22 juin 2010 2 22 /06 /juin /2010 22:01

Belle promenade dans les  gorges de Kakouetta.

 

Entre le foot, les fraudes fiscales et les remises en cause des droits à la retraite, y a-t-il un espace pour vivre, penser, être ?

 gorges de kakoueta - la cascade-12

Te voilà au bout de la terre. Pas le bout, façon fin du monde, mais un fin fond de terre, une terre à peine marquée sur les cartes, une route que depuis quarante ans tu trouves toujours en chantier, route  entre terre labourée, terre éboulée, terre de boue séchée, terre de roches effritées, terre de cailloux fracassés par la chute, et le goudron pauvre que les intempéries effritent, creusent, bossellent, enterrent.

Il y a longtemps tu faisais planer ta vieille Simca de bosse en bosse, comme un surfeur de vague en vague. T’arrivais à Sainte Engrâce.

Ton guide de rando de l’époque disait : « village de bergers entouré de forêts. A l’extrémité de la route, l’église romane. Du cimetière on découvre les gorges d’Ujarre. »

Aujourd’hui, l’orthographe des sites a changé, la carte renomme ces gorges « Ehujarre ». Une de tes premières ballades autonomes où tu t’es planté dans le brouillard. Faudra que tu recherches les photos. Le gite était une sorte de maison avec un plancher de premier étage qui débouchait sur une porte basse donnant sur le flanc de la montagne. Le rez-de-chaussée était un poulailler, et les poules avaient bien du mal à distinguer le plateau de bois qui servait de lit pour une dizaine de randonneurs et l’espace qui leur était dévolu. Pourtant un petit écriteau manuscrit indiquait bien « chambres ». Tu n’es pas retourné à ce gîte, pourtant tu t’es souvent promené là, avec des amis et tes enfants. Pour aller à la passerelle d’Holzarté.

 

Ce mois de mai, tu t’organises pour les vacances, et tout d’un coup les enfants te disent : « ah ! Si vous allez au village, on viendrait bien une semaine, se faire coucouner ! » Trop heureux ! Cinq ans que ton fils n’est pas venu. Et encore, un simple week-end.

 

Tu les accueilles et les premiers mots qui te viennent quand chacun a retrouvé sa place, c’est «  et les retraites ? » Bide total. “Qu’est-ce que tu crois ? Qu’on s’en fout ? Mais attends, dans les boites c’est déjà tellement dur ! Tous les jours, on nous menace, un jour de baisser les salaires, un autre de fermer, ou de nous envoyer à plusieurs milliers de kilomètres. Il n’y a plus d’entretien annuel, plus de critères de révision des salaires, plus de primes ! Le management change sans cesse, ça restructure partout, les urgences sont plus prioritaires que tes objectifs ! Alors la retraite, hein! On verra quand on y sera. C’est assez dur comme ça ! »

 

Après deux jours pour faire le vide, malheureusement  remplis des clameurs de la télé pour le mondial et des suspicions de connivence d’un ministre, tu proposes de faire une ballade sans effort, mais dépaysante, presque hygiénique, au bout du bout de la Soule, près de Ste-Engrace, les gorges de Kakoueta. L’accord obtenu, l’organisation souhaitée se décale doucement dans le temps. D’un départ matinal on transige à un départ juste après le déjeuner.

Faut une heure et quart depuis le village. Ça gaze.

 Tellement longtemps que t’as pas fais de rando, que t’as même pas un petit sac à dos ; Tu mettras en bandoulière ton appareil photo et ton caméscope. Tu ne sais pas lequel tu vas utiliser. En ce moment t’es plutôt photos…

 

Tu n’y connais rien en faune. Pourtant le coin est riche. C’est juin, les fleurs sont partout. Manquent les vautours, que tu avais observés une fois. Ce que tu ne savais pas, c’est que les naissances sont en août. C’est pour ça que t’en avais vu tant.

 

Kakoueta, c’est pas une vraie rando, avec un bon dénivelé, une suée à chaque pas ! Non c’est une ballade dans un espace naturel sécurisé pour les enfants et les adultes fatigués ; Si t’y penses, prends un casque, tu t’égratignes vite.

