Un peu de pluie, ça lave la tête !
La télé est phagocytée par le Président, au bout
d’un quart d’heure, tu fais des boulettes pour balancer sur ta télé, comme tu l’aurais fait, il y a cinquante ans sur un prof qui occupe l’estrade avec du vide. Sidérant.
Retour au blog !
T’as pas encore réfléchi à son remaniement. Tout le monde s’en fout, comme de l’autre remaniement ! Il ne peut pas changer comme çà son angle de vue comme, le gouvernement ne changera pas de politique. Tu fais ton gros dos, tu sais que tu prendras du bâton !
Le bâton au blog, c’est la fréquentation. Et là t’es un peu épaté : le meilleur score depuis le début, une fréquentation moyenne en constante hausse. T’es même pas capable de savoir pourquoi !
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Donc dimanche, la pluie est moins dense. Vers dix heures tu sens que c’est le bon moment. Tu prépares la bécane, mets l’appareil photo dans le sac à dos et « roule ma
poule ».
Même si la piste du canal de la villette n’est pas loin, t’apprécies qu’il n’y ait pas de bagnoles, et surtout pas de gens pressés qui traversent sans regarder (parfois un peu pour te faire chier !). Lors de ta dernière balade, il y a déjà deux semaines, t’avais vu les travaux au pont de Crimée. Au mois de septembre une panne empêchait ses manœuvres, et les bateaux mouches ne pouvaient plus passer. Maintenant aussi et pour un bout de temps.
La caserne des pompiers répare les conséquences d’un incendie qui avait détruit une chambrée cet été. Une passerelle provisoire permet aux piétons et au vieux VTTiste de traverser. Tout le monde avance la capuche sur la tête ou cramponné au parapluie.
Tu rejoins la piste qui traverse le parc de la Villette. Sous la longue passerelle qui fait le ruban le long du bassin, les jeunes et des presque jeunes (des quadras), enlèvent leurs pantalons, tombent le blouson et se retrouvent en short et maillot. Manque les crampons et les voilà près pour une bonne empoignade derrière le ballon qui fuse sur la pelouse détrempée du parc. Déjà deux groupes sont à la manœuvre. Un troisième plante les sacs pour délimiter les buts. Pas de problème de territoire, ce sont des habitués, une entente informelle répartit l’espace.
Courses, shoots, cris, injures, enthousiasme, dépit. Ils n’ont pas besoin d’un prof de théâtre, les émotions sortent naturellement de l’effort, du dribble réussi ou raté, de la glissade ou de la bousculade. Le gardien se couche pour bloquer un ballon, il soulève une grande gerbe d’eau qui provoque une hilarité de connaisseurs. Vers midi, quand ils repartiront, une tape virile dans les mains, s’emmitoufler dans le blouson, sortir du sac un pantalon de jogging sec, rabattre la capuche sur le bonnet noir et filer. Pas de douche, pas de massage sophistiqué. Un bon défoulement exutoire !
Tu passes sous le pont du périph et débouches devant les Grands Moulins de Pantin. T’as déjà mis plein de sujets sur le blog, des photos des chantiers de réhabilitation des bâtiments. Ça faisait juste un an que c’était fini. Et çà recommence : les travaux du Tram. Sur les photos tu verras les deux extrémités de la passerelle qui va surplomber le canal pour le passage du Tram. La piste cyclable est réduite à sa plus simple expression. Où tu vois le ponton flottant pour l’accostage des péniches transportant les matériaux du chantier, il y avait une fabrique de béton. Derrière le grillage, c’était un terrain de sport avec des tennis, du foot, du rugby. Tout n’est plus qu’un chantier gris et bruyant. Reconstruiront-ils les terrains de jeux ? T’espères. Car dans nos quartiers surpeuplés, les espaces verts c’est denrée rare. T’en as moins qu’à Neuilly !
Tes photos faites, tu remets en route tes petites bielles et attrapes la piste du canal de l’Ourcq. Tu la suivras tranquille jusqu’à Sevran. Bien sur les feuilles trempées tassées par le vent au détour d’une petite bosse te rappelleront tes cours de géométrie dans l’espace. Faut pas avoir la tête en l’air à te demander pourquoi ils ont coupé la cîme des peupliers ! Les berges sont noires de boues, les projections dans le dérailleur lui font moudre du sable. Il grince et grippe.
La pluie te reprend doucement. Sans lunettes, elle te gène moins. Quand il pleut c’est galère pour y voir ! Treize heures ! Coup de fil vite fait : "j’arrive !" Il te reste quinze bornes à faire. A Donf !
Tu vois la pluie, comme ça, pas trop, t’es un gosse qui patauge !