Deuxième rando VTT dans la Chartreuse de la Verne.
- Qu’est-ce que tu fais sur ton PC par ce beau temps ? Tu
devrais être à la plage ? Non ?
- T’as raison, mais j’ai un contretemps.
- Un vieux VTTiste en retraite ! Un
contretemps ?
- Regarde mon pied, je me suis fais niaquer par un
chien !
- Ça n’a pas l’air trop grave, non ?
- D’accord, mais ce n’est pas encore cicatrisé, les antibios me
bouffent les intestins, j’ai pas vraiment d’énergie…
- Dis, l’autre jour ta ballade vers les sources de la Bidouze,
ça avait l’air d’être petit, non ?
- Comment petit ?
- T’as un paragraphe où t’as mis "petit" dans toutes les
phrases, presque dans toutes les lignes, alors c’était forcément petit, petit !
- La moquerie, toujours la moquerie ! C’était une petite
ballade, sans prétention. Vrai ! Pourtant un bon moment passé avec ma petite femme ! Longtemps qu’on ne s’était pas retrouvé tous les deux dans une ballade.
- C’est comme pour le chien : au moins six mois qu’elle n’a
pas utilisé le vélo, on fait un grand tour, vers la Bidouze au Bec du Gave. Deux trois bonnes cotes, mais deux heures à pédaler gentiment. Sur que si j’avais pédalé plus vite, le chien n’aurait
pas eu le temps de me surprendre.
- C’est quoi ton sujet maintenant ?
- Rien d’extraordinaire, c’est ma deuxième journée VTT depuis
Cogolin. Le premier jour j’avais fais Collobrières – Chartreuse de la Verne. J’avais prévu de descendre jusqu’au lac de la Verne par le sentier. Et puis avec cette crevaison j’avais laissé
tomber.
- T’as toujours quelque chose !
- Facile !
La veille au soir, avant tout, t’es passé à Leclerc acheter une chambre à air neuve. T’es agacé parce qu’ils ne
font qu’un seul modèle. Comme quand t’achètes des chaussettes qui font du 36 au 46, quelle que soit ta pointure, tu sais que ça n’ira pas. Quand t’as pas le choix…Avant de te coucher, tu
répares.
Dès neuf heures t’es en route, il te faut une bonne dizaine de kilomètre pour oublier la fatigue de la veille.
T’as décidé de simplifier ton tour, tu ne remonteras pas à la Chartreuse, t’as repéré le chemin qui descend de Capelude. Tu reprends donc ta montée. Très tranquillement. Tu retrouves sur la route
une quantité de criquets qui s’y font écraser joyeusement. Ça, c’est un truc que t’avais jamais vu. Par centaines ils traversent ou se délectent du cadavre frais d’un écrasé, en rond, huit ou
dix, comme à la mangeoire. T’as beau essayé d’éviter, t’en attrapes toujours un qui se colle aux crampons et fait deux trois tours de roue, puis bien écrabouillé, la tâche gluante s’essuie
lentement sur le goudron. Comme les scarabées ou les hannetons ! Ce matin, moins de scarabées qu’hier. Avec leurs carapaces dorées qui polarise la lumière du soleil et te renvoie d’un coté le
rouge, de l’autre le vert. A certains passages, ils remplacent les criquets, et même si plus rapides, la carapace craque dur sous les crampons… Les hannetons, c’était le soir en descendant de la
Verne. Ils volaient nombreux et te percutaient sans vergogne. Sur le casque ça allait encore, mais quand ça tapait sur le front ou l’arcade, ton sursaut te faisait zigzaguer
dangereusement.
Ta femme t’avait raconté la veille son piquenique sous les arbres rapidement interrompu par une invasion de
chenilles urticantes qui tombaient des arbres. Elles descendaient lentement suspendues à un fil de soie qui les retenait, puis tombaient dans les assiettes ou sur les bras des stagiaires. Jolie
pagaille.
Quand tu te lances dans le chemin depuis Capelude, tu te mets à surveiller au-dessus de toi. Parfois au denier
moment t’en repères une à hauteur du visage. Blocage des freins et évitement. Tu viens de te payer une jolie descente, bien cassante, quand tu croises un couple qui souffle un peu. Ils viennent
du lac. Font le parcours dans le sens opposé au tien. Ils t’annoncent que ça ne remonte plus beaucoup, et que jusqu’à la Môle, c’est tout en descente. C’est bien ce que tu avais espéré. Tu leur
expliques que jusqu’à Capelude, ils ont au moins 200 m de dénivelé, pas facile en VTT du fait des pierres et de la pente. Ils sont jeunes, ils passeront !
Un peu plus loin tu rejoins le lit d’un gros ruisseau. Le Capelude, lui aussi. Une dernière bosse et tu
surplombe l’extrémité du lac de la Verne. Tu croises des randonneurs joyeux : bonnes chaussures, bâtons de marche, sac à dos léger pour deux ou trois. Il est près de treize
heures.
Quelques photos rapides et tu presses l’allure pour arriver à la Môle avant que les cuistots aient fini leur
journée.
Repu, tu finiras ta boucle en passant par les chemins qui longent la bordure du massif des Maures de l’autre
coté du cours de la Môle, bien séparés de la grand-route par plusieurs centaines de mètres. Tu chemines devant les bassins asséchés prévus pour luter contre les incendies. Vu la boue de feuilles
mortes, ici et là. Faudra compter sur la pluie…
Les orages seront là deux jours plus tard. Et méchants !
Tu finiras ta journée au bord de la grande bleue à Sainte Maxime. Soirée agréable, il n’y a pas encore la grande
foule.
Précédant:
Collobrières