San Ignacio Mini - Mixité civilisatrice
Je m'étais donné du temps pour te parler de San Ignacio.
C'est d'abord la petite histoire des Guaranis qui m'a interpellée. Maintenant c'est la majestuosité du site. En pleine forêt équatoriale, cet espace était le cœur de l'activité. La grande place
des armes, l'immense église qui mêlait pierre et bois dans sa construction, (elle fut si facile à bruler), les salles de classe, les ateliers, les cuisines.
Sur la façade du grand portique à l'entrée, il y a la sculpture de deux anges. Celui de droite taillé par les Jésuites, celui de gauche copie et réappropriation par les guaranis. Ils savaient tout apprendre. En 150 ans la mission a modifier la société guarani. Il y a eu une phase d'adaptation à la vie urbaine, une phase d'imitation, et ensuite ils devinrent des créateurs. Batiments, sculpture, tissage. Il y a eu des écrivains guaranis et des luthiers reconnus en Europe, des peintres et sculpteurs très prisés. Quelle adaptation : d'une économie de subsistance basée sur la cueillette, la pêche sans utilisation de vêtement (c'était des ornements), cette population qui se déplaçait jusque qu'aux contreforts des Andes, s'est urbanisée et s'adapte au modèle de vie occidental en perpétuant ses propres traditions, ses propres valeurs.
Tu ne te lasses pas de te promener, de laisser la lumière te surprendre entre les nuages rapides et les ombres des pierres rouges. Même si tu entends encore un peu un moteur au loin, c'est le vert de la végétation qui t'emporte, le bruissement des feuillages.
Huguette après nous avoir décrit avec passion la vie de cet espace , de ces êtres, explique les difficultés des reconstructions archéologiques, et la lutte permanente pour préserver ces lieux des intempéries et de la végétation qui décèlent les pierres. Il avait fallu 15 ans pour construire cette immense église de pierres sèches taillées. Plusieurs centaines d'ouvriers guaranis.
Nous visiterons d'autres missions, aucune en aussi bon état, mais c'est important de sentir ces lieux revivre par la parole de notre conférencière.
Merci Huguette