Le col d’Osquich et la Chapelle st Antoine - Les sources de la Bidouze - fin.
De retour du dernier chemin cyclable, vers la source de la Bidouze, à st Just-Ibarre , t’es le seul client.
Tu passes la porte, tu entends quelque chose qui fristouille venant d’une pièce qui pourrait être la cuisine, tu t’avances. Le gars est là, une grande poêle est sur le feu, de l’huile, du jambon
des piments.
- « Bonjour, pourriez vous me proposer quelque chose à manger ? » Le gars te reconnaît dans ton accoutrement de vieux VTTiste.
- « Du loum, du Jambon, de la ratatouille, des frites ? ».
- - « c’est bon, un peu de bière et de l’eau ! »
Tu sais que tout ça ne va pas t’aider à grimper le col d’Osquish. Mais le plaisir de la ballade est aussi dans le repos du vieux VTTiste. Tu te remplis de bon cœur, la terrasse est douce, le soleil légèrement voilé; tu t’étends en équilibre sur la chaise et t’abandonnes au bonheur de la sieste.
- « Un café ? »
- « Merci, non. »
Tranquillement tu commences à rassembler tes affaires, la carte, les lunettes, le téléphone. Tu vide le restant de la carafe d’eau dans ton bidon. Le gars t’en propose de la fraiche. C’est bon, de toute façon elle sera tiède quand je vais la boire.
Le col d’Osquich, c’est quatre cent mètres de dénivelé, entre 4 et 8%, tu penses qu’il te faudra une heure. T’aimes pas pédaler sur les routes comme çà, un peu lisse, un peu large, tu les préfères serrées, nerveuses. L’avantage c’est la descente…
Dès le premier kilomètre, tu sens que la bière et les frittes pèsent lourd, tu choisis un rythme mesuré. Ton parcours est jalonné par des bornes du Conseil Régional qui t’indiquent le sommet à 5 Km et la pente à 6 %. C’est pour te démoraliser ou te donner confiance ?
T’arrives au col avant le délai que tu t’étais donné. Il y a un restau qui barre le paysage. Des gens sont à leur table pliante pour un petit pique-nique qui va tourner à la sieste. Tu vides ton bidon, marches quelques centaines de mètres pour quelques photos sur la petite route vers la chapelle st Antoine. Quand t’as fini d’admirer les chevaux, tu repères ladite chapelle en haut de son mamelon. Ça grimpe, plus du gravier que du cailloux, et un ou deux passages que tu imagines bien musclés.
Une voiture te dépasse lentement, soulevant la poussière du chemin, hésitant sur les saignées d’évacuation de la pluie.
Tu te demandes si ça vaut le coup ? De retour à ta bécane, tu regardes la carte, 250 m de dénivelé sur deux km environ. Plus de douze pourcent. C’est du casse-pattes. Mais comme le paysage au col est sans vie, que t’as pas vu la source de la Bidouze, t’as besoin de ramener un trophée. Ce sera le haut de la chapelle st Antoine. Tu réfléchis au meilleur développement. Tu fais un tour sur l’aire de stationnement, et te lances. Moins de cinquante mètres, le cœur cogne, les jambes tétanisent, tu te laisses redescendre. Ce coup là, il faut mettre très petit et ne pas t’arrêter, tu sais que tu ne te relanceras pas. Deuxième envol ! Ça grimpe, t’es debout sur les pédales, la roue arrière chasse dans le gravier, t’es à la limite. Deuxième tournant, tu t ‘épuises dans ce gravier où tes crampons n’ont pas de prise, tu te déportes sur la pâture, l’herbe sèche te donne de la prise, tu trouves le rythme, quelques blocs te dévient de la trace que tu projettes mais ça monte. T’es au deux tiers, des blocs rocheux t’obligent à reprendre le chemin en même temps qu’une bagnole craintive commence à descendre. Le hasard de ta course ta mis sur la gauche pour passer les rigoles au moins profond. Dans la vieille « Citron » qui descend, le gus est crispé sur son volant, le pare soleil lui cache la vue, il se laisse descendre sur les freins. La petite mémé, à coté, a les mains appuyées sur la planche de bord. Te voit-il ? Ou est-il incapable de se serrer, mort de trouille qu’il est ? Pas le moment de jouer « Duel », d’un dernier effort tu montes le talus et te poses. Le gars ne te voit pas, la mémé non plus…
Les arrêts brusques, le cœur n’aime pas, les tempes cognent un peu. Tu te reprends et décide de repartir. Mais le décollage est impossible, trop de pente, trop de cailloux de poussière, tu finiras les deniers cinq cent mètres en poussant la bécane. Pas grave, tu l’as déjà portée plus longtemps.
La chapelle est verrouillée. Elle ressemble à un hangar avec un clocher, trop moche. Pourquoi les gens viennent en pèlerinage ici ? Aucune idée. Un petit tour, quelques photos, arrivent les vautours dans les courants de l’après midi.
Aller, en route pour Larceveau ! Pas trois minutes pour retrouver le col, puis tu te lances dans sa descente. Comme je te disais, ces descentes sur un tapis de billard, c’est un régal. Pas de coup de freins, juste osciller au gré de la pente, même pas besoin de relancer. Quand tu es en bas tu regardes le GPS, t’as pas dépassé les 69 km/h. Zut ! T’es trop gros, le vent te freine !
Précédent : la source de la Bidouze – dernier parcours cyclable.