Dans ce premier dimanche d'été,
les couleurs du vieil entrepôt,
et deux regards.
T'es toujours interdit de VTT, et comme tu te languis de ton jardin, tu te votes un crédit balade sur le canal de l'Ourcq. Tu profites de l'offre, l'été du canal, pour 2 euros jusqu'à Bobigny.
Bientôt un an que tu n'étais pas passé là. Sûr que ta bécane te manque, mais tu sais que tu ne pourrais pas en profiter. Tandis que cette lumière là, tu ne l'as jamais eu, et puis t'es tranquille, t'as juste à regarder et photographier.
Tu t'es gavé ; ce dimanche de juillet est aussi pour nombre de parigots, et titis de banlieue, une aubaine : premier jour beau et chaud.
La navette qui nous charrie est pleine à craquer. Assis plus ou moins bien sur des chaises en plastic mou, tu bouscules un peu ton voisinage pour accéder à la vitre et faire tes photos. Ça grogne derrière ; sans te retourner, t'envoie péter. Zut ce paysage, c'est un peu ton chez toi, c'est pas en bousculant le dossier de ma chaise, que la mémé derrière va me priver de mon plaisir.
Cette première séquence, revisite les vieux entrepôts que t'as déjà invités plein de fois sur ce blog. Le haut parleur nous en
donne le nom, et le repreneur qui va les faire revivre... rien noté.
Alors oui, les tagueurs refont le portrait du lieu avant que les architectes le dénaturent, lui enlève son coté sauvage de friche industrielle à l'abandon. Dans, une mauvaise lumière le bâtiment est un vaisseau fantôme. Les baies vitrées délabrées flottent comme les voiles d'un navire sombre et menaçant. Les balcons de fer qui en font le tour, sont les coursives de ponts superposés qui ne livrent rien de secrète organisation. T'imagine tout en haut une tourelle pour un commandant décharné, calculant sa vitesse immobile, en regardant le courant du canal.
Pendant que ton œil se perd dans ce décor d'acier et de verre pilé, qu'est-ce qui te fait reprendre le contact avec ta navette. Le chien, l'homme qui le regarde si affectueusement, ou l'enfant que l'étrangeté fige dans un regard intérieur.
Voir aussi: les entrepots du canal de l'Ourcq: dernier train pour Bondy.