Mais pendant quelques heures le sujet c’est de profiter du spectacle le long de l’Uhaïtxa, de se laisser assourdir par l’eau dévalant les flancs des gorges, bousculant les galets, pressé de venir grossir le lac du barrage. Il y a aussi les oiseaux. Tu les entends, mais les vois rarement. L’étroitesse des gorges, quelques mètres, répercute les sons, mais les vols sont si haut que tu ne les vois pas.

Vers la fin de la ballade tu retrouves la grande cascade dont on peut faire le tour. C’est le thème d’aujourd’hui.

Une journée sans foot, sans politique, sans plan pour la manif de jeudi.

 

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16 juin 2010 3 16 /06 /juin /2010 21:58

Une rando VTT plutôt exténuante, mais le bonheur de la découverte !

 

collobrières - la verne-06T’avais prévu ce petit sujet sur ce petit coin du Var entre Cogolin et Collobrières. Quand tu pédalais et te racontais des histoires de VTTistes, les images que tu voies à la télé sur le déluge et les inondations, les victimes, impossible de l’envisager. Sur la pente tu verras des plaques pour commémorer les morts  dans les incendies de foret. Mais les torrents de boues !  T’étais passé au Luc, au Muy…

 

Ce samedi, t’avais prévu une belle rando, un peu de route et du VTT sur des chemins de randonnées autour de la Chartreuse de Verne. Au mois d’avril t’avais été surpris par le paysage et les gars à vélo qui se régalaient sur les petites routes sinueuses. Tu les gourmandais.

La veille tu t’étais procuré les cartes IGN compatibles avec ton GPS. Pas facile, la librairie en face de l’Hôtel de Ville de Cogolin t’envoie péter quand tu lui demandes la carte incluant Cogolin. Tu vas à Leclerc, un des avantages de ces petites villes, c’est que tu vas du centre ville au supermarché à pied en moins de cinq minutes. La carte en question nommée « St-Tropez - Ste Maxime » n’est pas non plus en rayon. Le magasin ferme dans moins d’un quart d’heure, tu sollicites la caissière qui vérifie sur son PC : il y en a en réserve. Elle appelle une vendeuse qui court et te la rapporte. C’est la fin de journée, elles font ça avec le souci de te rendre service. Rare.

T’as pu t’installer sous l’ombre d’un platane, attendre l’heure d’un petit frichti en goutant le rosé en terrasse du restau. C’est le lendemain que tu sauras que le rosé c’est pas la bonne dope pour ta forme . Mais il est si frais, tu t’es longuement  crispé le dos sur l’autoroute. Ça te détend.

Tu fixes ton projet, prendre la départementale vers Collobrières, trouver le chemin de randonnée qui monte vers la chartreuse de la Verne, puis te laisser redescendre vers le lac.

 

C’est parti. Ton sac est un peu lourd. Le matériel pour crevaison, la pompe, les céréales , le coupe-vent et les deux litres d’eau. Au dernier moment tu retires le tournevis et la crème solaire. Moins cent grammes, mais toujours plus de cinq kilos avec l’appareil photo. Ça roule !

Le parcours te fait traverser la petite plaine où tu reconnais les domaines du « château St Marc », et « la Giscle ». Tu penses que si tu rentres à temps tu leur fera une petite visite.

 La départementale te conduit doucement aux premiers sous bois du massif des Maures. Chênes lièges et châtaigneraies. Ça commence à grimper sérieusement, pourtant tu te sens tranquille. Quand tu t’arrêtes à la stèle pour une photo du vieux VTTiste, tu te sens fort. T’es pas encore à mi-côte. Le col du Périer est encore loin. Des groupes de cyclistes te dépassent rapidement, parfois un encouragement, le plus souvent sans un regard. En face d’autres groupes dévalent dans le chuintement des  super-bécanes. Parfois trois de front. Le vieux VTTiste dans la côte fait moins de bruit qu’un 4X4. Moins de place pour toi.

Les derniers kilomètres du col commencent à te sembler bien long, 340m c’est pas beaucoup, c’est ton premier de l’année et tu n’avais pas vraiment pu te  préparer. Petite pose pour une photo du lac de la Verne et de la Chartreuse. L’altimètre te dit 310m, ce ne sera plus long. Pourtant tu te traines vraiment.  Le col est là tu te laisses aller dans la petite descente, et au premier virage, le malaise: les deux roues ne veulent pas suivre la même trajectoire. Tu secoues la bécane, t’as l’impression de plier le cadre. Tu stoppes. Tu tapes sur les roues si elles sont bien bloquées. Oui mais l’arrière est presque à plat ! La veille, t’avais préparé sans te rendre compte de rien. Surement une crevaison lente, si ça a tenu jusque là un petit coup de pompe devrait suffire.

