Promenade à Giverny. La maison de Monet. Son jardin des nymphéas.
Vers trente
ans t'as abandonné ton équipe de volley. Quatorze ans de pratique intensive et heureuse. Avec le ping pong et la natation ce sont les sports que t'as partagés avec ton père. Mais la vie
prend le dessus, tu ne peux plus suivre le rythme. Quand tu n'es plus que remplaçant et qu'on ne te fait plus entrer en jeu, tu sais que c'est mort. Il te faudra plus de dix ans pour te remettre
à courir, à pédaler, retrouver les sensations de ton corps.
Combien de jeunes commencent le jogging entre trente et trente-cinq ans ? Le boulot les a vidés, stressés, et refaire dix
kilomètres comme ça un dimanche, ressentir les articulations, ses muscles la sueur, tout de coup ils renaissent.
T'étais allé voir une expo photos aux Tuileries, t'en parles comme ça à ton gamin qui s'est remis au jogging ; il te
demande : « t'as vu les nymphéas ? »
Quelques dimanches plus tard, t'es allé voir les nymphéas. L'art pour toi c'est comme le sport, t'as fait de la culture
physique : t'as visité les grands musées, en cochant bien les cases pour être sûr d'avoir tout vu, mais t'as vite lâché l’entraînement et tu t'es retrouvé sur la touche.
Donc, cette salle ovale t'a impressionné. T'es resté longtemps. Et l'obstination de cet homme, Monet, à peindre, dans sa
maison de Giverny, des nénuphars, te sidère...
Août à Paris, c'est sympa. Plus sympa quand il fait beau, que tu peux traîner le long des rues vides, sans les exhalations de
la circulation. Cette année n'a pas été un grand cru d'ensoleillement. Tu profites d'une petite embellie pour passer la journée à Giverny.
T'as pas voulu passer à la Fnac prendre les billets, erreur, quarante minutes d'attente pour entrer dans la maison du maître.
Bien plus que la super cuisine, la sobriété de l'aménagement, ce qui saute aux yeux et te marque, c'est la profusion des estampes japonaises. Il y en aurait cent que ça ne t'étonnerait
pas.
On est vite bousculé, et tu te réfugies dans le jardin. Combien de division ? Ou plutôt combien de jardiniers ? Il
faut du monde ! Dans ta déambulation tu apprendras qu'il a fait dériver un bras d'une rivière pour alimenter en eau son parc. Pas très citoyen ! Le bien publique ne résiste que rarement
à une vrai détermination d'accaparement...
Donc le bassin aux nymphéas existe, le pont japonnais aussi. Les touristes en plus, et le vrai spectacle, c'est aux
tuileries.
Les grandes propriétés du village de Giverny ont protégé quelques lieux, témoins du travail du peintre.
L'hôte Baudy, dans le jardin duquel un atelier a été maintenu « comme à l 'époque ».
L'église Radegonde, où la famille Monet est enterrée.
Enfin, entre un parking et un tunnel sous la l'Epte, la rivière qui alimente le jardin, un buste de Monet dans un sous bois.
Faut un peu chercher.
En prime, quelques photos de châteaux de sable qui n'auront pas la longévité des nymphéas.