Lever du soleil sur le mont Moïse.
Egypte (30).
D'où vient cette fumeuse idée marketing d'engager les visiteurs de Sainte-Catherine à grimper en haut du mont Moïse dans une nuit polaire pour voir le lever du soleil. Donc ce dernier jour dans le Sinaï, nous arrivons à notre hôtel vers 17h. Il fait froid, un vent glacial balaye tout. L'hôtel donne sur une place au sol dallé dans les pierres du pays. Plein d'échoppes. Monter en haut n'est pas obligatoire, mais il faut l'avoir fait ! Paraît-il...Bien sur, tu as ton coupe vent, un petit pull, mais tu n'imaginais pas le froid à venir. Pendant le souper les recommandations tombent. Il faudra bien se couvrir, prendre sa lampe électrique ne pas se tromper, il y a un chemin plus raide, avec des « marches », en fait des pierres plates entre 30 et 50 cm de haut, nous découvrirons de vrais petits rochers. Il y aura un guide pour rythmer et baliser le parcours. Départ de la ballade à 2h30 le matin. Même si la nuit va être courte, difficile de te pieuter à 8h00. Un petit tour de boutiques, quelques achats de précaution : bonnet et gants de laine.
A l'heure prévue, notre guide se présente, il s'appelle Moïse ! Tu n'y crois pas. Dans la nuit éclairée près de l'hôtel, il explique au groupe de rester grouper autour de lui, qu'il va nous donner un bon rythme, et éviter que nous ne prenions un chemin trop difficile, surtout de nuit.
En même temps que nous, des dizaines de groupes se forment et s'élancent dans la nuit. A la première halte notre Moïse recompte ses troupes : des personnes malhabiles la nuit sur ce sol caillouteux et plutôt « piégeux » sont à la traine. Une petite jeune dans une superbe combinaison façon ski, bonnet et tennis roses décide qu'il y en a marre d'attendre les trainards, que si on arrive les derniers il n'y aura plus de bonne place pour la photo. Elle y va, « de toute façon, il n'y a qu'à suivre, on se retrouve au bus » ! Moïse est surpris par la rébellion, il n'a pas le temps d'expliquer pour le retour que le groupe se disloque. Tout d'un coup tu es débordé de toute part, ça court même. Combien reste-t-il à monter comme dénivelé, et en temps de parcours ? Aucune idée. Tu fais le yoyo en suivant des groupes qui foncent et ton épouse et sa cousine. Là, le rythme n'y est pas, c'est sur. Du coup, dans un passage très large, plusieurs hommes sont là, éclairés par des lampes à gaz, ils proposent des chameaux. Tu acceptes pour les deux femmes. Tu fais quelque pas à coté d'elles, puis tu les laisses et accélères, trouves ton rythme de petit trot. Moins d'une heure après tu y es. A quelques dizaines de mètres des étals à peine éclairés proposent boissons chaudes et petits en-cas. Tu hésites, mais tu veux ta place devant le soleil. En haut, il y a une sorte de barrière rocheuse derrière laquelle des grappes de femmes et d'hommes sont tapis, serrés les uns contre les autres, parfois avec une couverture. Tu avances encore, devant toi il n'y a plus rien, que la nuit noire. Tu t'accroupis pour offrir moins de prise au vent. Et tu sens ta transpiration provoquée par ta course se figer dans le cou, dans le dos. Les frissons te gagnent, tu ne trouves pas à te réchauffer. A ce moment là un homme arrive t'explique qu'il y a encore plus d'une heure pour le soleil, et qu'il va faire encore plus froid. T'es pas bon en anglais, mais tu comprends que pour 20€ tu as un matelas isolant et une couverture. T'hésites pas !
L'attente est longue, et l'instant est bref. Dix photos, un petit bout de vidéo (heureusement que tu avais la batterie de rechange dans ta poche de pantalon, au chaud, car celle du caméscope s'était gelée). Dix minutes, un quart d'heure, puis c'est le reflux ! Là ! Tu es ébahi, nous sommes mille ou deux mille à descendre comme un torrent d'eau humaine dans les sillons de la montagne. Tu as l'impression que chaque chemin creux est rempli. Lequel prendre ? Tu fais un tour. Un autre... Tu te laisses attirer par les couleurs rouges des pierres, tu suis ...
En contrebas ta femme, sa cousine. Tu les rattrapes. On a pris le chemin difficile. On sera en retard pour le bus. Mais quand les jambes sont « cassées » par la descente, il faut prendre le temps.
Aujourd'hui en écrivant ces quelques lignes, j'entends à la radio que des touristes et des égyptiens viennent d'être victimes d'un attentat au Caire, dans le vieux Caire où on se baladait sans surveillance. Jusqu'à Sainte Catherine, nous n'avions pas manqué d'escorte. Pour cette folle grimpette, dans la nuit, avec ces chemins inconnus, pas d'escorte. Tout c'est bien passé. Alors, hein ! la fatalité...
A suivre: monastère sainte Catherine au pied du mont Sinaï