 

Voilà Capelude, c’est ton premier choix pour ta rando vers la Chartreuse. T’hésites. Il est passé midi, si tu dois réparer, avec les 200m à remonter dans la caillasse tu ne seras pas à la Môle avant trois ou quatre heures. Peut être vaut mieux manger avant, et si la roue ne tient pas, simplifier ta ballade Direction Collobrières.

Il faut remonter sévère. Plus de 410m. Tu penses qu’au retour tu devras le refaire. Encore un quart d’heure avant de pouvoir te laisser descendre vers Collobrières, sans forcer, ta vigilance surveille ta tenue de route.

Collobrières. Sur la place derrière la Mairie trois restaus, un bar à tapas. Va pour une planchette « maison ». A l’énoncé de ce qu’il y a dessus, tu fais enlever les figatelles et le fromage corse.

-« Vous ne préférez pas une planchette italienne ? »

-         ?

-         « c’est de la charcuterie italienne, des légumes préparés et de la mozarella »

-         « pas de mozarella, pas de fromage … servez-moi une bière et une carafe d’eau. Merci»

Pendant deux jours tu demanderas la fameuse carafe d’eau. Jamais tu ne pourras l’obtenir. Tu ne vas quand même pas téléphoner à la gendarmerie pour obtenir une carafe d’eau ! Le gars préfère t’amener un verre d’eau tiédi qu’une carafe d’eau fraiche. Tu renouvelles ta demande :  -« San-Pé ou Vittel ? » Rien à dire, c’est des pros : pas un mot d’agacement, mais pas de carafe d’eau !

 

Sur la place, le petit banc sous la fontaine, tu t’y installes et te prépares à changer la chambre à air. Dans le sac tu prends les démonte-pneus, les deux chambres de secours. Zut ! T’avais oublié, tu les avais déjà réparées. Les rustines aujourd’hui (d’ailleurs c’est plus des « rustines », vulcanisent mal. Même si t’as contrôlé, t’aimes pas les mettre si loin du  retour. Tu décides de garder la chambre qui perd. Tu vas gonfler toutes les demi-heures. A bloc !

collobrières - la verne-10T’en profites pour faire un petit tour de découverte. A vélo, parcourir toutes les petites rues ne prend pas de temps. Tu repasses devant la fabrique de marrons glacés si bons, vu la chaleur c’est pas le moment d’en ajouter dans le sac à dos. Près de l’église tu t’arrêtes devant un grand panneau expliquant les sentiers de randonnées, le Gr 90, le sentier découverte. Les deux chemins t’éloignent de ton plan initial. Mais faut voir.

Tu comprends vite : une demi-heure de montée à plus de quinze pour cent. Ta cuisse n’y résiste pas. T’as peur d’un retour de la tendinite. Pause, bidon d’eau, nouvelle lecture de la carte, retour au plan de départ.

Tu remontes sans forcer le col de Taillude à 411m.  Sans forcer, c’est aussi pas très vite. Le temps passe. Tu hésites, mais tu t’engages sur le chemin de la Chartreuse, et entreprends la descente vers le lac de la Verne. Tu croises des randonneurs à pied, sac à dos et makilas. Ils pensent que tu en as pour plus d’heure pour arriver au lac. Tu renonces. Refais les 7 km pour retrouver la route et bataille une dernière fois avec le col du Périer. Zut, penser à regonfler !

Plus que vingt bornes et t’y seras.

Ton odomètre est content de toi. Plus de onze cent mètres de dénivelés, Soixante dix km, près de six heures sur la selle. La douche est une vraie récompense. Mais demain t’y retournes, tu simplifieras en passant par Capelude.

 

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15 juin 2010 2 15 /06 /juin /2010 21:48

Cogolin ville du coq!

cogolin-07Ouf ! Encore sept cent cinquante bornes, ouf ! T’es content d’être arrivé. T’avais pu éviter le gîte inconfortable de ton premier séjour, paumé entre un bois et une exploitation vinicole. Au milieu de la ville tu peux faire un petit tour à la tombée de la nuit, avant de te restaurer à la pizzéria Del Sol. Peut-être pensais-tu avoir fait des photos de la ville lors de ton précédent passage, mais quand tu regardes ce soir tu ne retrouves que quelques clichés façon  « note mémo ».

