Le marché de la Chapelle - Rue de l’Olive à Paris dans le XVIII ème
La passion du marché.
Il faut, comme toi, avoir été trainé sur les marchés par ta maman alors que t’étais tout juste un petit garçon, pour avoir noué avec eux cette passion qui t’y fait y
aller tous les jours.
Quand t’es en vacances, tu trouves toujours un marché. A Peyrehorade par exemple, quand t’es dans la région, t’y vas chaque semaine…
Enfant, t’as parcouru deux marchés, un à Levallois, où il y avait de tout, en plus des légumes et de la viande. Souvent ta mère t’habillait là. Je ne sais pas ce qu’il est devenu, un Leclerc s’était installé pas loin, et il a périclité en quelques semaines.
L’autre était rue Bayen, dans le XVII ème. Des fois on y passait en revenant de l’école rue Laugier. Il est resté fermé longtemps pour réhabilitation, et quand tu l’as retrouvé, tu ne l’as pas reconnu.
Le marché de ton enfance c’est vraiment celui de Levallois. Quand t’as eu tes onze / douze ans, ta mère t’y envoyais. Tu l’avais si souvent accompagnée. Là c’est bien pour les fruits, surtout les oranges. Mais tu vois, celles là, il ne faut pas les prendre : vas-y, choisis. C’est bien, !
Ici pour les salades, les champignons, et les légumes c’était la dame avec sa charrette avec les roues en bois, la balance à plateaux qui ne tenait pas en équilibre, les poids en cuivre dont tu ne savais jamais ce qu’ils mesuraient. Parfois la « marchande » mettait un poids avec les légumes pour mesurer plus juste… Les choux, les pommes de terre, les carottes. Régulièrement il y avait des salsifis, des crosnes. Ou les bettes à cote.
La viande, ce n’était pas souvent, alors au boucher en bas de la rue. Le charcutier, c’était pour un dimanche, la palette fumée, avec une choucroute.
Tout doucement t’es devenu celui qui fait les courses. On était une grande famille, et des légumes il en fallait ! L’avantage du lycée, c’est qu’il y avait peu d’heures de cours. Donc d’un pas rapide, tu faisais le marché. T’avais juste les sous qu’il fallait, pas de marge. Des fois le billet était un peu gros, ta maman n’avait pas de monnaie, et tu dépassais, une fois pour des bananes, une fois pour des fraises. Çà tanguait au retour ! Ensuite fallait faire gaffe !
Ce mardi 7 septembre, le marché de la Chapelle ouvrait dans son espace traditionnel, réhabilité. Avant tu disais marché de l’Olive. Mais t’ignorais que pour l’état civil, le patronyme du marché était « La Chapelle ». L’Olive t’allait mieux. Probable aussi qu’il était moins bien identifiable…
T'es tombé sur ce marché en 1974. Pas un exploit, non ! Usé par le tour de toutes les banlieues de Paris pour trouver un appart, de guerre lasse, tellement ça n’allait pas, tu t’es remis à regarder Paris. Pas les soit disant beaux quartiers, non un Paris où on peut vivre. Jeune homme t’allait à « l’alpha » comme on disait, rue Stephenson ou salle st Bruno. Alors, quand tu trouves rue de la Chapelle, tu t’installes. Tu te déplaceras un peu, mais ton quartier est là, près du marché.
De ce premier samedi de courses dans ce « nouveau marché », tu ne te souviens pas. T’avais choisi tes commerçants non pas sur les produits ou les étiquettes, mais parce qu’ils te faisaient penser à ceux que tu avais connus, gamin. Le plus souvent c’est leur attitude qui te les fait quitter pour en chercher un autre chez qui tu restes détendu. Faire ses courses doit rester un moment de plaisir. Sinon, autant aller au super marché. Ton gamin tu l’as amené souvent, il ne voulait pas y aller seul, comme t’avais pu le faire. Surement la timidité, mais aussi la brusquerie du questionnement quand il n’était pas sur de ce qu’il devait demander, et l’impatience des adultes derrière, pressés, qui prenaient son tour en attendant qu’il sache ce qu’il voulait. Maintenant il se débrouille, bien sur, et dans la passion qu’il met à t’expliquer comment son fromager est ci ou ça, le choix de ses primeurs, comment il les a cuisinés, et son bourguignon qui a épaté les copains, tu comprends qu’il a reçu la culture du « marché » et que cela façonne son identité, sa singularité. La pizza si pratique, un soir de retour de fac, a rejoint ses accessoires d’enfant.
Le marché s’est renouvelé. Quand tu regardes une vidéo faite en 2000, tu vois les changements. Qui reste de cette époque ? Tu ne regardais pas les commerçants comme aujourd’hui. Tu ne sais plus. Tu n’achètes plus pareil. Chaque nouveau commerçant t’entraine à découvrir d’autres saveurs. Tu passes de l’un à l’autre plus par envie d’ailleurs que par déception. Tu reviens, tu repars.
La retraite a changé ton regard. Le marché, tu y passes tous les jours. Souvent cinq minutes, juste pour un repas. Mais tu aimes promener ton regard le long des éventaires, tu entends ta maman te dire, « à oui ! Ça serait bon, mais pour midi on n’a pas le temps, pour demain ça t’irait ? » Dans ta tête tu fais "oui", encore. T’achètes toujours trop, en pensant à demain…
Des photos de ce premier jour du nouveau marché de la Chapelle, veulent ajouter à la convivialité du lieu. Ce premier mardi, peu de monde vers neuf heures. Le vrai lancement c’est ce week end.
P..S. Dans la page accessible dans la colonne, « le marché de la chapelle » j’ajourerai les diaporamas sur le marché.