25 octobre 2013 5 25 /10 /octobre /2013 18:08

Fin de vacances un jour gris.

 St Saturnin les Apts18

 

C'était ton dernier jour. T'avais prévu une balade vers le « Colorado provençal », même le manque de soleil, et pour tout dire les averses répétées, ne te feraient pas changer d'avis. C'est ton dernier jour de vacances, et il y avait si longtemps que tu n'en avais pas si bien profité, que rien ne t'arrêterait. Sauf une crevaison, bien sur ! Le lendemain tu dois retourner sur Paris, une roue crevée dans le coffre ce n'est pas prudent. Donc tu dois te trouver un garage, et vite, avant que les « 35h » ne fassent se baisser les grilles. Il y en a un dans le bas du village, il a besoin de trois heures pour réparer.

Te voilà condamner à errer, ton Nikon en bandoulière. L'école a repris, et sans les cris des enfants, tu penserais un village abandonné. Depuis une semaine que tu es là, tu sais pourtant que non. N'empêche, c'est le vide, personne dehors, pas de voiture, terrasse du bistrot déserte. Le premier être vivant c'est cet affreux chat. Il dormait tranquille, mais tes pas et le claquement du miroir du reflex le réveillent. C'est le début de ta déambulation sans but dans le village. De la plaine où les oliviers alimentent le « moulin de Julien », jusqu'en haut vers la chapelle du XI ème siècle. T'as mis du temps à te rendre compte que le bâtiment en forme d'église avec son clocher, au milieu du bourg, était la mairie. C'est une bonne idée de rentabiliser les bâtiments inutiles. Et pour une municipalité, tant qu'à faire que de payer des travaux de remise en état, autant rentabiliser l'opération. Le clocher fera une bonne alarme incendie.

Alors les rues désertes te rendent ce paysage de pierres sans lumière où les couleurs se sont éteintes.

 ***

Parlons foot.

Ou plutôt grève du foot.

Pas grève des footeux, non grève des patrons. Le lock out. Pas de gardes devant les usines à footeux, les grilles ne s'ouvrent que quelques heures par an. Donc tu ne verras pas les Princes du parc en chaussettes devant les portes closes, fracasser leurs crampons sur la têtes de matons pour pouvoir travailler. Patron ! On veut notre boulot, laisse nous courir, même en chaussette sur la pelouse verte. Patron ! Tu casses l'outil de travail. Patron, si je ne passe pas à la télé, ma cote baisse, ton capital s'effrite. Le parc des Princes est désert, et c'est pas vingt-deux braillards nus pieds qui vont bloquer l'Avenue d'Auteuil !

Tu imagines la détresse des familles de footeux, pas de travail, pas de paye. Comment joindre les deux bouts ?

 

Tu te rappelles la fin des années cinquante, avec la coupe du monde de cinquante huit, on commençait les retransmissions. La télé ne voulait pas payer, on disait un million de francs de l'époque, six cents fois moins qu'aujourd'hui pour un grand match. Alors pas de retransmission. Même pour un grand match le stade était à moitié vide. En plus dans l'ancien parc avec sa piste cyclable qui éloignait le spectateur du terrain l'impression du vide était accru. Tout doucement la télé a construit les vedettes, parce que c'est pas trente mille couillons qui se les gèlent qui font la cote. En déplacement professionnel, dans ton hôtel le soir, un champion comme Kopa, lui aussi rentre de bosser. Fallait une deuxième vie de travail après le foot.

T'as eu le bonheur de voir jouer Ujlaki ou Susic, 30 ans d'écart, mais le prix de places et la violence du stade t'ont fait tourner le dos au Parc.

Les municipalités construisaient des stades avec nos impôts, subventionnaient les clubs mal gérés toujours en déficit. Avec des calamités comme la prochaine coupe d'Europe, tous ces stades à rénover, le pauvre contribuable continue de se faire vider les poches comme pour un spectacle en place de grève. Ça recommence avec le Rugby, plus de 200 millions pour Jean Bouin, et toujours pas d'hébergement pour les sans abris. Ouvrons-leur les stades, il y a des douches et des cantines !