Au deuxième passage, ce qui te paraissait un gentil délire kitch : le symbole du « coq », d’où Cogolin tire son nom,  s’avère un motif de décor lourdingue, répétitif et pompier.

L’autre fois, c’était la semaine de Pâques et les pâtissiers avaient fait des prouesses de déclinaison du motif du coq dans toutes les postures et coloriages. Sur le chocolat, ça avait un effet bœuf !

Dans les guides on t’explique que c’est un coq accompagnant la dépouille d’un martyre  trouvé sur la plage de la baie proche, un certain Torpes, qui est à l’origine de la ville, de son nom. Dans chaque boutique la déco est « coq » !

Notre déambulation à la recherche de décontraction et de fraicheur nous amena devant le musée Raimu et dans cette pizzéria dont le proprio a bien voulu que tu photographies le décor renouvelé récemment. Juste un seul coq. Autrement le style est résolument américain, avec des détails qui touchent un gars intéressé à retrouver des objets d’enfance tel ce pulvérisateur de fly-tox, avec lequel il a mené des combats acharnés contre les insectes, et ce train électrique qui anime l’espace du plafond.

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10 juin 2010 4 10 /06 /juin /2010 13:03

Sare, premier passage en 1989.

 

sare et la rhune-24Il n’y avait que trois ans que tu avais racheté un vélo. Ton précédant acheté en 74, un super Mercier pour faire le tour de France, t’a été volé dans ta cave. T’en n’avais pas assez profité. Tu t’étais fait vraiment plaisir en achetant une bécane de cette qualité, mais en moins de deux ans tu ne l'auras pas usée. Il y a comme ça des gens aux aguets…

T’étais redevenu footing, tu t’étais inscrit dans un club de foot, et le samedi le ballon rond et les coups dans les tibias te suffisaient. Un peu de rando l’été, coté Pic du midi d’Ossau, laissant la garde des enfants à leurs grands parents. Plus de vélo pendant longtemps. Et puis les vacances sont si courtes que tu préférais rester en famille. Quand les enfants commencent à grandir c’est la bonne occasion pour renouer avec ce qui est une part indissociable de ta personnalité : le vélo.

Cette année là, la base de vacance c’est Socoa. T’as invité tes parents et les a installés dans un petit studio au bord de l’Unxin. La plage est facile, les enfants peuvent se débrouiller. Un petit traiteur au pied de l’immeuble simplifie les problèmes d’intendance. T’en profites pour renouer tes rêves cyclistes. Une ou deux fois un parcours court mais musclé, monter à Ibardin. Puis tu te lances dans "la grande aventure " : Urugne, Ascain, Sare, st Pée et retour par St Jean de Luz. C’est un tour classique pour tous les amoureux de la petite reine. Mais pour toi qui n’avait que quelques centaines de km dans les jambes cette année là, un vrai débutant, quoi ! Ça a  été rude ! Les deniers km étaient interminables.

C’est comme ça que tu es passé à Sare la première fois. Coup de foudre ! T’y reviens régulièrement. Un jour t’as même craqué pour un tableau à la sanguine qui représente une maison et le mur du cimetière. J’ai mis une photo d’à peu près le sujet. T’y ramèneras ton vieux père dix ans après, arque bouté sur sa cane qui n’attendait qu’une chose que tu le ramènes pour qu’il s’allonge. Mais  t’avais tellement de plaisir à lui montrer que tu ne sentais pas sa difficulté…

 

C’est devenu à la mode et très fréquenté. Ce mois de juin, il n’y a pas trop de monde. Les touristes s’informent sur la meilleure façon de monter à la Rhune. Certains opteront pour le petit train. D’autres se donnent rendez-vous pour le GR.

 

Dans le vieux bureau où je suis, je retrouve un vieux guide vert des années 50. pas de photos, que des gravures. Ce petit texte de deux lignes pour Sare :

 

« Joli village que Pierre Loti a décrit dans Ramuntcho. En octobre Sare est un centre de chasse à la palombe. »

 

C’est pas le genre de description qui t'engage à un détour ! Rien sur le village, l’église, les maisons basques typiques. Bien sur elles ont été restaurées depuis la publication du guide…

 

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8 juin 2010 2 08 /06 /juin /2010 21:37

Un jour de fête à St Pée sur Nivelle, un jour de boue au bord de la Bidouze.

