27 avril 2010 2 27 /04 /avril /2010 07:12

Grotte de la sainte Baume.

 

grotte ste baume-04T’avais préparé quelques photos. Tu te préparais à  te moquer gentiment des statues du site qui dessinent un calvaire plus colorié qu’un festival de samba, heureusement caché par une petite cote en sous-bois.

Mais t’es pris de court. D’abord t’avais ton chantier de remise en état du mur dissout par les infiltrations. Et la solution que tu as choisie se révèle plus longue à appliquer qu’un baume sur les pieds…C’est à ce moment là que le ballet des SMS commence.

« Suis coincée à Kuala Lumpur, plus d’avions ! »

« Ai trouvé un vol pour Rome !  »

« Arrivée à Rome. Carte bleue marche plus. pas de train sur le sud-est et Paris »

« Est-ce que je viens te chercher ? »

« J’ai une place pour Vintimille, ça rapproche ? T’es parti ? »

«  J’arrive. »

 

Sauf que tout d’un coup les SMS s’arrêtent. Zut! Que s’est-il passé ? C’est toujours quand t’es fatigué, paumé, inquiet, que des petits malins s’occupent de ton sac ou de ton téléphone…

Zut de zut! Tu voulais t’arrêter un peu, plus de 1000 km, vingt ans que t’as pas roulé comme ça…

Téléphone, SMS, rien…

Vintimille. 2h 00 du matin.

Autour de la gare, juste deux hôtels, fermés.

Dans la gare les gens campent par terre, par petits tas de trois ou quatre, serrés les un contre les autres, parfois avec une couverture. Gobelets de café, bouteilles d’eau. Tu parcoures les salles, les quais, observes chaque groupe. Rien.

Tu te résignes à remonter dans ta caisse et dormir un peu. Encore un message…pas de réponse.

Vers 6 h00 un train s’élance, tu te réveilles, vois une cafétéria qui ouvre.

Café, croisant. Que faire ? Téléphone : « suis arrivée à Nice, j’économisai la batterie, j’étais dans le train qu’est parti à 6h00, je t’attends ».

 

Deux mille cent km en 28 h00. Une petite nuit et le lendemain reprendre les pinceaux. Nouvelle course contre la montre, finir pour demain.

 

Alors ce matin tu reprends le fil rompu de ta ballade dans le massif  provençal de la Sainte Baume. Le syndicat d’initiative te dit de prendre le « chemin des Rois », près d’une auberge. Mais il oublie d'expliquer qu’il y a près de 10 km avant le dernier tronçon qui te permet de marcher une petite demi-heure, avant d’arriver au pied de la grotte à environ 800m. T’ai pris le chemin à son début. C’est quand tu lis les inscriptions au pied des oratoires que tu constates qu’il y a  cinq heures de marche…

 

C’est le massif qui est remarquable. La grotte transformée en monastère n’a pas d’intérêt. Le calvaire peinturluré, grotesque. Mais le lieu se suffit, il a sa propre consistance, sa propre beauté. Aucune légende n’y apporte quoique ce soit .

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16 avril 2010 5 16 /04 /avril /2010 21:03

Le glacier Eyjafjallajökull n’était donc pas un volcan éteint !

 

eyjafjallajokull 100-4157-a.jpg

 

Pour arriver au refuge de Thorsmörk (en islandais : Þórsmörk) en venant de Landmannalaugar, nous avons du faire le tour de deux glaciers l’un immense, le Mýrdalsjökull, l’autre plus petit, le EyiafJallalökull. Nous avons contemplé la cascade de Skógafoss qui jaillissait du EyiafJallalökull.  Il y avait du soleil, dans un matin chantant des gens de partout s’émerveillait de l’eau qui cascadait. Puis notre bus remonte le cours d’un torrent dans une vallée grise, enserrée entre trois glaciers. Pour nous déposer au refuge et  nous permettre de monter faire la ballade sur le Valahnúkur, il devra franchir à plusieurs reprises des bras de la rivière qui forme le Makafljot. Du sommet nous ferons plusieurs photos et vidéo dans ce ciel changeant, de ces glaciers. Bien sur, Asa nous avait expliqué que dessous il y avait des volcans. Que les éruptions provoquaient des torrents de boues de scories et de neige fondue qui s’écoulaient vers la mer détruisant toute végétation.  C’est pourquoi au cours de nos ballades, elle nous montrait les premières plantes qui poussaient sur les terres volcaniques. Cinquante ans nous disait-elle pour cette première tache verte et fragile. Elle nous racontait aussi la dernière éruption de l’Hekla, il y avait une vingtaine d’années. Mais jamais nous n’avions envisagé que celui au pied duquel nous nous promenions allait de nouveau faire parler de lui. L’Eyjafjallajökull nous montrait ses séracs de glacier, c’était un bon moment de détente à contempler les petits icebergs sur son lac.