 

Donc, la télé c'est le faiseur de pépite, le grand stade c'est l'écrin, les subventions c'est pour les maillots, mais alors les actionnaires du club qu'est-ce qu'ils apportent ? Les intermédiaires, grands joueurs de bonneteau, manipulent les cartes des transferts où l'argent coule dans des canaux invisibles. Ils se sont attribués le rôle des pêcheurs de perle. Ils achètent les droits de transférer leur perle d'un écrin à l'autre, ils ne travaillent pas, non, ils vendent ou loue un homme comme naguère les esclaves. C'est vrai qu'un bon ingénieur est aussi loué à des grandes entreprises. Le pauvre, comme s’il avait besoin d'un coach pour travailler... Voila la surenchère du marché. Ah ! Le marché, la cote du joueur grimpe, quelques bons coups mis en valeur par la télé, le poker se met en marche. Mais pour pouvoir miser il faut les moyens. Donc des dettes. Donc des aides. Donc des aménagements pour les impôts.

Tout cet argent englouti par le foot, il produit quoi ? Qu'est qui sort de l'usine à footeux qui génère du PIB ? Regarde au Mans, quand l'équipe coule, c'est les impôts qui débordent. Les gros salaires, c'est les subprimes de la spéculation. Combien valait notre grand Justo après sa fracture ?

J'ai aimé le match du PSG mercredi. Combien de joueurs français sur la feuille de match ? Un. La spéculation ne favorise pas l'éclosion des pépites made in France.

Tu sais, moi j'avais du plaisir à un bon match dans la grisaille du Parc, à souffler sur ma soupe de poisson jaillie de ma thermos à la mi-temps, et le petit quart de vin partagé entre copains. Le foot est devenu chic et cher. Gare que son échafaudage ne nous retombe pas dessus. Par précaution, vaut mieux récupérer les impôts sur les gros salaires, ça permettra de remettre le foot dans l'économie réelle.

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

En balade sur L'AlblogRJ

Tags et Graffitis

 

Rechercher

esaai module

Esaai de texte libre dans le module

 

Autres Articles Du Thème

  • Le cœur de Paris depuis le Sacré Cœur.
    Le cœur de Paris depuis le Sacré Cœur. T'as maintenu ton blog en activé pour quelques semaines et voilà qu'on te propose de le mettre à jour dans la nouvelle version. Tu ne sais pas trop ce que ça va te couter en réparation. Mais banco, tu verras bien,...
  • Du 104 a la tour de Romainville.
    Images vues de la Tour du sacré cœur à Montmartre. Il y a deux mois je dis que je ferme le blog, et puis ce matin un nouveau sujet. Non, ce ne sont pas des mémoires d'outre tombe, mais pas loin. Donc, j'ai remis un peu de thune dans mon abonnement. On...
  • Tour Eiffel depuis le Sacré Coeur
    Bonne annné 2014. Tu ne pensais pas mettre un post pour le passage à l'année 2014. Ton blog va finir, tu n'en renouvelleras pas l'abonnement. Il faut dire que tu n'as plus l'esprit à la légèreté d'une bonne ballade en VTT. Depuis le Roussillon, où il...
  • Canal de l'Ourcq tranquille.
    C'était un beau dimanche tranquille. Tu étais sorti de bonne heure. Quand tu arrives au bassin de la Villette, les joggers toniques y vont de leurs foulées allongées. Il y en a même en short et bras nus. Quelle température ? Pas plus de 6 ou 7°. Les conditions...
  • Montmartre – Paysage d'automne.
    Le Sacré Cœur tour d'observation. Tu venais de passer une semaine difficile, il fallait te bouger pour retrouver un peu de dynamisme. Ta balade favorite te conduit naturellement, à pied, vers le canal de la Villette et le canal de l'Ourcq. T'as usé presque...