Comment lire les tags ou les graffitis
Ton frère t'a offert un petit livre qui présente les graffitis de Paris dans leur dimension historique. Tous ces graffitis ont une relation étroite avec le contenu social et historique contemporain des graffeurs. Trois types de lieux semblent se prêter plus particulièrement aux graffitis : les prisons, les édifices religieux, les carrières souterraines de Paris.
Le nouvel art des rues, le tag et son immense signature camouflée dans les distorsions des lettres et des mots, s'affiche sur les murs plus ou moins décrépits des enceintes des vieux bâtiments industriels. Malheureusement, parfois aussi, sur les voitures du métro, ce qui est vraiment une agression envers tous les contributeurs payant leur accès ou leurs impôts. Quand le tag est né aux États-Unis, taguer les voitures du train et du métro, dans les conditions les plus acrobatiques, était vraiment un enjeu de reconnaissance.
Ces graffitis anciens étaient eux aussi une signature, un signe d'appartenance à un groupe, un métier, une dernière plainte du prisonnier, du résistant ou révolutionnaire. Même le graffiti le mieux caché contenait un espoir. Celui d'être lu et reconnu. La « bombe de peinture » a remplacé le charbon de bois, la pointe en fer des premiers graffeurs. Les signes ne sont plus discrets mais exposés. Le graffeur solitaire est remplacé par des teams ou des crews, groupes divers, délimitant leurs pseudo territoire en surchargeant les tags d'un autre groupe.
Ce mur, le long du canal de l'Ourcq, tu l'as photographié une vingtaine de fois, il est en perpétuel renouvellement d'idée, de style, de puissance. Ce dernier passage au début du mois de juillet, t'oblige à recommencer. En un an, quelques mètres de mur difficiles d'accès ont conservé les vieilles peintures que le temps délave. L'essentiel est nouveau. Entre le jour où tu prends les photos et celui où tu fais la vidéo, des dégradations déjà, soit par le crépi du mur qui tombe, soit par un coup de bombe rageur.
L'espace est donc « réservé » au TWE CREW. Lors de tes passages, tu n'as croisé aucun graffeur à l’œuvre, c'est pas leur heure. Tu n'imagines pas ce qu'ils sont.
Donc quelques photos et vidéo complétant le précédant sujet : « Style of War »