Vagues à lames. 1
Toussaint. On n'y croit pas. Le soleil joue de ces tours. C'est un temps de plage. Et la plage est en fête. L'océan a oublié ses tempêtes d'automne, oublié ses coefficients de marée, il joue. Comme un gros papa qui enfle son ventre sous la couette, puis laisse monter ses petits enfants puis se dégonfle ou se tourne pour faire chavirer les aventureux, les faisant rouler sur le lit.
Tous rient, crient et se relancent. Le soleil c'est les vacances, et cette plage c'est ce grand lit d'eau et d'écumes. Maintenant il plie les genoux et la couette monte, l'enfant reste suspendu, il sait qu'il va plonger, il attend le signal. Petit sursaut du genou, grand cri! L’enfant dévale la jambe et reste bloqué sur les pieds, étourdi. Et les pieds le bercent doucement le maintenant dans la houle de couette. Son rire s'éteint doucement, il reste là reprenant son souffle, fixant son regard au ciel. Il sait que ça ne va pas durer, que chacun va se lasser, mais là il a besoin de ressentir encore une fois cette force. Elle le soulève, le projette, puis dans un grand jeté de draps l'emmitoufle. Un baiser sur un front de sueur et de sel lui dit que c'est fini. Mais il y pense encore.
Il aime les vagues.
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