J’avais, il y a quatre ans, mis plusieurs sujets sur ce blog autour de Thorsmörk. Je ne vais pas recompiler les vidéos ni les photos, je mets ci dessous les liens sur ces ballades plaisantes et insouciantes.


VIK – Thorsmörk – Eyjafjallajökull

 

 


Thorsmörk - Valahnúkur

 


18 thorsmork Valahnukur
envoyé par albumrj. - 

 


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14 avril 2010 3 14 /04 /avril /2010 08:00

Dompter le jet c'est comme dompter un cheval. la nature en moins!

 

ste maxime rodéo sur mer-19C’est ton dernier jour de vacances dans la région. T’as loué un gîte, mais il faut partir de bonheur. Tu te retrouves à Ste Maxime où tu avais envie de refaire des photos, le premier jour le temps était mauvais, t’avais déjà oublié la course de dériveurs qui s’était déroulée dans la baie de st Tropez. D’ailleurs en dehors de quelques initiés, c’était le calme plat !  Ce n’est jamais simple de stationner dans ces villes touristiques, mais là, une place se libère devant une pizzéria, tout bon !

Quand t’ouvres la portière, ta radio s’arrête et tu laisses entrer le bruit d’alentour, fait de jacassements de haut-parleurs et de hennissements mécaniques. La mer est à moins de cinquante mètres, mais tu ne la voies pas, tu ne l’entends pas, et ton pif renifle les gaz de bagnoles. Tu entends quand même « reprise à treize heures trente pour les juniors. »

T’es séparé de la mer par un village de toiles et des manèges. Derrière les écuries mécaniques. Pas de paille ni de foin, des monstres à ventre plat aux couleurs « flashies » ou simplement d’un noir angoissant. Le guidon te fait penser à une innocente trottinette. Mais le brillant des laques révèle la mécanique lustrée, le scooter des mers, l’abominable parasite des mers issu  d’un croisement du gaspillage d’énergie et du redoutable ennui des trop friqués.

Quand tu faisais du vélo autour de Longchamp, ta conversation avec tes voisins de peloton, revenait régulièrement sur les chevaux. Les longs vans qui les apportaient nous barraient la route régulièrement et quelque fois si brutalement qu’il y avait des chutes. Un panneau indiquait « piste cyclable interdite les jours de course » que personne ne voulait lire. La colère contre les bourrins fusait d’un coup. Puis ensuite, le mauvais fric etc…Pourtant quand tu repliais le vélo dans ton coffre de voiture, le départ de la première course te faisait tourner la tête et le passage rapide du galop, t’imprégnait du bruit des sabots et des respirations puissantes. L’image des muscles sculptés par l’effort te saisissait.

La course des juniors ne mettait pas en jeu des muscles puissants. Quelques épaules juste dessinées ne semblaient pas tenir si vigoureusement le guidon que tu l’estimes nécessaire. Des accélérations bien vigoureuses en ont déporté plus d’un loin des bouées du parcours. Les ralentissements brusques dans les remous générés en ont fait plonger pas mal aussi. Les jets de sécurités accourent, drapeau jaune à la main. Le naufragé de l’instant repart avec un demi-tour de retard.

Même s’il y avait un vrai vent ce jour là, la mer était plus agitée par les courses que par son souffle. Tu restes là un bon moment. Dans quelques heures retour à Paris, alors tu te laisses aller à photographier les jeux de couleurs, la rage de la course, les éclaboussures lancées au ciel. Le fond du décor, Ste Maxime. On y reviendra.

