Jeudi 13 juillet 1978. Jour de gloire au premier col du cratère.
Je mes dans l'album photo mes notes, telles que je les scanne aujourd'hui 26/12/11. Il n'y a que quelques mois que j'ai retrouvé mes notes. Les diapos, je
les avais scannées il y a longtemps. Pas toujours très bien, certaines deux fois sans un meilleur résultat. Elles ont du grain.
La page 3 de ces notes :
Ascension sous le soleil au début, mais vers 11h 30 nous faisons la pose dans le vent. Le Kili pointait ses neiges éternelles, il retrouve
vite sa parure de nuages. Arrivée à 14 h30 épuisés.
Là, je pense que c'est notre arrivée à Kibo Hut au pied du Kilimandjaro.
Puis mes notes du vendredi 14 juillet et suivant qui reviennent sur l’ascension finale et notre retour à Arusha.
Vendredi 14 juillet. On est redescendu. Dernière étape. Il reste à faire le bilan de ces deux derniers jours d’ascension. On y
reviendra.
Disons qu'à 15 h on était à Marango.
Tous les pbs de remises de location à la Miss Laine.
Le calcul du montant des pourboires aux porteurs. Cérémonie officielle d'adieu. Organisation du départ. Attente, comme
toujours.
Pas de taxi, mais un bus qui nous balade de poste de police en poste de police. Puis il nous fait visiter Arusha by night. Enfin on arrive à
l'YMCA. Très cher et pas de bouffe. Cela va faire trois jours que l'on tient à raison d'une tranche de pain et un rond de saucisson par jour. Si l'on ajoute les difficultés de
boisson...
Minuit et demi, on ouvre les robinets de la chambre d'hôtel. Après quelques aventures...
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Notre arrivée à Kibo Hut, mercredi fut très dure. On voyait le refuge d'au moins dix kilomètres, et dans ce désert de crassier entre le Mawenzi et le Kili,
le vent nous balançait.
Le dernier raidillon pour arriver au refuge à 4720 m fut terrible.
Mal de crâne et nausées
Au moment de la bouffe, les odeurs de colin et de singe me scièrent les pattes. Heureusement Brigitte me fila un truc.
Impec.
Jeudi- Après une chasse à la souris nocturne, dans la chambre à côté, nous fûmes réveillés par quatre allemands de notre piaule. Ils
partirent en définitive ½ heure avant nous, qui nous mirent en marche à 2h du matin.
Belle nuit claire, presque chaude. Tout le monde est encapuchonné. Devant, le guide Fataeli avec la lampe à pétrole. Puis, tous, les uns
derrière les autres, à se toucher, le stick à la main, la lampe électrique sur le ventre. Cette procession de pénitents, voir de bagnards, s'ébranle. Tout de suite nous voilà en pleine pente,
dans le crassier. Un peu à droite, un peu à gauche, tout le monde est scié par les nausées et les migraines. Première Halte. Dominique. Il sera le premier à lâcher. On le
redescendra.
L'aspirant guide nous rejoint dans la côte. Nous marchons, comme ça, environ deux heures. Avec des haltes presque toutes les cinq
minutes. Trois autres personnes abandonnent. De temps en temps on s'abrite sous un rocher ou une petite grotte. La nuit se tire. La haut, se découpe en sombre sur le ciel lumineux, la crête. Il
faut l'atteindre. Elle recule toujours. Comme nos pieds dans le crassier. On lève de 10 cm, on redescend de 8. Du gagne petit épuisant. Le froid gagne.
Puis le soleil rougit l'horizon. Enfin son disque rouge se découpe à gauche du Mawenzi.
7h, la crête est toujours la haut. Les guides nous encouragent, nous poussent. On n'en peut plus.
On verra le sommet vers 8h. Moins d'une heure avant le sommet je craque. Joel et un guide me « finissent ». La haut, crise de
nerfs !
Sans ces notes, que me resterait-il de ces émotions ?
Les photos ne te montrent que le visible qui est le spectacle de la nature que nous voulions découvrir.
La joyeuse improvisation de notre organisation d'amateurs a produit ce qui était attendu, fatigue, épuisement, limite souffrance, abandons et disputes. Mais
pas de malaise cardiaque, comme pour un des allemands qui a été redescendu en urgence sur un brancard, supporté par une roue de moto.
Ta petite femme t'a soutenu pendant toute la descente. Tu ne tenais pas debout. Au sommet, t'as chialé comme un môme pendant dix minutes. Ta crise a cessé
d'un coup, quand le guide a demandé qui voulait faire le tour complet du somment, vers le point Uhuru à 5895 m.
On a dévalé 32 km depuis le sommet pour arriver au refuge à 3800m. Figures-toi qu'il y avait de la bière. Rien à manger, mais un bonne grosse bouteille de
66 cl de bière, « la gazelle ». Me demande pas le prix, j'ai pas demandé de reçu !