Tu lâcherais bien tes quatre carreaux pour quatre cœurs. T'entends la locomotive s'arracher pour l'œil de la cataracte. Tu poses ton grattoir ,
redresses ton dos battu et regarde filer la machine sur l'écran de ton PC, juste derrière, le trou béant de la cataracte est là. L'émotion de cette lente approche vers ce site magnifique revit.
Ça fait deux jours que tu veux préparer ton sujet pour ton blog, mais tu t'es lancé dans des gros travaux de décapage de tes carrelages de sanitaires, il faut bien en finir : encore un coup
d'oxydrine ! Frotter à la laine de fer, rincer, espérer... Ah ! Revoir ton Argentine !
Pour tromper ton impatience tu te passes la vidéo sur le PC, t'as le son de tes souvenirs pendant que tu frottes.
T'avais fait ton dernier sujet sur le Périto Moréno. Tu quittes la Patagonie avec ses immenses glaciers et ses vents frisquets, tu te retrouves en Amazonie, avec sa chaleur humide sous un soleil éblouissant. En vingt-quatre heures ça te dépayse. Seulement là il faut penser aux petits soins contre les moustiques. Entre les deux sites, plus de trois mille kilomètres.
Tu voudrais jeter l'éponge sur ces carreaux, et rebattre tes coups de cœur du moment !
Quand le bus te dépose à l'entrée, un petit train t'attend ; si tu ne connais pas le parc national d'Iguazù, tu prends ça pour de la frime. Tu te trompes ! Le train t'emmène doucement dans ce décor amazonien. Il suit une piste de terre rouge avant de rejoindre un des innombrables bras de ce Rio Iguazù; sur son trajet, il fait une courte halte dans une vraie gare qui dessert des activités nautiques (mais je n'ai pas vu de raft ou de kayac sauter les chutes), avant de te déposer au plus profond du parc. La tu es enserré dans la grande boucle d'un méandre au pied du chemin des belvédères. Plus de quinze kilomètres.
Dans ce premier sujet tu retrouves ta découverte, ta première approche, comment tu chemines au soleil, le rythme un peu cadencé par Huguette, le long ou au-dessus d'une immense étendue d'eau plate, presque sans courant. Le rio Iguazù est large à cet endroit de plusieurs kilomètres, à peine délimité au loin par la ligne verte de la végétation. Après un petit bosquet sur un petit ilot, de l'autre coté d'une passerelle, une brume monte, t'entends le bruit qui n'est pas encore un grondement. Tu aperçois juste ce premier bord de la cataracte qui crée ce gigantesque remoud. Encore deux cents mètres et tu y es. L'écume remonte du fond du gouffre d'eau, te trempe en quelques secondes. Tes objectifs son liquéfiés, tu t'es fais avoir ! Un petit repli, tourner le dos, essuyer, tu protèges l'objectif avec ta casquette tu la retires le temps de viser et de déclencher. Essuyer encore.
Quand nous aurons parcouru les belvédères au-dessus des chutes, nous prendrons un autre chemin pour les voir du dessous. Un autre sujet !
Allez, tu reprendras bien un petit coup d'oxydrine pour finir le voyage !
A suivre:Ombres et Lumières d'Iguazù
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