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 14:14

St Jean du Gard, le pays de Stevenson.

 

St Jean du Gard-15L’ile au Trésor, ça te dit quelque chose. Mais « voyage avec un âne au pays des Cévennes », moins sur. Je ne connaissais pas, et c’est une fontaine sur une place de st Jean du Gard qui m’a donné l’info. Je ne savais pas. Ni non plus qu’il est le créateur du docteur Jekyll et de Mr Hyde.

Où ça mène la rando ? Hein ! Bon, St jean du Gard j’y passerais pas mes vacances. Comme ça pour une fin de rando, un petit restau avant le retour, c’est sympa. Mais la place près du vieux pont est vide. Les gens sont tassés sur l’énorme parking en attendant le circuit magique de 30 Km en tacot. Sur que j’aurais aimé faire la ballade ! Mais les centaines de bagnoles chauffées au soleil, les mômes qui râlent pour leur glace, c’est plus mon truc.

Alors, la encore des photos d’un promeneur pressé de repartir.


Précédent : Anduze et le Gard.

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1 avril 2010 4 01 /04 /avril /2010 13:29

Quelques paysages d'Anduze et du Gard.

 Anduze et le Gard-01

Le Gard traverse la vallée Borgne où je t’ai promené avec mon VTT. La porte d’accès à cette vallée est st Jean du Gard. Pour le Vieux VTTiste à la recherche de dénivelés les vallées  autour du Mont Aigoual et Aire de Côte avaient plus de saveur que les larges coteaux plus au sud. Une seule ballade m’a fait passer en fin de parcours à St Jean. Je m’étais arrêté à la gare où un train « à l’ancienne », un bon vieux vapeur, faisait l’aller-retour jusqu’à Anduze. Mes randos ne m’ont jamais permis d’être à l’heure pour un départ.  Le matin du dernier jour de notre séjour a St André de Valborgne, je file donc à Anduze. A quatorze heures retour à Paris. Peu de temps donc pour la visite. Une heure à pied pour passer le pont sur le Gard, regarder deux nageurs se battre avec le courant, apprécier quelques vieilles pierres. Il y avait un arboretum signalé. J’y fonce d’un coup de voiture. Il est juste à la gare qui fait la navette avec st Jean du Gard. Le ticket d’entrée est dissuasif, juste un coup d’œil sur les massifs dépassant la barrière et les séquoias géants qui dépassent plus loin.

Trop pressé pour prendre le temps de profiter. A revoir !

 

Juste quelques photos arrachées au paysage…

 

Précédent: le pendule du Mont Aiguoual

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25 mars 2010 4 25 /03 /mars /2010 16:25

T’as déjà pris des cours de théâtre ?

 

facom platOui, t’as  pris divers cours de théâtre. T’y croyais un peu. Fallait que tu te changes de décor. Te confronter à d’autres personnes, à d’autres références, à d’autres points de vue. T’as testé quatre ou cinq profs, pas forcément des comédiens qui jouent. Pourquoi tu tombes sur une assos, un groupe qui se constitue ? Tu ne sais pas. Tu sais juste que tu cherchais. Ce jour là tu te rends à  la mairie pour un pb de carte d’identité, tu ramasses deux prospectus; le soir tu téléphones puis tu passes voir. T’as découvert des quartiers où tu ne serais jamais passé. Une petite rue derrière la place des Abbesses, un hangar, sorte de vieux garage désaffecté, à Saint-Ouen,  une demi-cave entre squat et ruines dans le XX ème,  une maison d’artiste à saint Denis : appartement à l’étage et grande pièce en rez de chaussée devant une baie vitrée occultée. Même une fois un vrai Théâtre, dans le XVIII ème…

Les premières rencontres sont curieuses. Là, jusqu’à trente personnes se pressent et peuvent à peine entrer. Ailleurs deux ou trois assis sur des chaises éloignées attendent l’arrivée du « maitre » en se demandant chacun ce que l’autre peut espérer là.

La présentation du « prof » est toujours un moment. Qu’est-ce qu’il nous raconte ? C’est quoi ces exercices structuraux ? Il parle de Raymond Queneau, de Yoga,  de Stanislavski, et d’une technique de travail des émotions.

