Entre les tours réservés au labeur
et les magasins des Quatre Temps,
comment occuper la Dalle?
On squatte la dalle pour le casse-dalle. Ouf ! C'est du lourd ! Il y a trop longtemps que je me la traînecelle-là, il était temps que je la lâche. Oui entre midi et quatorze
heure la fourmilière se vide et la fourmi ouvrière niaque du snack.
Je ne me suis jamais trouvé là le soir, quand la dalle est déserte. Un espace, plutôt un abîme, sépare les « Amoureux » rouge et bleu imaginé par Miro et ce manège « le Jules Verne » tournant désespérément vide. Même pas une musique. D'ailleurs, aurait-elle été audible ?
Le manège est contourné sans un regard par les hommes pressés. Valisettes et sacoches bandoulières se croisent sans se voir. Chacune son rôle, son espace mystérieux.
J'ai mis du temps à reconnaître l’œuvre de Miro. Je l'avais vue à Barcelone, dans son musée. Je n'imaginais pas que cette reproduction monumentale avait trouvé une place dans cette esplanade qui n'a rien de l'intimité des bancs publiques de Brassens. Les « Amoureux », autant au musée il est simple de faire le tour pour contempler le travail, ici il faut du recul, et vraiment t'éloigner pour en restituer le sens, apprécier la plastique. Crée-t-elle du lien ? Rien n'est moins sûr ? Un repère au plus...
En face, comme encadrant le manège de « Jules Verne », une sorte de poisson lune gigantesque désincarné. À moins que les longues tentacules sur lesquelles repose « la chose » ne figurent le calamar géant enserrant ce Nautilus figé sous le béton de la dalle, n'ayant pu échapper aux rets de la technologie des Tours dominatrices.
Sous la dalle, ne rêve pas, rien que l'enfer de la circulation des automobiles aveugles.