 

Tour du lac d st Pée sur Nivelle-05Hier c’était jour de fête. Petite fête privée, et un retour sur les bons coins d’hier. Tu te rappelles bien ce qui a déclenché ce bonheur des ballades dans le pays basque. Un matin ta fille te demande de l’amener chez une amie dont les parents ont une petite location en haut de Ciboure. St Jean de Luz, Ciboure, tu ne connaissais pas. C’est la fin des années 80. Tu venais dans la région depuis longtemps : une seule visite « familiale » à st Jean de Luz, en vingt ans de passage, tu n’étais jamais allé en centre ville, sur le port, sur la plage. Ce jour là t’en prends plein la tronche. Que c’est beau ! Bien sur, tu n’auras de cesse d’essayer d’y retourner, mais tu comprends vite que c’est pas dans tes moyens. Tu trouveras à t’arranger pas trop loin et à profiter un peu du site

C’est en cherchant un gîte que tu passeras ta première journée à St Pée sur Nivelle. Là non plus, en période de vacances scolaires, faut rien espérer ! C’est le gîte OU les vacances. T’abandonnes. Tu repasseras quand même pour un pique-nique familial  au bord du lac. Une vraiment bonne journée.

Pendant les années qui suivent, tu laisses tes enfants à la plage, et toi tu pédales, Sare, Ibardin, Ainhoa, Hendaye. Souvent tu roulais presque toute la journée…

Tu revisites le coin.  Hier donc.

De st Pée, je ne garde que les photos des canards et des oies du lac. Nous n’étions pas dix à profiter du site. Mais le parking est devenu payant ! C’est juste 50% du prix des Champs-zé.

Ça te fait la photo de l’oie au même prix que les petits chiffons de chez Givenchy.


Ce matin le vieux VTTiste se remet en selle. Déjà quatre bonnes ballades depuis l’arrivée au village,  il opte pour un tour rapide sur les berges de la Bidouze entre Bergouey et Came. Tu ne prends pas tes cartes, t’as déjà fait la balade plusieurs fois. Le ciel est mitigé, la confiance revient quand tu croises ou te fait dépasser par de nombreux cyclistes. Pas que des retraités. La route de Bergouey est classique, tu te laisses aller dans la descente vers le vieux pont et juste avant le moulin tu prends la route qui deviendra un chemin longeant la Bidouze. La partie empierrée passe vite, tu retrouves la terre et les ornières. T’en passes deux sans poser le pied, mais la troisième tu t’enfonces et ta pédale butte. Pas grave, c’est pas là qu’est l’enjeu. C’est la dernière montée vers Came. Cependant,  au bout d’un long chemin boueux enserré des hautes herbes et de ronces, tu ne retrouveras pas le passage. Ce début juin tu réalises que le décor a encore changé. Là où tu avais vu cet hiver, des chaumes de maïs à l’abandon, un homme et un jeune enfant (9 ou 10 ans) tendent des fils de fer au-dessus de piquets ouvragés comme des madriers. Dessous des plants de Kiwi tout jeunes. T’es surpris de voir ce gamin à califourchon sur une échelle à plus de deux mètres de haut, en train de tirer sur le fil. Tu réalises qu’on est mardi et qu’il devrait être à l’école, plutôt que jouer les funambules. Tu referas le dernier km deux fois.  Repasseras par quelques pâtures, mais non! Le chemin que tu avais pris, il y a trois ou quatre ans n’est plus visible. Tu rentreras tranquillement te promettant de revenir avec la carte et le GPS. Il faudra pourtant que tu repatauges un peu, et que tu te colles cette cote abrupte du chemin forestier pour te poser sur le bitume. Finalement, est-ce que tu ne t’es pas paumé pour écourter un peu la ballade ? 

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6 juin 2010 7 06 /06 /juin /2010 21:06

Quelques images des souvenirs vendus, vieux wagons, images nostalgiques

 les wagons et le train de la ferté st aubin-26

Tu lis dans le journal ce matin que les wagons exposés dans le parc du château de la Ferté st Aubin ont été vendus aux enchères. T’imagines bien qu’une propriété comme celle là, les chambres d’hôte et la vente des confitures maison ne doivent pas suffire pour le compte d’exploitation. C’est fini le temps des aristos qu’on envoyait à la lanterne. Les personnes qui t’ont loué cette chambre et permis de te promener dans le parc, d ‘avoir le frisson de monter dans ces vieux wagons, c’est des entrepreneurs qui bossent. Mais c’est une usine ce parc, ce château, il y a du monde, il faut de la thune.

