, pressé de débuter ta rando de vieux VTTistes, ou fatigué à ton retour. Quand tu rentres ce mercredi, le bruit des engins te surprend, les barrières te font mettre pied çà terre. Tu vois le vieux ballon d'eau chaude de la chaufferie en cours de démolition. Tu ne t'arrêtes pas, tu reviens l'après midi.

C'est en cherchant un angle de vue que tu remarques les photographes sur les rails. Tu prends la passerelle, et cherche le passage. Une vieille grille rouillée est fermée, mais tu remarques le petit fil de fer entortillé qui la bloque. Tu le soulèves, à toi la friche de vieux rails. Tu refermes avec précaution, comme tu le faisais dans tes randos dans ler Pyrénées, moins pour les brebis, que pour les gosses. C'est un quartier animé, et les rails cheminent entre  les balcons des HLM. Dessous c'est le canal.

 

Quel est le magicien qui a tendu ces fils? Tu comprends pourquoi les redoutables araignées piègent tant de randonneurs volants dans les rais de lumière. La toile de laine est un capteur de lumière, les fils obliques enroulent ton regard, l'enserrent dans des directions imprévues, par quelle couleur s'échapper?

 

Nous sommes encore nombreux, à plat ventre, coincés derrière un pilier, en équilibre au dessus des fils lumineux à chercher l'angle qui te dévoilera le secret emprisonné par la perspective qui fait fuir ton regard.


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16 novembre 2010 2 16 /11 /novembre /2010 21:40

 

Un peu de pluie, ça lave la tête !

 

Grands moulins de Pantin - pont pour le tram-1La télé est phagocytée par le Président, au bout d’un quart d’heure, tu fais des boulettes pour balancer sur ta télé, comme tu l’aurais fait, il y a cinquante ans sur un prof qui occupe l’estrade avec du vide. Sidérant.

Retour au blog !

T’as pas encore réfléchi à son remaniement. Tout le monde s’en fout, comme de l’autre remaniement ! Il ne peut pas changer comme çà son angle de vue comme, le gouvernement ne changera pas de politique. Tu fais ton gros dos, tu sais que tu prendras du bâton !

Le bâton au blog, c’est la fréquentation. Et là t’es un peu épaté : le meilleur score depuis le début, une fréquentation moyenne en constante hausse. T’es même pas capable de savoir pourquoi !


***

Canal de l'Ourcq - la pluie-3Donc dimanche, la pluie est moins dense. Vers dix heures tu sens que c’est le bon moment. Tu prépares la bécane, mets l’appareil photo dans le sac à dos et « roule ma poule ».

Même si la piste du canal de la villette n’est pas loin, t’apprécies qu’il n’y ait pas de bagnoles, et surtout pas de gens pressés qui traversent sans regarder (parfois un peu pour te faire chier !). Lors de ta dernière balade, il y a déjà deux semaines, t’avais vu les travaux au pont de Crimée. Au mois de septembre une panne empêchait ses manœuvres, et les bateaux mouches ne pouvaient plus passer. Maintenant aussi et pour un bout de temps.

La caserne des pompiers répare les conséquences d’un incendie qui avait détruit une chambrée cet été. Une passerelle provisoire permet aux piétons et au vieux VTTiste de traverser. Tout le monde avance la capuche sur la tête ou cramponné au parapluie.

Tu rejoins la piste qui traverse le parc de la Villette. Sous la longue passerelle qui fait le ruban le long du bassin, les jeunes et des presque jeunes (des quadras), enlèvent leurs pantalons, tombent le blouson et se retrouvent en short et maillot. Manque les crampons et les voilà près pour une bonne empoignade derrière le ballon qui fuse sur la pelouse détrempée du parc. Déjà deux groupes sont à la manœuvre. Un troisième plante les sacs pour délimiter les buts. Pas de problème de territoire, ce sont des habitués, une entente informelle répartit l’espace.

Courses, shoots, cris, injures, enthousiasme, dépit. Ils n’ont pas besoin d’un prof de théâtre, les émotions sortent naturellement de l’effort, du dribble réussi ou raté, de la glissade ou de la bousculade. Le gardien se couche pour bloquer un ballon, il soulève une grande gerbe d’eau qui provoque une hilarité de connaisseurs. Vers midi, quand ils repartiront, une tape virile dans les mains, s’emmitoufler dans le blouson, sortir du sac un pantalon de jogging sec, rabattre la capuche sur le bonnet noir et filer. Pas de douche, pas de massage sophistiqué. Un bon défoulement exutoire !

