Ce matin je regarde sur le Monde.fr, la carte satellite, « la Birmanie avant / après le cyclone ». Le nombre des victimes dépasse ma capacité de représentation. J'entends à la radio les gens interviewés qui racontent « on a été prévenu à temps, mais le retour, quelle désolation ! ». A cinq mille ou dix milles kilomètres, inondations, éboulements n'ont pas la même résonnance. Il n'y a que ce qu'on peut imaginer qui a du sens, au-delà on ne sait plus quoi penser...
En 74 lors d'un voyage au Pérou, nous étions juchés à 5 m du sol en haut d'un camion poussif, sur des ballots improbables. On se cramponnait comme on pouvait. Au
hasard d'un virage dans la Cordillère, un camion semblable au notre, plus de vingt mètres en contrebas, sur le toit, la cargaison roulait encore dans la pente, et les gens qui se relevaient
péniblement. De retour à Paris on lisait les « scores » sur les accidents de voyage. Quand tu es dans un pays, tu reçois les événements sans discrimination.. Là, nous voyageons dans des
conditions privilégiées. Un bus brutal, mais en bon état, deux chauffeurs. Le retour entre Calchi et Salta montrera qu'il n'y en avait pas de trop.
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Quand on prend la décision de ce voyage, on est à Bayonne. Comme çà, d'un coup ! L'année avait été rude, et après s'être demandé mille fois comment se changer un peu les idées, celle de cette
découverte de l'Argentine prend corps, et en quelques jours nous nous décidons.
A Bayonne, dans le cœur de la ville « piétonne », nous voilà au Virgin. Sur Internet les différentes agences nous avaient donné des bibliographies. On sort la liste : rien ! On peut commander ?
Vérification sur l'ordinateur, non ! Tout est épuisé depuis des années ! Merci les agences, on fait sa fiche une fois et on s'en fiche ensuite !
Le rayon Amérique Latine n'est pas le plus grand du Virgin de Bayonne. Il y a moins de 10 bouquins et guides. Pas faciles d'accès en plus, dans le rayon au raz du sol. Mais c'est un geste «
auguste » ! Il y avait trois clients à ce rayon. Un couple de notre âge, plus que la soixantaine et une jeune femme 20-22 ans (excuse, j'ai pas vérifié ses papiers ). Du coup la converse s'engage
: les premiers partent pour leur nième visite, ils sont de St Jean Pied de Port, ils ont des parents immigrés là bas depuis des générations. La jeune a décidé que s'engager dans la vie sociale et
professionnelle avant d'avoir fait le tour du monde avec son copain, c'est gâcher la chance de vivre. Leur budget pour ce tour est la moitié de celui de notre découverte de l'Argentine. Elle nous
interroge, en regardant nos cheveux gris et mon estomac amateur de bières : et vous ? Vous voyagez ?
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Nous sortons tranquillement de la quebrada de las Flechas. La piste est un peu plus large que le bus. Nous sommes escortés par le flot des torrents canalisés qui suivent la piste. Nous entrons
dans une nouvelle vallée. Ce 25 février vers 12 h00 nous arriverons à Molinos. A 2031 m d'altitude.
Juste en redescendant du col de la quebrada de Las flèchas, notre bus est ralenti un peu avant Angostura par des chevaux dans un petit sous bois qui borde la piste. Ils sont entravés. Opportunité
pour nous de voir les vignobles de la région.
Molinos, n'est pas un village « touristique », mais deux édifices témoignent de la culture de la région et de l'influence de deux civilisations, basques et incas de Cuzco. L'église San Pedro
Nolasco, sous des dehors typiquement « architecture coloniale », est à l'intérieure matinée basque et espagnole. On s'y reconnaît.
De même que le grand bâtiment, hôtel restaurant avec son abri ombragé, est typiquement basque. C'est la maison des Isasmendi, installés là bas vers la fin du XVII siècle. Dans une heure nous
serons à Calchi.