T’as beau être en vacances, ça secoue. On ne sait pas trop comment s’habiller, chaud, froid … Nous descendons du Queen of Hansa, coups d’œil aux sentinelles endormies,
puis montons les marches au-delà du quai pour trouver un bus qui nous attend. Nous roulons vers la sortie d’Assouan, après le premier barrage, et nous stationnons dans une avenue interminable
remplie de bus de tous ages. Il en arrive régulièrement. Certains remontent la file pour se trouver une place en tête, d’autres s’arrêtent derrière nous. Le guide égyptien quitte le bus puis, une
vingtaine de minutes après revient avec un soldat mitraillette sur le coté. Il monte ; Nous regarde et s’installe sur la première rangée de fauteuils. Vers trois heures bruit de démarreur,
et en quelques secondes tous les moteurs chauffent. Un quatre-quatre militaire remonte la file et tous s’élancent. Combien de bus ? Peut être cinquante peut être plus, il y a du monde.
Après quelques kilomètres pour sortir complètement de la ville, les derniers lampadaires s’éloignent et la nuit se ré-installe. Mais la route va chauffer… doucement la vitesse augmente. Nous
voici derrière un bus à le toucher, écart brusque et lent dépassement. Combien de temps sommes-nous au delà de la ligne continue ? Dix minutes au moins. Je vais un peu dans l’allée, savoir
ce que le conducteur voit. Rien. Devant nous des dizaines de bus doublent, et nous nous retrouvons à cinq mètres de celui qui nous précède. Quelle vitesse ? Le compteur est débranché… Le
moteur tourne à fond. Route noire dans le sable éclairé par la lune.
Aucun repère, le bus fonce. Cette première heure est un vrai départ de F1, puis lentement, mais toujours à fond, les bus reprennent une place dans la file de droite. Les intervalles
s’agrandissent, encore un ou deux qui nous dépassent, puis les derniers feux rouges s’amenuisent au loin. Je regarde
autour de moi, les têtes sont retombées sur les appuis, elles dodelinent tranquillement. Il fait plutôt froid. Sur sa banquette le militaire roupille profondément, les deux mains sur le canon de
son arme, le menton dessus. Sa casquette est tombée. La routine !
Six heures trente. Le soleil est la depuis longtemps. Le sable est d’un ocre orangé. Très brillant. A plusieurs reprises nous avons longé le lac Nasser. Et nous arrivons à Abou Simbel. Les consignes sur les toilettes, l’heure du retour, et avertissement à se retrouver dans quelques minutes sur la grande esplanade en haut des escaliers pour les explications utiles.
Quand nous y sommes, il y a à droite le lac Nasser avec le soleil à peine levé droit dans les yeux, et de l’autre les deux temples enfouis dans leur décor de roches
bétonnées. Le temple est presque rouge dans ce premier soleil. Trente ou quarante bus ont déjà libéré leurs touristes avides. La place est envahie. Notre guide prend la parole devant le site.
Ce n’est pas « soldats du haut de ces pyramides etc… » mais
le cœur y est. Pourquoi on n’y va pas ? Comme toujours, parce qu’interdit de parole à l’intérieur du monument, il nous fait la visite par oral. « Alors quand vous entrez dans le
temple, à gauche la bataille de Kadesh, à droite une fresque représentant Ramsès pourfendant ses ennemis, et dans une petite niche derrière la rangée de colonnes vous verrez ceci
cela… »
Je n’ose pas partir. Je ne sais pas s’il y a des billets à présenter. Et elle a peut être une astuce pour nous éviter la bousculade… elle nous lâche, comme au tiercé quand le grand filet qui retient les pur-sang s’arrachent, le groupe fonce. Vers où ? D’abord le grand temple d’Abou Simbel. Les statues colossales de Ramsès. Les statues, avec à ses pieds, ses femmes ou ses enfants. Rencontre des fresques et bas reliefs. Le pronaos, et bousculade pour accéder au Naos, le sanctuaire où siègent quatre statues : Ptah, Amon, Ramsès II et rê-Horakhty
La visite du petit temple sera plus difficile. Bousculade, tout le monde parle et devant la moindre fresque un amas de gens te masque la vue. Ce temple dédié à Hator a été
construit par Ramsès II pour la reine Nofrétari. Petite dédicace « Nofrétari par amour de laquelle se lève le soleil. »
A suivre; d'Assouan à Kom Ombo.
Précédant : le temple de Philae