Comme tu t’es bien amusé de revivre l’ambiance de vieux films, en parcourant les couloirs des wagons, en rejouant la « bête humaine » devant les cadrans de la loco, ce n'est pas sans une petite émotion que tu apprends que plusieurs de ces wagons viennent d’être vendus.

Il y a un an, c’était le plaisir de la découverte. Aujourd’hui c’est un peu comme si dans ton souvenir, un joli jouet s’était cassé…

 

Voir aussi: La Ferté St Aubin, Chateau et promenade

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5 juin 2010 6 05 /06 /juin /2010 21:19

Un marché que tu aimes !

le marché de peyehorade-17Curieux ce besoin, dès que tu arrives au village, de guetter le mercredi pour aller au marché de Peyrehorade. A Paris, ton marché est présent tous les jours, tu sorts du métro, tu le traverses ou tu t’y arrêtes, pour deux pommes, une tranche de jambon, un camembert au lai cru. Au village, t’avais pris les habitudes de faire tes courses au supermarché. Tu ne peux imaginer la déception des salades défraichies tant par le frigo que par tous ceux qui les avaient retournées puis reposées, les fruits pas murs et « frigorifiés ». Tu ne t’y faisais pas. Quand as-tu entendu parler du marché de Peyrehorade ? Tu ne sais plus, mais ce que tu sais, c’est que le mercredi, il n’y a pas vélo, il y a marché. T’as testé les marchés environnant, Salies, St Palais, même Anglet. Sur la plupart tu retrouves les mêmes commerçant. C’est la diversité, leur nombre, et cette ambiance si particulière qui rendent celui de Peyrehorade le plus attrayant. Par contre n’y cherche pas un boucher ! Du porc, du canard, il y en a partout. Un boucher pour un steak ou une épaule d’agneau, faut recourir à la boutique traditionnelle. Mais bon, tu trouves toujours ton compte et parfois plus que tu ne pensais acheter : la tentation par l’offre profuse, les couleurs, et la façon si typée de t’encourager pour te laisser aller.

Depuis quelques temps, le marché s’est enrichi des vendeurs d’épices et olives, des plats cuisinés chinois ou indiens. Le confit c’est bon, mais un biriani ou un riz cantonnais aussi.

Je ne sais plus si j’ai mis des photos de Peyrehorade sur ce blog. C’était un de mes points de passage réguliers quand il y a longtemps, mes ballades à vélo étaient guidées par le compteur de vitesse. Une boucle rapide en une heure ou une heure et demi. Juste pédaler, le dos rond, les mains crispées sur le guidon. Maintenant le VTT te fait passer hors des routes rapides, et te suggères des moments détendus, l’occasion d’une photo. Des fois ça t’encombre, mais quand tu fais ton plan pour un coin où tu n’es jamais passé, il est indispensable.

Et puis avant le numérique, la photo, c’était la famille, les voyages. Maintenant c’est ta collection de souvenirs. A un moment, c’est tout ce qu’il te reste.

Donc le marché de Peyrehorade est une excellente opportunité de respirer les marchés de ton enfance, celle où tu découvrais les couleurs des fruits, les parfums des légumes, les qualités de chacun répétés aux dix clients patientant dans la fille et qui demandaient comment ils sont ? Depuis que ton primeur est chinois, tu as compris à ses réponses évasives qu’il n’a pas gouté ce qu’il vend, il est parfois décontenancé par la question  d’une jeune femme en veine de faire un petit menu "surprise" à son chéri, qui l’interroge sur la façon de le cuire,  à qui il répond qu’il ne sait pas comment ce légume se prépare ou se mange…

 

Si c’était le site magnifique des bords du gave qui te rendait le marché de Peyrehorade si magique ?

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2 juin 2010 3 02 /06 /juin /2010 22:00

Le bauma

le bauma 1

Au début il y avait une friche.

Enfin, pas le début du début.

Le début de la retraite de ton beau-père.

Parce qu’avant ce début là, c’était une fin.