Certains sont profs pour la première fois ! Comment se sont-ils déclarés compétents ? Pourquoi décident-ils de faire ce travail ? T’as eu l’impression que parfois, c’était par opportunité, le bon filon, trop de mecs pas bien dans leur tête qui veulent s’aérer. T’as aussi croisé un esthète, qui écrit sa pièce depuis des années, qui ne peut plus jouer tant qu’il n’aura pas fini, mais qui a un projet pédagogique: c’est d’ailleurs le moteur de la pièce, chaque objet est une création, chaque geste est une création, une histoire se nourrit de gestes, d’objets, de leur présence normale, décalée, répétée, de la capacité de l’acteur à les suggérer, les faire vivre.


Depuis dix jours je joue deux rôles, le tournevis et le rouleau de peinture. La mémoire c’est le mur ou le plafond, des rôles alternatifs, pourtant très proches. L’affrontement entre l’action du tournevis et du rouleau à peindre  et la mémoire des murs et du plafond est déclenché par un événement brutal. Le printemps ne trouve plus sa place dans la pièce, pourtant on n’est qu’au premier acte. Le voilà occulté par des rideaux ombrageux. Tu sais comme sont cabotins les rideaux de théâtre, comme ils se tirent les ficèles en révérence quand résonnent les trois coups. Là, quand la rampe solaire fit jaillir son arc de lumière blanche, le lever de rideau projeta un sombre nuage de poussière. Une tempête de particules qui décomposa la lumière, lui fit rater son entrée en scène par la fenêtre.


Ce combat inexorable du temps aurait pu simplement se circonscrire, par une action plus sage sur les cordes lisses qui cheminent sous les cintres, ou l’apport d’autres subterfuges de mise en scène comme l’action de l’aspirateur. Mais l’auteur est formel, l’arrivée du printemps doit se faire dans un éclat de lumière cristalline traversant le vitrage de la fenêtre. Le metteur en scène décide que les rideaux sont trop vieux, trop lourds, qu’ils emprisonnent l’espace et empêchent le soleil de réchauffer les spectateurs. Ils sont remerciés, priés de passer par  la compta en profits et pertes : place aux jeunes, hauts en couleurs, à la vire-volte gracieuse et lègère.

En attendant l’arrivée des remplaçants l’action dramatique doit se poursuivre. Le tournevis entre en scène. Il en a vu d’autres. Ça n’est pas sa première pièce, et les divers directeurs de ce théâtre domestique  ne l’ont jamais complètement remplacé. C’est un vieux « Facom » de 1959, au manche jaune à la longue lame qui se termine en plat. Ses premiers rôles il les a tenus dans le démontage des moteurs triphasés, l’action tournait rapidement au rythme des oppositions de phase entre stator et rotor. Deux acteurs dont le manège magnétique les attirait puis les repoussait. Ce vieux « Facom » ne s’est jamais émoussé, l’âme est tranchante et droite. Son corps ferme et souple est trempé au vanadium. Il a fait tourner plus d’une tête de vis. A l’endroit à l’envers, des têtes plates ou des rondes ! Sa pointe acérée tenait serrée sa place entre leurs hémisphères.

Mais les rôles de tournevis plats ont presque disparus dans la remise en cause de la société en mai 68. Le vieux tournevis a du jouer  à contre-emploi les agitateurs de peinture et parfois même de pied de biche. Il a accepté cette remise en cause, il n’avait d’ailleurs pas à rougir de ses prestations comparées à la nouvelle vague des tournevis cruciformes, des pozidrive, des étoilés et autres  torx.

Avec l’arrivée de l’électronique moderne, le travail d’acteur du tournevis a évolué. Moins forts, moins plats, plus fins plus travaillés de la pointe. Ils devinrent d’ailleurs méconnaissables, et se trompaient de rôle. Bien que nombreux et pour d'avantage d’actions, rarement à leur place, ils se prenaient les uns pour les autres. On sait que le théâtre domestique n’a aucune pudeur à mettre en scène des actions dramatiques,  le massacre des têtes de vis pozidrive par un tournevis Phillips inadapté a brisé bien des ménages. Robots ménagers, sèche-cheveux, électrophones ont perdu leur place au théâtre de la vie, le corps brisé par les attaques cruelles de tournevis tournant fous.


