The visitor - Vicky et Woody - Adieu Miriam
Il n'est pas cinq heures quand les voix enflent de l'autre coté de la cloison. La femme se débat dans une crise de larmes et le garçonnet hurle tout ce qu'il peut. Les portes flambent. Des talons martèlent le carrelage. Ton cœur saute. Que se passe-t-il ? Quelques coups de poings sur la cloison, tu n'entends plus que les cris de l'enfant qui semblent s'adoucir. Tu penses que la crise est passée, tu te laisses reprendre par le sommeil. Erreur. L'interphone vibrionne toutes les minutes, coups dans les portes d'ascenseur, cavalcades sur le palier. Demain tu demanderas des explications. Au marché tu croises le voisin : quel chahut ! Que se passe-t-il ? - c'est les Roumains qui habitent le deux-pièces, ils sont plusieurs familles !
Ta colère tombe d'un coup, qu'est-ce qui reste à expliquer ?
L'après-midi tu regardes « The Visitor », et tu glisses doucement de l'univers figé et feutré des universités, vers celui incertain de l'immigration, et des sans papiers. Comment la réalité des êtres qui vivent dans cette semi-clandestinité bouleverse l'âme du plus endurci pour se faire broyer par la mécanique froide et inhumaine de la machine administrative gérant les irréguliers? J'aurais presque envie d'apprendre le jambé, tellement le cœur et le rythme du tam-tam peuvent être en symbiose et te bouleverser. La force d'un grand film, c'est de t'amener progressivement là où tu ne serais pas aller, de t'impliquer par la conscience de ton regard. Et là, pas besoin de sous-titres, juste un bref moment de vie, et cette fenêtre ouverte sur une autre réalité tu ne peux plus la refermer. Tous les acteurs sont merveilleux de simplicité, de justesse, de retenue dans la douleur. Jamais de pathos !
Le réalisateur, Thomas McCarthy, je le découvre sur Télérama. L'acteur principal Richard Jenkins je l'avais déjà vu. L'aurais-je reconnu ? Non bien sur... Pourtant il avait tourné dans des films de Woody Allen...
Ah ! Ce vieux Woody, ce qu'on l'aime ! Mais là avec « Vicky Cristina Barcelona », il se moque de nous. J'avais vu deux de ses pièces au théâtre de l'Atelier il y a deux ans qui étaient creuses, caricaturales, sans intérêt, et franchement pas écrites. Comme dans ce film ! Je ne sais pas si son fantasme c'est de désirer trois femmes à la fois, mais son histoire est tellement décousue et ahurissante de clichés qu'il est obligé de nous l'expliquer en voix-off. C'est une autre vision de l'immigration que celle des jeunes américaines à Barcelone pour études. On est loin de « l'auberge espagnole » tout y est factice et n'aurait même pas pu faire un roman photo pour « Nous-Deux ». A l'évidence, sorti de Manhattan, le vieux Woody s'est perdu dans son guide de Barcelone...Déchéance.