Une enclave entre maïs et pâture, qui servait de repoussoir.

On y repoussait les cailloux ;

On y repoussait les branches tombées, les arbres cassés.

N’y poussait que les ronces, les fougères et au milieu quelques fraises des bois.

Pour y semer des escargots sous quelques vieilles tuiles, il a fallu enlever les cailloux, les branches pourries, les troncs tordus, les ronces  griffues et les fougères denses.

Mais les fraises des bois ont aussitôt disparu.

Quelques années plus tard, les escargots aussi.

Restait une friche.

Mais une friche fauchée, ratissée, retaillée. Clean quoi ! Propre sur elle.

Pas à l’abandon.

Et visitée.

Sur deux plots de béton, une vieille planche longtemps fut  le seul banc.

Sous un noisetier.

Il y avait un chêne aussi.

Un arbre qui s’était planté là, à la croisée des chemins.

Un arbre sans prétention.

On n’y fait pas attention.

Sauf les maïs qui ne supportent pas.

Trop d’ombre

Trop de gène pour les machines

Comment fut-il sauvé ? Su-t-il jamais qu’il était condamné ?

Mais il est là.

La menace l’a rendu visible.

Il veille sur le bauma.

Le bauma ? Qu’est-ce que c’est que ça ?

C’est un espace délimité où chacun peut s’arrêter.

Un espace rond où tu es protégé.

Un espace ouvert d’où tu peux contempler le réel.

Un espace de pierres qui te rassure.

Tu peux fermer les yeux et rentrer en toi-même.

Une autre profondeur sans vertige ni pression.

Un cercle pour calculer les racines carrées.

Le rayon du cercle, le centre du cercle, l’arc de cercle, la circonférence de pierres

C’est ton centre, espace fermé, avec cette ouverture

Tu te projettes,

Tu te recentres,

Tu t’assois 

Tu contemples

A qui penses-tu ? Ou à quoi ?

Tu peux parler, à peine dire, retenir un mot, lâcher un soupir,

Espérer.

Espérer quoi ?

Tout !

Même si tu n’y as pas pensé.

Espérer tout !

Tout, ce n’est pas n’importe quoi quand on y pense.

Penser à rien !

Juste être.

Ne pas être rien, exister.

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31 mai 2010 1 31 /05 /mai /2010 07:36

Château – Parc – Petite gare et musée du train

 

La ferté st Aubin-20Il y a un an, un regroupement familial, nous faisait nous installer deux jours dans un bâtiment annexe du château, des chambres d’hôte pleines de charme. Pouvoir s’éveiller et profiter dès le matin de l’ombre du parc. Entendre les chevaux, les oies, voilà qui te donne un coté faussement campagne, un peu kitch et bien  agréable. Tu peux te promener dans le parc assez grand, et entre les pièces d’eau découvrir la vieille gare reconstituée du début du XX ème siècle avec quelques wagons désaffectés et une loco vapeur où tu prends la place du chauffeur. Retour en enfance garanti.

Accentué encore si tu visites les combles, où sous les charpentes admirables, un petit fourre-tout de vieilleries te reconstruit ici ta classe des années 50 et là rassemble les vieux outils des charpentiers.

 

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28 mai 2010 5 28 /05 /mai /2010 09:19

T’étais à la manif hier à Paris, le 27 mai 2010, entre Denfert et la Bastille, par le boulevard st Jacques et le pont d'Austerlitz.

 

manif retraites 27 mai 10 --19C'est vrai, il n'y avait pas le frémissemnt de la grande manif de 1995, la dernière à laquelle tu avais participé. C'est vrai que place Denfert-Rochereau, il n'y avait pas dans l'heure précédant le départ la bousculade des grands jours. Le décor était bien planté, mais les petits groupes étaient chacun dans leur coin. Les leaders de la manif étaient rassemblés depuis longtemps boulevard st Jacques, sous leurs drapeaux, devant les caméras et micros de toutes sortes. La pluie et la fraicheur n'entammaient pas l'enthousiasme de la volonté exprimée. Quand toute la manif s'étirera boulevard de l'Hôpital, tu ne penses pas qu'il y ait plus de monde qu'à une sortie de match au Stade de France...Est-ce les parapluies?