L’action du vieux tournevis est efficace et rapide, il libère les cintres des rails et autres barres. Le plafond est libre, l’acte II peut commencer. Parce que la lumière du printemps doit tomber du plafond et qu’un plafond gris ternit l’action du soleil, la lumière meurt où il faut qu’elle vive. Le rouleau à peindre se présente donc. Il a besoin d’espace, il lui faut prendre un peu de hauteur. C’est un rôle qui doit se renouveler à chaque mise en scène. L’action tire un peu en longueur ; elle doit rester dynamique pour ne pas manquer son effet, mais sans brusquerie pour éviter d’exploser le décor. Le rouleau entre deux monologues replonge  en coulisses, il revient  dans un balancement métronomique accomplir sa tache blanche.  L’ombre du soir sert de tomber de rideau, chacun rejoint sa loge, caisse à outil ou bac. Tournevis et rouleau laqueur se congratulent un instant, c’était une bonne pièce, on l’a bien jouée.


C’est mal connaître l’auteur. Le temps qui vieillit tout n’est jamais en peine d’un ressort dramatique qui déstabilise le spectateur. Quand il croit l’action terminée avec cette accolade des acteurs au sortir de la scène, un éclair jaillit qui fait sursauter sa conscience endormie. L’orage installe sont décor en fond de scène, la vitre est fouettée par l’averse, la fenêtre bombe ses vantaux et tranquillement une petite source jaillit qui éclabousse les pieds des premiers spectateurs.

 Le tournevis et le rouleau reviennent en courant, regardent la flaque s’agrandir, se retournent vers le metteur en scène,  protestent que la pièce est finie, qu’ils ont tenu leur rôle et qu’aucune didascalie ne prévoit de l’eau d’infiltration ; Si la pièce change, alors il faudra trouver de nouveaux acteurs. A eux  de se mettre sur la brèche !



 

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17 mars 2010 3 17 /03 /mars /2010 17:39

Du Technicentre à l’auto-entrepreneur.

tehnicentre canal ourcq 2010 03 15 1411T’es abonné à « Et voilà le travail », association culturelle de Pantin qui te permet de visiter des entreprises. Tu aimes plonger dans les souvenirs vivants ou passés des ambiances d’usines. Rechercher les traces du travail solidaire, du travail qui donne du sens à l’individu. Opportunité de visiter le « Technicentre est Européen », là où se fait la maintenance des TGV qui circulent à partir de la Gare de l’Est, et de quelques « Corail ». Tu connais bien le coin. Tu y es passé des centaines de fois sur ton VTT en suivant la piste du canal de l’Ourcq. C’est entre Pantin et Bobigny. T’avais « surveillé » les travaux de dimanche en dimanche (à l’époque tu bossais »). D’abord la destruction d’anciens bâtiments des ateliers de l’Ourcq, l’arrachage des vieux rails. Il y avait encore des  wagons rouillés qui servaient de vestiaires, de locaux divers. Des deuxièmes classes "déclassés" verts pouilleux.  Puis ce fut le nivellement en même temps que le béton arraché était concassé et allait servir de  remblais. Ensuite d’immenses poutres métalliques ont été agencées. Tu voyais que c’était du lourd. Enfin les murs occultèrent ton champ de vision.

Plus d’un an avant que le bâtiment affiche son titre « Technicentre ». L’année dernière ils ont fait un parking devant la grille d’entrée qui dévie la piste cyclable.

Sur qu’il y a du y avoir un docu à la télé, mais t’es pas trop télé, surtout docu. T’avais rencontré un type (lire : « les entrepôts du canal de l'Ourcq ») qui avait déjà visité et vu l’atelier où une rame TGV est soulevée d’un seul tenant pour permettre les gros travaux tels que l’échange d’un bogie. Quand tu reçois ta convocation, tu vibres, tu renifles déjà la vieille odeur de cambouis. Ce lundi devant la grille secondaire nous ne sommes pas une dizaine. Un seul ancien mécano SNCF, la moitié de jeunes femmes et hommes qui prendront des notes sur l’organisation logistique, questionneront sur des trucs auxquels tu n’aurais pas pensé, tel le sable soufflé devant les roues pour le freinage.

