Ce mur ne voit pas le soleil que tu reçois dans la figure.
T'as assemblé quelques vues du mur jouxtant l'écluse de Sevran. T'avais déjà montré des murs tagués par Twe Crew, très guerriers. Celui-la est relax. T'as le soleil dans la figure et t'as beau avoir limité l'entrée de lumière, les arbres derrière le mur ont imprimé les photos de leur jeux d'ombres et de lumière. Ce matin tu ne faisais pas un reportage, mais tu sortais ta bécane qui se rongeaient les freins à la cave. Alors ton téléphone fait le minimum. Pour ton livre sur les tags tu repasseras à un meilleur moment.
C'est en posant le VTT que tu reconnais le fond sur lequel s'affichent les grandes signatures. C'est une voiture du métro. Peut être l'équipe « Twe Crew » prépare la maquette d'un bombage « relax » d'une des voitures du métro qui stationne au terminus de la ligne 5 pas loin. Pour ces murs perdus, la bombe fait mon bonheur. Pour les voitures du métro ou de la SNCF, ça me gave plutôt. C'est une dégradation ; chacun d'entre nous en subit l'inconfort et en paye la remise en état.
Faut dire que de petits sabotages en grands sabotages l'actu ne manque pas de référence. Après avoir conduit dans l'impasse l'agriculture bretonne, les grandes organisations syndicales soutenus par les patrons locaux, s'en sont pris aux infrastructures publiques. On mobilise et instrumentalise les petits dans la difficulté, les ouvriers agricoles, cela favorise la destruction de portiques financés par nos impôts. Ça te gonfle ! Quand les « Contis » brulent des pneus, ils se retrouvent au tribunal et condamnés à des dommages et intérêts. Les gars qui avaient provoqués l'incendie du parlement de Rennes n'ont jamais payé. La justice a plus de considération pour un gars juché sur un tracteur que pour un révolté à pied nu. Le même rapport qu'entre les chars et l'infanterie.
Tous les journaux que tu lis expliquent que la situation actuelle résulte d'un modèle économique où les métiers de la transformation, de l'aliment à l'abattage, se développent sur la misère du producteur. Mais faut rien changer ! T'entends José Bové dénoncer nommément certains dirigeants de la FDSEA locale, rappeler les profits des grosses coopératives de producteurs de porc, des fournisseurs d'aliment pour bétail. 750000 porcs bretons abattus et transformés en Allemagne, en 2012. Gad Alors que ce volume d'abattage représente 13 semaines de travail.
T'entends encore ce soir un responsable syndical qui crie laisser nous la liberté d'entreprendre, mais zut ! La déconfiture d'aujourd'hui c'est bien cette liberté non maitrisée qui en est la cause. Si le prix de vente des produits transformés dépendaient d'abord de la main d’œuvre locale et moins des coûts du transport qui profitent aux entreprises sous-payant la main d’œuvre, on n'en serait pas là. La « libre entreprise » est un excellent slogan de la part d'organisations qui mobilisent les tracteurs dès que les subventions baissent. La belle contradiction : on est mal desservi, mais surtout pas d’impôts pour les investissements nécessaires.
Et la lâcheté calculée des politiques à droite qui ont voté l'impôt lors de la grand messe d'un Grenelle, et qui au pied du mur se dégonflent. Quel gâchis, quelle honte !
T'es triste du spectacle de l'incivisme permanent, de la remise en cause des fondements de notre démocratie, qui délitent nos principes du vivre ensemble. Le mardi à la télé il y a le feuilleton « un village français ». T'entends le discours d'un partisan actif de la collaboration, et d'un ordre « supérieur », c'est le maire "auto-proclamé" du village. Son discours ne s'est pas éteint avec la fin de la guerre. C'est ça qu'on nous prépare ?