 Aujourd’hui tu n’es plus affilié à aucun syndicat. T’avais démissionné en 82 quand Mauroy avait lancé les « 39h00 ». A l’époque déjà, la question était de pouvoir ne faire que quarante heures, pas d’être harceler par des objectifs intenables qui te pourrissaient tes soirées, ton week-end.. Pour la retraite à soixante ans tu n’as pas varié, et aujourd’hui où tu en bénéficies, t’imagines le calvaire que ça risque d’être pour ceux qui ne pourront pas en profiter. Tu penses à tes gosses, pour qui les trente-cinq heures c’est ce qu’ils ont fini le mercredi soir, et il reste deux jours à tirer…

manif retraites 27 mai 10 --34Notre génération est née avec la Sécu. Les réacs ont toujours été contre, dès sa naissance, les régimes spéciaux, et pas que dans le train, font flores. Chacun sa « caisse de retraite ».  Jusqu’à ce qu’en 1975, ils rentrent pour la plupart dans le giron mère de la Sécu. Bien sur c’est le régime général, nous,  les salariés, qui compense les pertes de ces régimes déficitaires, qui  ne cotisaient pas suffisamment et dont la population active a diminué rapidement. En 1976, les retraites ont augmenté, ce qui n’était que justice, mais c’est sur tes cotisations que ça a fait mal.


T’étais jeune, t’avais confiance en toi, ton salaire avait doublé sur les cinq dernières années ( mais l’inflation en 74-76 était autour de 10%.) Fin 73 ton père est mis à la retraite d’office, une vieille blessure le handicape.  Il doit quitter Paris et s’en retourner dans la maison qui l’a vu naitre en Franche-Comté. Il a encore quatre enfants à charge. Les trois plus jeunes intégreront le village, celui de vingt ans reste à Paris pour finir ses études. Seulement c’est pas avec sa retraite qu’il peut payer les traites de la maison, les charges scolaires, la chambre de bonne pour le « parisien ». Il faut retravailler. N’oublie pas que les boulots d’avant la guerre étaient plus ou moins déclarés aux « assurances sociales ». Journalier à 14 ans, t’avais même pas de bulletin de paye ! Notre mère avec ses huit enfants avait de quoi s’occuper. Mais jusqu’à la fin des années 40, elle avait travaillé comme « employée de maison » (bonne) chez divers particuliers. Quand mon père décèdera, sans la réversion de sa pension, c’est pas sa retraite sur les années 35/50 qui allait la nourrir !

 Commencent donc, deux années terribles et épuisantes pour ton père. Préparer la gamelle le soir, le quart de vin, la thermo de café. A quatre heures, chaque matin, par tous les temps, une heure de bagnole pour arriver juste à temps à la pointeuse. Il s’était installé un thermomètre extérieur qui sonnait quand il gelait dehors. Il se levait, vérifiait les risques de verglas, et avançait en conséquence son heure de réveil.

Alors quand les retraites sont revalorisées, il peut s’arrêter définitivement. Soulagement. Une deuxième vie commençait. Peut-être sa meilleure part ?


Tu comprends  ma reconnaissance pour « notre Sécu », même si les cotisations faut les sortir !

Ils ont beau dire que l’espérance de vie augmente, mais on se l’est gagné cette espérance de vie. C’est aussi nos cotisations à l’assurance maladie. Je t’ai déjà dit ma fierté de cotiser à la CMU. Par contre,  la solidarité ne peut porter uniquement sur les salaires, puisque la part des salaires dans le revenu national baisse au profit des financiers qui ne produisent aucun bien ni service.

T’as qu’une crainte : que les intérêts particuliers ou corporatistes, les financiers ne viennent à bout de cette formidable organisation qui nous relie. Je t’ai déjà dit comment les « statuts » de quelques-uns contribuent à la précarité des autres. Faudrait pas que ça dégénère en ressentiment sourd. Que trop d’entre nous s’imagine perdants, exclus. Alors le chacun pour soi va favoriser la pire pieuvre financière : les fonds de pension. Là t’es mort. Après avoir détruit le tissu industriel de notre  pays, transférer nos savoir-faire en Chine ou en Inde, y avoir mis tes économies supposées ; t’imagines que les Chinois et les autres peuples que les investissements enrichissent, vont laisser les fonds de pension rapatrier les royalties pour ta petite retraite dans vingt ou trente ans ? Fais pas le pari ! Bas toi pour ta retraite ici et maintenant.

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