Tanzanie 1978, troisième sujet au Ngorongoro.
La magie de ce parc est dans ce cratère en forme d'écrin, tapissé d'une foret d'ombre bleue. L'herbe y est sèche et jaune. Les grands troupeaux y broutent tranquille. Notre combi ne les dérange pas. C'est l'après midi, ils sont sans inquiétudes, ce n'est pas l'heure des lionnes, qui vers dix-huit heures vont organiser leur lent rabat pour isoler leur proie.
Je présente ici quelques photos, les buffles, les gnous, les zèbres, les gazelles. Séparés ou ensemble, ils ont leur place, leur grâce, ou imposent leur puissance. J'avais une pellicule pour ma journée, sans savoir le rendu. Tu ne doublais rien. Cela laissait plus de loisir à ton œil : il t'amenait droit au cœur les vibrations de l'air.
Aujourd'hui tu sens bien qu'il te manquait un zoom, pour pouvoir mieux choisir tes images. La focale fixe de ton 200 ne te permet pas de cadrer grand-chose. Un zoom à cette époque, coûtait presque autant que le voyage...
C'est curieux, en y repensant, de se souvenir de tout ce qui relie cette année 78 et aujourd'hui. Je me souvenais des élections législatives perdues par la gauche, une fois de plus. En 1972, les partis de gauche avaient signé le programme commun, pour des gens comme moi, c'était un grand espoir pour les forces de progrès. Tu bataillais dans ton syndicat, t'y croyais. En 1977, c'est la rupture, et ces dernières élections là, sont aussi la conséquence de la désunion. Dans trois semaines on y retourne. Comment les partis qui devraient porter nos convictions, peuvent-ils encore ne pas s'entendre ?
En 1978, L'Afghanistan, l'Iran sont à la une. C'est aussi les accords de Camp David entre l'Egypte et Israël. Les paras français « sautent » à Kolwezi. Décès de Claude François et Brel. Carol Vojtyla devient pape.
Tout au long de notre séjour en Tanzanie, notre guide, Joël, vend l'organisation d'un voyage - toujours d'aventure – pour l'Afghanistan. Un pays sauvage disait-il, où on peut faire encore du troc !
Depuis lors, la télé ne nous aura montré que des images de guerre.
Le Ngorongoro, te purge la tête, la vie devant toi, animale, a son sens. La protection du parc, malgré, on le sait quelques braconniers, te sert ce petit bijou à contempler. Conservatoire du vivant.