28 août 2008 4 28 /08 /août /2008 13:57

Le gué de la Bidouze.

 

Tu sais que les méandres de la Bidouze et la confluence Gave Adour Bidouze (le bec du gave) est un de mes coins préférés. Seulement, j'ai du épuiser tous les itinéraires que je connaissais pour m'y rendre. Le VTTiste aime renouveler son parcours et surtout son décor. Sinon à quoi sert  la rando, la ballade? J'ai toujours aimé pédaler, quand on était gosse, j'étais chez le grand père. A tout moment on veillait sur toi, il y avait une barrière devant la maison, la franchir était toujours un problème. Alors tu disais, je fais un tour en vélo!

- Où tu vas?

tu répondais mécaniquement:

- A la scierie!

ou pour changer:

- A la fontaine de l'Athé

Dans tous les cas tu devenais libre, tu échappais à tous les regards, tu allais où tu voulais.

Gamin, tu respectais à peu près les règles, mais tu pouvais aller à l'étang ou chez un copain. Adolescent, si tu t'installais au bistrot pour un baby foot, la rumeur remontait le village et s'insinuait dans la cuisine de ta grand mère qui arrivait brandissant le parapluie (l'arme fatale) pour te ramener au bercail comme un vulgaire poulet. Alors là, ta liberté était simple: tu prenais le vélo et tu annonçais que tu partais au village distant de 20 km ,  pour visiter une tante, un cousin. Il n'y a pas de téléphone, ta journée est libre, suffit juste de passer à toute vitesse ,dire bonjour, parce que quand même, tout finit toujours par se savoir.

 

Donc le vélo c'est d'abord la liberté.

Et puis aujourd'hui avec ces VTT vraiment "insubmersibles", tu peux "explorer" des chemins que tu n'aurais jamais pris, ni à pied, ni en voiture. Tu renouvelles le sens de cette liberté. Oh! Il n'y a rien d'extraordinaire, ni d'exploit spectaculaire, rien que quelques instants seul, compter sur toi, sur ta capacité à tourner les jambes, et puis espérer le petit coin "magique". Bien sur, les agriculteurs où les chasseurs y travaillent ou y passent régulièrement; la magie  est là seulement pour toi, par les conditions particulières qui te font découvrir le lieu!

La Bidouze, le te l'ai aussi montrée au pont de Viellenave, et je me dis qu'elle passe à moins de 5 Km d'où je me trouve, il doit bien y avoir un passage ?

Je renouvelle les cartes, les IGN au 1/25000, ( tiens, eux aussi, ils se laissent porter par le courant de hausse des prix), je commence le repérage chez le libraire et je constate qu'il me faut trois cartes pour l'itinéraire que j'envisage.

Donc ce matin, le bol de café fumant, j'étale les cartes sur la table et j'essaye de m'y retrouver. Comme par hasard, elles ne sont pas toutes de la même édition, et les sentiers et petites routes ne sont pas représentées sur chacune avec la même charte graphique. Ça aide bien..

La, derrière le village Arancou, une indication, « gué » ! Pour regénérer ta capacité de magicien, transformer un parcours bourrin en moment de bonheur, il te faut un but: le "gué", c'est déjà un nouveau monde!

Du coup tu repenses ta ballade, un gué sur la Bidouze, il faut voir ! Tu reparcourres les méandres, tu constates bien, que de Viellenave à Came, il n'y a pas de pont, mais aussi qu'il n'y a pas de chemin régulier sur les berges, il va falloir se grimper les petites collines autour. C'est le jeu de la ballade, c'est son piment ! Mais il faut toucher le lieu du trésor!

 

Ce matin le ciel est brumeux, tu espères qu'il se lèvera vite, mais non ! Dès que tu es sur une crête, les vallées sont uniformément grises, sans intérêt pour ton appareil photo.

 

Enfin te voilà parti, t'as pointé des chemins qui te feraient éviter les routes connues, mais à moins d'un kilomètre de ton départ, première déconvenue : sur la carte, le chemin bien net vers la fontaine de Thux  n'existe plus en réalité, un champ de maïs immense couvre tout le coteau. Pourtant, tu te rappelles être passé là, à pied, certes il y a longtemps, mais quand même !

 

Bon, tu te replies sur la route pour les premiers kilomètres. Ça va te chauffer !

Quand tu t'engages dans le sentier tu n'es plus sur si tu veux passer par le haut du bois de Bayle ou tenter un improbable passage plus près du lit de la rivière. C'est l'option « haut » que tu prends, comme préparée.

Le sentier grimpe tout de suite, et tu t'aperçois que les maïs qui t'entourent font bien plus de deux mètres, pourtant il n'y a pas d'eau ?

Quand tu sorts du bois, trois chemins:  tu choisis le plus à gauche, la grande descente un peu cassante, et tout d'un coup tu entends l'eau. Tu ne la vois pas. Près de la maison en ruine, tu marches un peu; la Bidouze est derrière, cachée par les arbres et les taillis. Tu te relances, le coup tendu pour essayer de voir, debout sur tes pédales. Mais non, faut continuer. Brusquement un large chemin clair descend abrupte de la colline et fait une tache de lumière, éclairant le chemin sur la gauche: la trouée  vers le gué. C'est un gué, un vrai, deux rangées de rochers, et le lit plat qui te montre la reprise du chemin de l'autre coté. Quarante centimètres d'eau  au plus profond, peu de courant, pas de trou visible, le fond est régulier; mais le VTTiste ne s'engage pas, juste quelques photos. C'est vrai qu'il avait envisagé de passer, mais là tout seul...

 

Tu reprends ta carte, refais la route et tu vas repartir par ce chemin qui reprend de la hauteur au bord de la rivière; dès que tu as un peu monté, tu quittes le sous-bois, il s'élargit et les plantations de kiwi te remettent dans le monde civilisé. Un peu plus loin il se sépare en trois branches, comme une patte d'oie. Tu t'arrêtes pour sortir ta carte. D'un coup sur une hauteur, d'une petite ferme sans tapage, surgit une grosse « Mercédès », elle te montre la route que tu n'avais pas vue, qui te ramènera tranquillement (mais pas sans effort) sur les hauteurs de Came.

 

Sur le retour tu te surprends à regarder les hirondelles sur les lignes électriques. Elles sont loin. Tu sorts l'appareil et tu fais les deux cents mètres qu'y t'en séparent. Pourquoi ne bougent-elles pas au passage des voitures, et s'envolent-elles à l'arrivée du VTTiste? Je suis triste d'un coup, car il y a longtemps que je n'en avais pas vu autant rassemblées. Quand j'étais enfant mon grand-père me disait que ça sent l'automne. Les hirondelles ont emporté la magie avec elles.

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la bidouze au bec du gave

Le pont de Viellenave

 

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