Froid de canal – les marmites de Sautadet.
Ce matin il faisait plutôt frisquet. Mais sans vélo depuis huit jours, je suis en manque. Deux polaires, le Kway, le passe montagne, et les chaussettes de rando un peu coincées dans les chaussures VTT. Top départ. Il n’est pas neuf heures et demi. Bon soleil, mais vieille bise d’est qui te découpe doucement. En plus, je ne vois quasiment rien. Le soleil est rasant et il est de face. Arrivé au bassin de la Villette où commence la piste de l’Ourcq, je m’arrête le temps de quelques photos. Non, ce n’est pas l’hiver de 89 où l’on se baladait sur le lac du bois de Boulogne. Il y a pourtant des petites nappes glacées où se serrent les mouettes.
Au bout d’une heure, le froid s’attaque aux épaules. J’ai déjà donné (18 mois de tendinite), nouvelle pose. Sortir un autre maillot et s’emmitoufler.
- C’est nul, qu’est-ce qui t’oblige à te cailler comme ça ? reste au chaud mon gros bébé…
Quand tu as quitté les périphs, tu ne respires pas pareil. Au début tu t’économises. Pas se faire gazer par le scooter ou le bahut devant toi. Mais dès que tu n’as plus de bagnoles, tout d’un coup tu te sens de l’envie. Le regard change. Tu vois plus loin, plus large. Tu te détends et te laisses aller à respirer à fond. Bien sur la bise est là : le nez coule, les yeux pleurent, mais tes poumons crachent tous les miasmes accumulés. Tes yeux à courte vue sont comme des jumelles de marine, ils voient l’infini devant.
L’alerte c’est les orteils. Quand ils disent j’ai froid, c’est l’heure du retour. Et sans baragouiner, que t’es pas allé où tu voulais. S’il faut, un court massage pour les faire respirer. Et ensuite : à fond, à fond ! Crains rien, je ne te ferai pas la nique. A fond pour moi, c’est tranquille pour toi.
Mais tu vois, je n’ai jamais pris froid pendant une balade en vélo.
Quand j’arrive pour la douche, si jamais l’expression « avoir les cuisses roses » a un sens caché, pour moi, c’était du concret.
Alors en préparant mon petit sujet je me dis qu’on a besoin d’un rayon de soleil. Je t’ai mis un des
sites, pour moi une découverte, vu lors de notre dernier séjour à saint Paulet du Caisson. Pas loin de l’Ardèche. J’ai ratissé la zone en vélo. Le coin est très beau, pour un vieux
parigot. Sur que si je n’avais pas posé mon vélo, en entrant dans l’aire des cascades de Sautadet, je ne te raconterais rien aujourd’hui. C’est piégeur tu n’imagines pas. J’arrivais du
village de St Michel d’Euzet, je roule sur un vieux pont de pierre, le Pont Charles Martel – me demande pas pourquoi – et je vois cet espace blanc, blanc presque éblouissant. Des gosses courent.
J’ai mes grosses lunettes noires à filtrage maxi, et en quelques mètres, je mets ma suspension à rude épreuve, quant à mon équilibre, je ne te raconte pas ! J’abandonne la bécane, et fais
mon tour à pied. Surprenant ce coin. Un vrai régal.
Juste à côté, un petit village, la Roque sur Cèze. Accroché à une belle colline. Je croyais avoir identifié un chemin qui ne m’obligerait pas à faire tout le tour, en suivant le flot des voitures. Perdu ! Deux trois aller-retours inutiles. De l’eau partout. Il n’y a qu’un passage.
Pas grave ! Je vais tranquillement à Goudargues, où il y a de somptueux bistrots sur les bords de la Cèze.