Première déception, photos interdites : pas d’image d’un train suspendu.

Deuxième déception : la stagiaire assistante communication, ne connaît du « Technicentre » que ce qui est écrit dans sa double page. Les trois cents hectares du site, les 600 hommes employés en trois huit. Le rythme des visites : des quotidiennes une heure, aux grandes révisions tous les x millions de km. Aucune anecdote croustillante te racontant le train  cabossé, arrivé là on ne sait comment et reparti quelques jours après sur l’aventure des rails. Pas de légende d’ouvriers héroïques qui te démontent les essieux clés d’une main, pied bloquant un frein imaginaire, la casquette noire essuyant la  graisse coulant du bogie blessé, le mouchoir à carreaux sur le nez. Tout est clean comme un labo d’électronique…

Troisième déception : aujourd’hui c’est lundi, c’est jour de pointe pour le trafic TGV, les hangars sont presque vides.


On entre quand même. Début par la logistique. Le petit papier de notre assistante devait être bien écrit, c’est là quelle nous donnera le plus de détails: sur le robot de stockage des pièces de rechange, commandé par un ordinateur. Plus de dix mètres de haut et partout des affiches «  ne pas toucher la sécurité d’urgence sous peine de panne ». Ouf ! Retour dans le réel, le mode panne » est encore un état fréquent des automates…

Nous visitons les deux hangars, le « six voies » avec les ponts pour les visites quotidiennes ou simples.  Une équipe de techniciens est dans la fosse, peu de graisse, beaucoup de bancs de tests électroniques. Ici ou là une tôle est dévissée, la lumière d’une baladeuse furette les cavités. Enfin le petit atelier ou l’on refait les patins des pantographes : cuivre et carbone.  Le « trois voies » avec les pylônes équipés de vérins pour hisser la rame. Mais tout est vide…

tehnicentre canal ourcq 2010 03 15 1422

Moins d’une heure, on est déjà dehors, trois photos des espaces techniques. Quelques paroles rassurantes : tous les techniciens sont formés ici. Ils appartiennent à la SNCF. Ils ont sur le site les locaux  habituels avec le CE, le restaurant et la médecine du travail.


Cinq kilomètres tranquilles à pied pour rentrer chez toi. Il fait beau soleil le long du canal, c’est agréable. C’est lundi, bientôt midi, devant la BNP installée aux Grands Moulins de Pantin des joggers s’élancent, le lycée éparpille sa jeunesse, t’appelles ton fils pour prendre des nouvelles. Oui, il a bossé tout le week-end. Encore « une livraison importante !» -« ça a marché ? – oui ça tourne ! Il y a toujours un truc qui pète, mais c’était rien ! Ça roule. – tu récupères tes week-end ? – Papa, depuis les trente-cinq heures, tu sais bien qu’il n’y a plus d’horaire, plus de récupération, juste les RTT à condition que tu sois joignable. Un seul critère, tes objectifs ! »

Tu repenses au bouquin de Françoise Aubenas. Même les « techniciens de surface » ils sont à "l’objectif", indépendamment du temps nécessaire, pire que le salaire aux pièces des années soixante. Jamais dire « non », accepter toutes les contraintes. Dans le journal tu lis encore des articles sur les suicides à France Télécom. Une entreprise traditionnelle, ça produit encore de l’écho… Mais de tous ceux dont Aubenas dit qu’ils ne reviennent pas, qu’on n’a plus jamais de nouvelles, qui s’enquiert de ce qu’ils sont devenus? Si eux aussi dans leur misère et leur solitude ne se sont pas suicidés ?

Ton fils a encore du po. Une grande boite. Ça a été dur d’y entrer. Maintenant il subit les contraintes qui parfois lui pourrissent la vie, avec résignation : pas le choix. Mais il a encore des moments de satisfactions. Comment vont s’en sortir les jeunes à qui maintenant, pour deux mois de boulot, on demande un statut d’auto-entrepreneur ? Même pas un CDD, ni intérim ! Tu vas sur le site des auto-entrepreneurs, tu vois que la protection sociale est encore plus fragile. Deux chapitres sur la retraite, les impôts. Mais rien sur le chômage (ou je n'ai pas trouvé), les congés payés, les mutuelles de santé… A la radio à midi un reportage sur les auto-entrepreneurs dans la restauration : métier  « faire la plonge ». Comme ça le patron du restau n’est pas responsable si l’auto entrepreneur utilise un personnel sans papier ! Fallait le trouver ça ! Hein !

