Débusquer le génie caché dans une église.
Ce mois de juin 2011, trop de choses t'ont bousculé, et quand tu arrives dans le village de Chapareillan, t'as même pas une
carte, vu qu'avec le GPS de l'auto, tu vas n'importe où, sans savoir où tu es ! Ton frère te dit que ça rend idiot.
Donc après une nuit au frais, découverte à l'aveugle de ce massif de la Chartreuse. On sollicite un petit guide de la patronne
de l'hôtel, et décision rapide, la Chartreuse, c'est St Pierre. Tu penses: une trentaine de Km égale trente minutes. tu te goures. Il y a des grandes vallées creusées en parallèle et pour
en descendre une, il faut commencer par une extrémité. Faut aimer conduire en montagne, c'est quand même vite lassant.
Surtout, quand t'arrives, en ce début juin, les activités d'hiver ont fermé, celles d'été n'ont pas démarré. Plus de boutiques
fermées qu'ouvertes. Tu veux acheter une carte, ils n'ont pas fait de réappro, le massif est sur deux cartes, il n'y a que celles du nord de dispo. Tu prends, ça correspond à ce que tu souhaitais
faire à pied. Mais c'est pas celle où on est.
Alors avec les petits guides, ou tout est vert, des petits ronds pour les gros centres d’intérêt, des rubans épais de couleur
jaune ou rouge relient tout çà. Mais on ne peut pas dire que ça t'aide à choisir. Tout a la même importance, et est supposé t'attirer.
C'est donc plutôt par hasard, et par défaut d'un choix délibéré que tu te retrouves à l'église St Hugues de Chartreuse. Ce
soir, tu ne te rappelles plus ce qui t'as fait t'arrêter. Peut être le chariot décoré ?
Cette église, de dehors, n'a rien de spécial, les deux portes en bois sont ouvertes te donnant l'accès par un grand sas en
verre, à une voûte blanche, bien éclairée, et des décorations peintes, un peu comme les batiks africains, ces peintures sur tissus.
Si j'ai bien compris, tout le travail est l’œuvre d'ARCABAS. Dessin, peinture, vitraux, tissus peints, gravures, mobilier. Cet
homme enseigne à l'université , un atelier « Éloge de la main ».
Tu te crois perdu, loin de ton univers parisien, et il y a une âme ici. T'es pas un fana de l'art religieux, tu préfères
l'inspiration libre des murs tagués. Tu dois reconnaître qu'il y a une ré-interprétation de sujets codifiés, avec une expression moderne, presque neuve. Ton référentiel culturel est tellement
minimum, tu veux juste exprimer le plaisir que tu ressens de l'invention des formes, des associations de matières, des couleurs.
Tu as acheté au musée associé un petit guide qui t'aide à repérer quelques œuvres que tu as photographiées. D'autres n’auront
pas besoin des sous titres, l'image parle d'elle même. Quant au site : super.
PS 1. En lisant le prospectus pour nommer certaines photos, je découvre que le travail s'est étalé sur plus de trente ans. Des œuvres sont datées de 1952, d'autres
de 1986. Ouf !
PS 2. Tu sais comme je suis gourmand de mes photos. J'ai un automate qui met la griffe "AlbumRJ" sur les photos. En revisitant le sujet, c'est pas heureux. Mais je
ne recommence pas le travail. C'est bien l’œuvre de Arcabas que j'ai photographiée.