Au dessus du bassin de la Villette.
Quelques fils de laines habilement tendus capturent la lumière.
T'étais venu pour le chantier de la CPCU sur le quai en face. T'aperçois des personnes qui se promènent sur le pont. Pas sur la passerelle piétonne, non, entre les rails. T'avais fait des photos du coin dans des sujets précédents ("J'aime mon Ghetto", "les Barreaux verts", " La vache bleue". Pas eu l'occasion de t'arrêter depuis. Ou plutôt, pressé de débuter ta rando de vieux VTTistes, ou fatigué à ton retour. Quand tu rentres ce mercredi, le bruit des engins te surprend, les barrières te font mettre pied çà terre. Tu vois le vieux ballon d'eau chaude de la chaufferie en cours de démolition. Tu ne t'arrêtes pas, tu reviens l'après midi.
C'est en cherchant un angle de vue que tu remarques les photographes sur les rails. Tu prends la passerelle, et cherche le passage. Une vieille grille rouillée est fermée, mais tu remarques le petit fil de fer entortillé qui la bloque. Tu le soulèves, à toi la friche de vieux rails. Tu refermes avec précaution, comme tu le faisais dans tes randos dans ler Pyrénées, moins pour les brebis, que pour les gosses. C'est un quartier animé, et les rails cheminent entre les balcons des HLM. Dessous c'est le canal.
Quel est le magicien qui a tendu ces fils? Tu comprends pourquoi les redoutables araignées piègent tant de randonneurs volants dans les rais de lumière. La toile de laine est un capteur de lumière, les fils obliques enroulent ton regard, l'enserrent dans des directions imprévues, par quelle couleur s'échapper?
Nous sommes encore nombreux, à plat ventre, coincés derrière un pilier, en équilibre au dessus des fils lumineux à chercher
l'angle qui te dévoilera le secret emprisonné par la perspective qui fait fuir ton regard.