Avec ce truc là, bientôt plus de chômeurs, que des auto-entrepreneurs en rupture de charge et qui abandonnent…

Finalement cette visite « aseptisé » du Technicentre t’a rendu évidente cette dichotomie entre les métiers « protégés » avec des statuts ad-hoc, et les vrais prolétaires aux deux extrêmes de la chaine : les précaires de chez précaires où trouver du travail se fait au jour le jour, et les pressurisés en col blanc qui n’ont plus le temps de vivre.

Plus de force, de révolte, plus de vote !

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12 mars 2010 5 12 /03 /mars /2010 12:33

St Petersbourg (15) – Musée de l’Ermitage : Les Impressionnistes.

 

05 Renoir - jeune fille à l'éventail - Ermitage-10Quand il y a un peu plus d’un an, « au village » entre le froid et les soirées à guetter les cormorans du lac de la Punte, se forme l’idée d’un petit voyage, on n’a pas d’idée. Juste envie d’un peu d’ailleurs. Tout d’un coup c’est une « urgence » il faut bouger ! Sur internet tu revisites les agences de voyage avec lesquelles tu étais déjà parti, et tu tombes sur ce titre « les nuits blanches » de St Petersbourg. Tu fouilles (ou plutôt tu surfes), plein de suggestions. D’abord les bonnes dates, ensuite l’échelle des tarifs, enfin les contenus.  Difficile de différencier certaines offres, à se demander si beaucoup ne proposent pas la même chose. Finalement dans les prix acceptables tu choisis le guide russe parlant français. Là, tu as eu vraiment raison : Mikael est une bibliothèque parlante. Des fois tu es submergé. J’avais pris des notes sur mon téléphone, impossible de comprendre ce matin, tout ce qu’on a visité. Le musée de l’Ermitage, c’est clair, on y est allé deux fois. Le thème principal de la première visite était l’Or des Scythes. Cette fois ci c’est les collections impressionnistes. Je t’ai présenté la dernière fois Matisse. Ici après quelques vues de la Néva et de l’environnement  de l’Ermitage, je te présente quelques tableaux de peintres remarquables : Quelques Renoir, Camille Pissaro, Manet, Rousseau, Cézane. Quelqu’un dont je vois une œuvre pour la première fois : Edmond Cross.

Deux visites de trois heures, et il en reste à voir...

 

A Suivre: Tsarskoe Selo

Précédent : Le palais Monplaisir.

Début : Ma nuit Blanche à St Petersburg.

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10 mars 2010 3 10 /03 /mars /2010 15:37

Le village entre soleil et pluie? Tu préfères le soleil !

 

17 lac de la punte Labastide VillefrancheUne semaine que t’es rentré. Bouffé par des contraintes administratives et d’autres rendez-vous. Le blog s’en ressent. T’avais même ramené le petit journal du canton. Pas eu le temps de bien le lire. T’as juste pointé cette histoire abracadabrantesque de vouloir faire des fouilles autour des lacs. Entre la vase et les rejets de la station d’épuration t’imagines les fossiles qu’ils vont trouver. Dans un village ou tout ce qui vit est en sursit d’être écharpé par un camion pressé ou un engin bien large, il vaut mieux gaspiller la tune collectée par les impôts à déterrer les os vieux de 2000 ans, que de rendre le village pratique aux vivants.

Pourtant ce petit village est agréable, dès que tu VTTistes ou que tu marches, le paysage se renouvelle toujours : montagnes au loin parfois visibles, végétation qui se colorie avec le soleil ou s’assombrit avec la pluie.