Tu passes sous le pont du périph et débouches devant les Grands Moulins de Pantin. T’as déjà mis plein de sujets sur le blog, des photos des chantiers de réhabilitation des bâtiments. Ça faisait juste un an que c’était fini. Et çà recommence : les travaux du Tram. Sur les photos tu verras les deux extrémités de la passerelle qui va surplomber le canal pour le passage du Tram. La piste cyclable est réduite à sa plus simple expression. Où tu vois le ponton flottant pour l’accostage des péniches transportant les matériaux du chantier, il y avait une fabrique de béton. Derrière le grillage, c’était un terrain de sport avec des tennis, du foot, du rugby. Tout n’est plus qu’un chantier gris et bruyant. Reconstruiront-ils les terrains de jeux ? T’espères. Car dans nos quartiers surpeuplés, les espaces verts c’est denrée rare. T’en as moins qu’à Neuilly !

 

Tes photos faites, tu remets en route tes petites bielles et attrapes la piste du canal de l’Ourcq. Tu la suivras tranquille jusqu’à Sevran. Bien sur les feuilles trempées tassées par le vent au détour d’une petite bosse te rappelleront tes cours de géométrie dans l’espace. Faut pas avoir la tête en l’air à te demander pourquoi ils ont coupé la cîme des peupliers ! Les berges sont noires de boues, les projections dans le dérailleur lui font moudre du sable. Il grince et grippe.

 

La pluie te reprend doucement. Sans lunettes, elle te gène moins. Quand il pleut c’est galère pour y voir ! Treize heures ! Coup de fil vite fait : "j’arrive !" Il te reste quinze bornes à faire. A Donf !

 

Tu vois la pluie, comme ça, pas trop, t’es un gosse qui patauge !

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4 novembre 2010 4 04 /11 /novembre /2010 22:37

 

Grande Rando VTT de st Paulet de Caisson à Vallon Pont d’Arc par la route des gorges.

Retour au sud  par Labastide de Virac.

Une bonne journée de 96 km

gorges ardêche - pont d'arc-01Il est à peine neuf heures quand son sac est prêt. Après deux jours à tourner dans les petites routes, les sentiers, tu veux refaire ta ballade fétiche, le tour complet des gorges de l’Ardèche. Ce 20 juillet, c’est ton troisième tour des gorges, aussi tu vas les parcourir dans l’autre sens, descendre de st Paulet à st Martin d’Ardèche, et suivre la D290 jusqu’à Vallon Pont d’Arc. Dans ce sens, le matin tu as le soleil dans le dos. T’as prévu un ou deux arrêts. Le premier où tu veux stopper dans tous les cas, c’est le belvédère au-dessus des rapides de la toupine du Gournier. En kayak, ces rapides t’avaient salement secoué. Il est un peu plus de dix heures, presque pas de voitures dans ton sens. Au belvédère, il y en a une arrêtée en face de toi. Tu y arrives tranquillement, tombes ton sac à dos, sors l’appareil photo, et descends les quatre marches qui mènent au point de vue. Et là, tu prends un drôle de coup de soleil. Une jeune femme blonde et dorée, bronzage sans aucune trace de maillot, pose renversée sur la rambarde, une vraie blonde, un type avec un petit chapeau est concentré sur son appareil photo. Tu n’as que trois secondes pour tout admirer, en deux gestes, short et tee shirt ont refermé le décor. Tu te trouves un peu con, t’excuses, fais deux photos comme ça vient, mais tu ne monteras pas le télé pour la photo des rapides.

 

Tu repars. Encore treize km de cote régulière avant de basculer. Tu restes à ton petit rythme, 8, 9 km/h.  Au parking des grottes de la Madeleine, pose plus longue. Quelques céréales, finir la première bouteille d’eau, repartir. Il est plus de midi.  La route maintenant alterne descentes rapides et montées musclées. Quand tu auras fini ta journée, plus de 1600 m de dénivelés cumulés, une grosse journée donc.

 Juste avant le Pont d’Arc, un petit grill en bordure de l’Ardèche. Tu te poses, commande des cotes d’agneau et des haricots verts. Tu reçois une énorme assiette de frites. T’es qu’à mi-parcours, donc tu ne va pas faire d’histoire, tu manges. Tout d’un coup le patron s’aperçoit de la gaffe. Il te confirme qu’il te change la garniture, revient deux minutes plus tard avec un bol empli d’une jardinière de légumes qui embaume. « C’est ma belle-mère qui la prépare avec les légumes de son jardin ! Il n’y avait plus de haricots ! »  La femme qui dessert te demande si le repas de sa maman t’allait bien.  Vu l’état du bol, nettoyé, il n’y avait pas de doute. gores ardêche - La bastide de Virac-1

 

Tu restes un peu, laisses descendre ta première fatigue, bois ton eau doucement et réfléchis où tu peux te poser une heure sur l’autre berge.  Sur la carte, avant Salavas, plusieurs sentiers la longe. En fait, plutôt piétonnier que cyclable. Très vite les galets, les hautes herbes. Tu cadenasses la bécane à un arbre et continues à pied avec les touristes qui viennent se baigner. Tu espérais retrouver un angle pour une photo de l’Arche, mais la falaise la cache. Tu t’installes dans un petit coin et t’amuses des incidents des canoteurs. Une heure passe, tu te mobilises pour le retour..

