Le voyage à Florence.
Les enfants te disent : « on veut faire un beau cadeau à Maman pour son départ en retraite. » Toi tu penses un DVD de plus, je ne sais plus où les
mettre, en plus on ne les regarde qu’à la campagne, et la télé ne fait pas le bon format. Des livres ? Elle n’a pas lu tous ceux du Noël l’année dernière. Bref, l’idée d’un beau cadeau te
prend de court. On se téléphone, on « s’emaile », il faut trouver une idée de voyage. Depuis longtemps j’avais envie de St-Petersbourg : « t’es fou ! Y fait froid !
Comment tu vas te débrouiller ? »
Les enfants te connaissent ! Il faut du cousu main ! Je fais des recherches sur Internet : Clio, club aventure, nouvelles frontières. Mais
j’hésite. Comment questionner, trouver une bonne idée, sans tout déflorer ?
On est à deux jours de l’événement. Un matin, un émail avec un lien. Les enfants sont plus rapides que moi. Je clique. Ouf ! C’est pas tout simple. A tout moment
tu dois dire « oui » ou annuler. Et le système est verrouillé, tu ne peux avoir aucune information avant d’avoir donné ton accord. Tant que tu n’as pas donné ton numéro de carte bleue,
tu ne peux rien savoir, sinon les dates de départ et de retour, et la qualité de l’hôtel.
Toi t’as repéré le nom de l’hôtel, tu y vas sur google. Et là, pouf ! Impossible d’avoir une réservation sur la période, ni d’idée sur les tarifs.
Pouf ! Pouf ! Tout est verrouillé.
Tu es un vieux du web, tu devines qu’ils t’ont collé un cooky, et vas-y petit gars, tu vires tous les historiques, les traces et les cookies. Tu reprends ta
recherche, et impossible d’avoir une idée de la disponibilité et des prix de l’hôtel que tes enfants ont sélectionné avec le lien.
Ils disent que tu voyages avec « Al Italia », et c’est tout compliqué pour comprendre les vols, les horaires, les aéroports de destination.
Bon, tu te résignes, tu re-cliques sur le lien que tes enfants t’ont transmis, les dates sont les mêmes que lors des autres recherches, tu essayes de changer,
mais ça coince quelque part. Comme on est retraité, c’est pas à un jour près. Donc j’accepte le voyage proposé. Et la tout s’enchaîne vite : les prix son garantis, ta commande n’est validée
que quand tu as payé intégralement, toutes les informations utiles à ton voyage te seront transmises par email sous 24 h. T’as un téléphone ( 1.35 la mn) pour toute demande d’information.
Maintenant décline-toi : le nom des voyageurs, les téléphones, le numéro de carte bleue.
Le lendemain t’imprime le joli message. Dix pages pour les conditions générales et l’assurance que tu as souscrite parce que ça ne te proposait qu’annuler ou
accepter. Un petit numéro pour tes billets d’avion. Et l’adresse de l’Hôtel. Bien sur, le rappel du message si tu veux de l’information par téléphone. Tu te dis qu’à plus d’un euro par minute, si
tu tombes sur un italien qui connaît Zidane, tu n’es pas près de savoir si ta réservation est OK.
Je suis tellement angoissé par les conditions de cette souscription, que je nous organise pour arriver à Roissy une heure trop tôt. Sur le billet
imprimé, le vol Al Italia est assuré par Air France. (En fait c’est un autre transporteur qui s’y colle ).
Je vois un gars emprunté qui se fait aider par une hôtesse, pour tapoter sur un terminal que je n’avais pas vu, ou plutôt, dont je n’avais pas compris qu’il
était mon interlocuteur ! Car quand tu as acheté un e-billet, tu t’adresses à une e-hotesse, qui te pose des e-questions : Avez vous un passeport ? T’as pas le choix, c’est oui ou
non. Tu vois pas comment tu vas embarquer, mais tu réponds au e-terminal-hôtesse. Avez vous des objets coupants, pointus, dangereux, liquides et je t’en passe. Là t’as compris que si tu réponds
oui, ton voyage de noces, tu te le fais à Roissy ! Enfin la page magique s’affiche, saisissez votre numéro de e-billet. Vous voyagez seul ? Mais non je suis avec ma femme… Choisissez le
nombre de billets. L’angoisse d’arriver au bout du truc et qu’il t’envoie paître, le e-terminal. Deux noms s’affichent. Je clique sur le mien, un billet sort à mon nom. Encore un message,
pas le temps de lire, ma femme s’inquiète : « Et le mien ?». Sur l’écran trois zones, le nom de ma femme, annuler, terminer. Te goures surtout pas !
Toute une vie d’informatique pour baliser devant un terminal.
*
Le taxi nous dépose devant l’hôtel dont l’adresse est sur l’e-mail que j’avais imprimé. Accueil tonic. Vrai sourire. Le nom ? Aye ! Nous avons un petit
problème ! Nous vous avons trouvé une chambre dans un autre hôtel. Pas loin… demain vous pourrez revenir….
*
J’avais posté pour mes vœux une vieille photo d’un apollon très surfait. On en a vu des beaux. Surtout des David ou des Bacchus, des Persée ou des Hercules et un
Brutus sidérant.
Juste quelques images, tout venant, pour que tu aies envie de voir la suite, ou de ressortir tes vielles diapos.
A suivre: le Duomo