C’était les vacances scolaires. T’avais pas choisi vraiment, juste profiter d’un trou dans l’agenda pour faire un petit saut. T’es surpris par le peu d’enfants que tu vois. C’est vrai qu’il n’y a pas d’espace pour des activités sportives. Pas de  terrain de foot, ni de rugby. Les tennis de Château Bijou n’ont été utilisés que par quelques rares résidents, ils sont à l’abandon. Seul le fronton tient un peu. Trois quatre gosses quand l’aire de jeu n’est pas transformée en parking, tapent quelques balles jusqu’à ce qu’une frappe manquée fasse disparaître la pelote dans les hautes herbes qui descendent au lac ou entre les planches pourries de la vieille bascule. De longues minutes de fouille, et l’abandon de lassitude. Pas vraiment d’espace pour les mômes.19 Labastide Villefranche - ses trotoirs chaotiques

Quand tu fais le tour du lac, des hommes sont là, descendus de voiture, parfois le moteur tourne, ils te regardent sans vraiment te voir. Tu dis « bonjour », la conversation s’arrête, l’un rappelle le chien qui se jetait vers toi, le regard se détourne. Tu renouvelles le « bonjour ». Tu entends « on y va », et les voitures repartent… Ce tour, tu le fais dix fois par an, pas nombreux ceux qui disent bonjour…

L’hiver le village est triste. Les maisons inhabitées aux volets fermées transforment les rues en corridors offerts à la boulimie de bitume des camions desservant les carrières. Le fracas des bennes projetées par les chaos de la rue défoncée sonne  l’alerte ! L’homme solitaire doit prendre mille précautions pour aller cherche son pain ; surtout s’il marche difficilement ou n’entend pas bien !

Nul doute que de fouiller la vase des lacs redonnera vie en envie au lieu. On y retrouvera peut-être un vieux pavement gallo-romain pour refaire les trottoirs, ou l’enregistrement d’une conversation d’il y a  quelques siècles quand les hommes se disaient « bonjour »…

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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 12:54

Prendre les vagues à Biarritz.

 

prendre les vagues à Biarritz-14


correction du 6 mars 2010, erreur sur le lien qui ne renvoyait pas de la photo vers l'Album.

maintenant la photo te renvoit sur l'abum des vagues de Biarritz.



Quelques jours de vacances en cette fin d’hiver. Le village où tu as ton gîte est souvent triste dans le temps gris . Surtout en cette période de vacances scolaires. Personne dans les rues. Elles sont abandonnées aux camions fous. Dans ton quartier à Paris, le seul moyen de freiner la course des j-m-en-foustistes de la route a été le sacrifice d’un enfant qui sortait de l’école. Rien n’avait pu ralentir la vitesse des voitures, aucune pétition, aucune action des parents d’élève. Mais la mort de ce gosse a provoqué un sursaut des autorités qui ont installé feux rouges et passages protégés. Tout porte à craindre que dans le village, pour faire respecter la limitation à trente que le panneau de signalisation impose - en principe - devant l’école, il faudra ici aussi une victime. Les volets de la maison ont déjà été arrachés par des engins pressés. Les chaos de la route ont envoyé le haut des remorques  arracher le crépi au raz du toit. C’est pas le Dakar, mais il finira par passer là, tellement la « grand rue » est si pleine d’embuches qu’aucun « road book » ne pourra les lister.

Donc ce matin là tu files à Biarritz, presque te mettre à l’abri. Dans le journal t’avais vu qu’il y avait des vents prévus, jusqu’à 80 km/h. Tu pensais faire des photos de vagues jouant avec les rochers. C’était  trois jour avant la tempête Xynthia. Les vagues pour toi, n’étaient que fascination. La télé t’en montre la désolation. Puis quatre jours plus tard, les travaux de reconstitution des plages. Car la magie des vagues, le plaisir de la mer, le besoin vital de vacances, feront mettre les images du drame dans un petit coin de ta mémoire. Juste pour l’adrénaline quand le rouleau te fera plonger.

Ce jour là à Biarritz, mer creusée et vent de terre mènent le bal. La danse patiente ou explosive des surfeurs vaut par l’agitation de l’océan où ils se débattent, et ce brouillard d’écume que le vent pousse derrière les vagues. T’as déjà vu çà cent fois ? Bien sur ! Je ne suis pas sur d’avoir fait bien plus de cent visites à la mer dans toute ma vie, aussi je reçois le spectacle comme il m’est donné. Avec bonheur.

 

 

 

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