Ballade après la pluie dans le petit village d’Orsanco,
près de St Palais.
Trop, c’est trop !
La pluie, le kiné, les travaux qui trainent, ton internet d’avant le déluge. Trop c’est trop ! Des mains invisibles t’ont passé la camisole. T’étouffe !
Ouf !
Accalmie. Je sors ! Où tu vas ? N’importe où ! Faut que je bouge ! Je viens aussi…
Le vélo regarde sortir ta bagnole en râlant, il s’était mis dans le passage. Les boudins surgonflés te font du gringue, et le guidon feule comme un chaton. Du talon tu le repousses, et la pédale s’entortille dans un pleur métallique. Un vélo qui ne roule pas se rouille et s’ennuie. Il perd son envie. Quand il faudra le remettre en selle, tu sais qu’il résistera, qu’il jouera les gros durs pour te planter dans la cote. Tu verras qu’un jour il te fera lire une pétition en descendant du porte-vélo, qu’il a sa dignité, qu’il ne veut plus du grand méchant mou qui l’a laissé languir. Un rebelle ?
Un vélo c’est un objet sensible Si tu lui titilles la chaine trop carrément, il tourne plus rond, il coince. Faut savoir l’enrouler, dérailler tendrement, lui faire sauter les plateaux sur sa grande couronne. Tu caresses les deux petits leviers cachés sous le guidon : lui lâcher la tension des ressorts, ou le retenir cran par cran. Chaque fois tu lèves le pied, rends ta cuisse légère et arrondis le genou. Pas une révérence ! Non ! Juste donner à la chaine la liberté de se mettre en place et de reprendre avec ta respiration son pas de deux. Quand ensemble on est dans le rythme, alors tout s’allège, t’es sur ton nuage.
Des nuages on n’en a pas manqué. Si noirs qu’il fallait que le tonnerre les éclaire un peu. Qu’on sente bien la menace. Dans la maison tu tournes en rond. Quand la lumière fait un timide passage, tu sors.
Dans tes ballades autour de St Palais, t’avais mis de coté Orsanco. Il n’était pas sur les routes qui t’accompagnaient le long de la Bidouze. Tu voulais y repasser. T’y étais venu visiter des amis dans un gîte. Pour les deux jeunes, ça a du être dur. Perché la haut, tu peux compter les étoiles avant d’apercevoir les néons d’un night club !
Ce n’est pas grand, pourtant tu n’as pas retrouvé ce gîte. Quelques images d’un lieu bien tranquille, dans la verdure et les brumes d’automne. Un petit charme bien travaillé. Agréable.
En redescendant vers St Palais, la petite route et les maisons qui la bordent te font penser à « Beverly Hills ». Tu ne sais s’il y a des caméras pour surveiller comme à Los Angeles. Mais les chiens en manque de troupeaux ou transhumance se sont reconvertis dans le rabat des étrangers vers leur voiture. Traine pas. Le GR65 n’est pourtant pas si loin. Tu devais être hors saison !