Cambodge : Angkor. Temple d'Angkor Vat.
Quand ta fille revient de ses vacances au Cambodge, elle te parle, agitant son petit appareil plein de photos, des temples d'Angkor et du barattage de la mer de lait. T'imagines mon ahurissement ! Tu ne sais pas de quoi elle parle ! Tu te retournes vers ta petite femme qui t'explique en deux mots de quoi il retourne et qu'elle a même écrit un sujet la dessus, pour la revue de Yoga à laquelle elle collabore !
On ne te dit rien, on te cache tout ! Pourquoi elles savent et pas toi ?
Aujourd'hui, ta petite victoire mesquine, c'est que voyageant quelques mois après ta fille, tu as pu faire des photos. Elle, quand elle y était, les travaux de restauration en interdisaient l'accès.
Il faut dire que les 600m de bas reliefs nécessitent de l'entretien, et que celui concernant le barattage de la mer de lait fait 90 m.
Là, t'as quand même besoin d'un bon guide, qui connaît l'histoire, c'est aussi compliqué que la tapisserie de Bayeux, ou celles de l’Apocalypse à Angers. La bible pour toi c'est de l’hébreu ! Alors la mer de lait, tu t'y noies ! Si je te donne ces références, c'est que le temple Angkor Vat est du XII ème siècle. Un petit siècle après la tapisserie de Bayeux, deux siècles avant celle de l'Apocalypse. Les batailles représentées entre les démons et les dieux, et toutes les guerres qu'elles suggèrent, valent bien celles engendrées par ceux qui se revendiquent de la bible...
Quand tu n'as lu ni la Bible, ni le Bhagavatapurana, les explications qu'on te donne pour interpréter les représentations codifiées que tu regardes, entrent et sortent sans te concerner. T'as l'impression d'une BD dans un monde irréel, reposant sur des conventions dont le sens t'échappe, qui te maintiennent complètement extérieur. Derrière la féerie des images, tu sens bien l'oppression des êtres. 7000 personnes pour construire le temple. Pas sûr qu'ils aient tous été volontaires.
Un peu avant le XV ème siècle et les invasions qui entraînèrent la ruine et l'abandon du site d'Angkor pour Phnom Penh, il y avait jusqu'à 10 millions d'habitants.
Donc nous voilà partis pour trois heures de visite. Dont une bonne heure à écouter TI. Il raconte bien, met en scène avec des accessoires, utilise son auditoire pour mimer les gestes. A entrer dans son spectacle tu vas rater la réalité des bas reliefs.
Une des raisons dans ton retard à mettre en ligne ces photos, c'est que tu n'as pas su les mettre en valeur. En couleur la pierre, les moisissures et les ombres dispersent ton regard qui ne se concentre pas sur la scène. En noir est blanc, c'est moins vivant, des images de vieux livres d'histoire. La « redécouverte » d'Angkor doit d'abord tout aux villageois qui vivaient là. En 1866 John Thompson fait ses premières photos d'Angkor Vat. Les arbres dépassent le temple. La première enceinte rencontrée (la cinquième historiquement) est quasiment tissée de branches entrecroisées. De 1907 à 1972, l'EFEO va travailler à la remise en état du temple. Les travaux seront interrompus par les actions génocidaires des Khmers rouges.
Donc notre petit groupe découvre d'abord les enceintes extérieures. Nous sommes à la quatrième enceinte. Bordée par cette immense balustrade en serpent Naga. Car la construction de ce temple montagne, commence toujours par le cœur. La première enceinte est celle du mont Mérou, elle a la stature de dieu, elle consacre le roi, elle représente la prospérité.
Le bâtisseur est donc Süyavarman II. Il monte sur le trône en 1113 et commence le temple qui le fera égal des dieux. Le
site couvre 1200 ha avec quatre douves. Une des préoccupations permanentes étant le stockage de l'eau. La quatrième enceinte couvre 82 ha. C'est une petite ville qui abrite 17000 habitants. Les
galeries qui cernent les enceintes étaient utilisées lors les processions. Les grands panneaux de bas reliefs étaient dédiés à Vishnou. Même si depuis le temple a été récupéré par les bouddhistes
qui avaient installé des centaines de statues de bouddha. Les tours évoquent le lotus épanoui. Il y avait un trident à chaque pointe, maintenant des paratonnerres.
Nous voilà dans la galerie de la troisième enceinte, celle avec la fameuse scène de la légende de Vishnou. 800 m linéaires de bas reliefs. D'abord la procession, avec les femmes du palais aux voiles transparents. La fresque du feu sacré est dominée par le roi Süyavarman II : il est assis sur son trône à l'indienne, au dessus 14 parasols, 7 éventails, 4 chasse- mouches indiquent son rang.
Il organise un défilé qu'on verra sur la fin de la fresque. Des brahmanes, des serviteurs, des fonctionnaires nu-tête.
En suivant la fresque on suit le défilé des soldats, les généraux sur les éléphants avec les palanquins, le cornac et son croc. Plus loin un officier qui monte à cru. On passe en revue toutes les armes, sabre, javelot, arcs et flèches, tous les costumes.
A suivre...
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