Carmona au fil de l'eau.
T'es un vieux
parigot, et pour que quelque chose te touche, il faut te frapper au plus profond de ta conscience ouvrière.
Ce jour là, et c'est l'avantage du mois d'août à Paris, où tu peux te perdre dans le ciel bleu, sans crainte pour ta vie, tu a fini ta flânerie parc André Citroën, et tu débouches sur les quai de la Seine, sans l'avoir cherché.
Quand tu lèves la tête pour voir la montgolfière au dessus de la passerelle, tu vois les constructions, les statues. Elles sont sombres. Dans le soleil de cette fin d'après-midi, tu ne les distingues pas. C'est en t'approchant, en touchant, que le frisson te parcoure : de l'acier, ce sont des sculptures en acier !
Tu tournes autour, vas de l'une à l'autre, et tu repères les tôles soudées qui dessinent les formes les plus subtiles,
marquent les expressions. Tu entres dans leur vie, par les détails qui te renvoient à tes souvenirs, à tes jeux d'enfants où chaque bout de bois, chaque ferraille s'animaient au gré de ton
imaginaire.
Cette première image de cette jeune femme sous la pluie, le vent l’entraîne et sa jupette en tôle se soulève avec la grâce de la plus légère dentelle.
Tu découvres (oh ! Il n'était pas caché) le panonceau qui te donne le nom de l'artiste:Carmona.
Le vieux parigot va courir, comme le petit poucet, à suivre les œuvres le long de la seine. Un chemin de lumière.