Sous la chaleur, la remontée sur Labastide de Virac t’épuise. Plus d’eau. Dans le village, une petite place ombragée, et une fontaine. Elle te sauve. Une demi-heure de pose et en route pour les quarante derniers kilomètres. Comme toujours les plus longs sont les derniers. Il est plus de cinq heures quand tu t’arrêtes à St Paulet pour une bière. Petite erreur ! Les trois derniers km jusqu’au gîte te prendront vingt minutes !

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26 octobre 2010 2 26 /10 /octobre /2010 16:50

 

Automne froid et lumineux le long du canal de l’Ourcq.

ourcq 1-1
my team si strong - canal de l'Ourcq-01Premiers tours de manivelles depuis longtemps. Joli soleil mais vent du nord-est bloquant et froid. Peu de monde ce lundi. Les chantiers s’activent. Les préparatifs du pont sur le canal vers les grands moulins de Pantin s’accélèrent. Vers Bobigny, les Roms aussi ressentent le froid. Une femme très âgée fait le ménage des bouteilles abandonnées sur les berges, les enfants arrondissent le dos dans leur blouson de plastic, mains dans les poches, ils courent en sautillant. Un homme, bien plus de la cinquantaine, tient contre lui un bébé de quelques mois. Il le promène au soleil, son front contre la petite joue. Le bébé est emmitouflé dans une petite couverture rose matelassée, il a un petit bonnet blanc en fin coton, au passage, tu as le temps de voir cette fraiche frimousse claire qui mâchouille la tétine. Quant au regard de l’homme, quelle fierté, quel bonheur ! Les larges mains aux gros doigts boudinés  soutiennent l’enfant avec une précaution malhabile.

 

Te voilà au pont de l’autoroute, les sanisettes sont propres, derrière, tu entends les marteaux. Ton regard repère deux hommes qui recouvrent un toit avec des planches. L’orage de samedi avait du laisser des traces. Le Parking du Conforama est un atelier de mécanique à ciel ouvert. Cinq ou six véhicules sont en cours de réparation. Beaucoup de pièces mécaniques au sol.

Tu arrives à l’écluse de Sevran. Fais trois photos de la lumière sur le canal, puis tu rentres. Au rond point de la Bergère, près de deux cent mètres de murs recouverts de nouveau tags. C’est là qu’il y a quatre ans tu avais fait tes premières photos pour ce blog, les premiers tags et murs peints. La dédicace était « à tous ceux qui dépassent les limites ». La peinture est récente, tu ne l’avais pas vu comme ça lors de ton dernier passage, ou bien tu pensais à autre chose. Il t’a fallu plus de quarante vues pour faire toute la longueur. Tu les as mises bout à bout dans le petit clip vidéo. T’as laissé les tôles au-dessus du mur, même si ce n’est pas toujours raccord, parce qu’il y a les noms en clair des grapheurs dont les signatures alambiquées font la curiosité du mur.


Un langage symbolique à décoder. En plus, « my team so strong ! »

 

 

 


Info lues sur le monde.fr ce mardi soir 23h00:

Hier, lundi,  le camp de Roms était un lieu vivant, l'humanité des précaires. les ordres d'expulsion reçus ce jour ont du bouleverser bien des gens. Les plus nombreux avaient déja passé un hiver dans ce camp.

extrait du monde.fr:  lien ici

Des obligations de quitter le territoire français (OQTF) ont été notifiées mardi à quatre-vingts personnes, majoritairement des Roumains et des Bulgares, installées dans un camp à Bobigny, a-t-on appris mardi 26 octobre de sources concordantes.

Ce camp, dans lequel vivent plus de deux cents personnes, se situe sous un pont sur le territoire des deux communes de Bobigny et Noisy-le-Sec. Plusieurs dizaines de policiers ont participé à la remise d'OQTF mardi matin, ont précisé les mêmes sources.

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21 septembre 2010 2 21 /09 /septembre /2010 14:42

Ballade a sauveterre de bearn. Reprise du vélo après 6 semaines d'arrêt . Toujours pas internet au gite . Un peu de chaud sur ta carcasse. Jeudi la manif, t'y sera pas...
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