Où la balade en canot te fait découvrir bien plus que des temples.
Au milieu de cette journée un peu longue, en bus entre le Vietnam et le Cambodge, tu pourrais te demander si une heure et demi
de canot sous le cagnard pour voir un temple en ruine, ça vaut la peine. Réfléchis pas, c'est un des plus beaux moments du voyage, une des sensations les plus fortes et les plus vraies.
Les temples, s'ils ont passé les siècles, s'ils nous racontent les mythes, les croyances, les coutumes d'il y a mille ans, ce
que nous voyons pendant ces trois heures, c'est les enfants d'aujourd'hui dans leur environnement, leurs sourires. Ils ont la vie devant eux.
Quelques images aussi des parents au travail. Dans la rizière, dans l'eau, le marchéage, les récoltes à transporter.
Si, notre jeune guide, explique, que le mois précédent, avec le groupe qu'elle conduisait, il y avait de l'eau jusqu'au pied de
l'escalier. On ne voyait que de l'eau. Dès que l'eau a baissé, ils se sont dépêchés de semer, de repiquer le riz. Labourer c'est le plus souvent le travail des hommes. Mais le repiquage, dans
l'eau toute la journée, avec les serpents, les sangsues, c'est toujours le travail des femmes. Pliées en deux, une moitié du corps toujours immergée.
Donc nous sommes au pied d'une colline « Phnom » en cambodgien. « Da », c'est le nom du temple.
Au pied de l'escalier le serpent Naga ou Naja, le gardien du temple. Le temple est du VII ème siècle. C'est le début de l'art
Khmer. Si nous explique :
Donc, le territoire était divisé en deux parties, le monde de la terre, le monde de l'eau. Dans tout le delta du Mékong, de
Phnom Penh à la mer de Chine (c'est le Vietnam maintenant, mais avant c'était le Cambodge), s'étend le « monde de l'eau ». L'autre part, qui remonte au sud de la Thaïlande, et jusque au
Laos, c'était « le monde de la terre ». La légende ou l'histoire – personnellement je ne distingue plus, c'est qu'une jeune femme, une reine, vivait ici. Elle rencontre un jeune
marchant hindou venu du delta. Ils se sont mariés et fondèrent leur capitale dans « le monde de l'eau ». Le roi a commencé à construire le temple, le Phnom Da, ici. Le temple est dans
le style khmer, mais il est consacré dans les religions hindouistes de Brahma. Il y a donc à ce moment là une forte influence de la religion hindouiste sur la culture khmère. Le bouddhisme ne
viendra qu'à partir du XIII ème siècle.
Les temples sont en deux matériaux, la latérite séchée et les briques. Les escaliers sont peu aimables pour les vieilles
articulations. On entend les oiseaux et les singes. Pendant que nous marchons entre les deux temples, les enfants nous rejoignent. Ils prennent, après un petit échange avec
Si, la tête du groupe; ils connaissent les singes.
Les toits en briques sont effondrés, celui qui résiste, en latérite abrite les chauve-souris. Il était habité par l'Ermite, le
précepteur royal. Les inscriptions servent à raconter le vie du roi. Temple à quatre portes, une seule est vraie, tournée vers l'est, le jour, la vie.
Nous redescendons vers le village. J'ai le temps d'en faire le tour, d'y regarder la vie. Les maisons sur pilotis ne sont pas
des décors pour touriste. Les grandes jarres en terre stockent l'eau. Une mère douche sont enfant, assis sur une chaise, avec un broc d'eau. Le jeune cochon gambade, le plus gros est attaché. Les
enfants ont de beaux vélos et leur tenue d'écolier. L'âne profite de l'ombre et oublie sa carriole. Du haut des temples, les photos te montrent l’immensité des rizières, les canaux, principales
voies de communications, les travaux de tous les jours.
ça a été un vrai bon moment pour moi. Je remettrai quelques photos des canaux avant notre retour à Takéo plus tard.
Cambodge Khmer
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