5 septembre 2007 3 05 /09 /septembre /2007 22:51
Cinéma de quartier
"La nuit des tournesols" et "la fille coupée en deux"."

L’été, tu ne lis pas forcément les critiques et tu oublies ta radio le dimanche soir. Du coup à la fin d’une bonne journée de promenade tu regardes les affiches et quelques fois les critiques placardées sur la porte en verre.

Cette semaine, j’ai donc vu deux films noirs mais pas pour la même raison.

L’un vraiment excellent sur bien des points : l’histoire, le scénario et ses rebondissements, les acteurs d’une présence et d’une crédibilité rares , la fin, noire et digne des meilleurs films d’épouvante, parce qu’elle régénère la haine et la menace…

C’est le film espagnol de Jorge Sanchez-Cabezudo, "La nuit des tournesols".

A voir exclusivement en V.O. tellement la voix des comédiens participe du décor, de la musique, du drame. Tu n’imaginerais pas Raimu disant « tu me fends le cœur » en anglais…

Dans le décor extraordinaire de ce coin perdu des Pyrénées espagnoles, la totalité des habitants accueillent le spéléologue universitaire spécialiste des grottes préhistoriques, comme naguère on recevait le nouvel instituteur dans les campagnes ; ferveur de l’espoir que quelque chose change dans ce lieu clos, à l’écart et plutôt abandonné.

Le braconnier et le taiseux jouent une petite haine ordinaire dont on se demande s’ils ne sont pas complices. On espère la réconciliation joyeuse des deux paysans malins et rancuniers

Et puis l’horreur fait basculer le paysage de ce doux jour d’été dans le sang et la nuit. l’angoisse, le malaise, et l’enchaînement fatal. Quel déclic efface   toute raison, bon sens, humanité et produit la veulerie, le mensonge, la honte qui détruit les âmes.

Chacun des six tableaux complète le précédant, six regards qui nous enfoncent chaque fois plus dans la tragédie et révèlent la fragilité des êtres.

Jusqu’au deux images finales, la haine glacée qui s'installe, et la menace silencieuse bien tapie.

Je ne connais pas les comédiens, j’ai vu leurs noms sur le programme. Ils sont d’une justesse, d’une crédibilité incroyables. C’est là sûrement l’avantage de les découvrir: ils sont plus que les personnages, ils sont vrais. Quel choc !

Courrez y !
Jorge Sanchez-Cabezudo devrait donner des cours à notre vieux Chabrol.

"La femme coupée en deux" est un des films les plus factices et inutiles que j’ai vu. Il n’y a même pas de second degré pour pouvoir en sourire, tout est joué à plat, sur le même registre.
Outre que l’histoire est des plus ivraissemblables, elle affiche quelques images préfabriquées sur une bourgeoisie dépravée. Les personnages sont des caricatures de romans de gare d’il y a trente ans. Ah ! Rendez-nous Guy De Cars….

Là, où des comédiens comme Michel Bouquet ou Jean Yann créaient une atmosphère froide de cynisme, de perversité secrète ou de cruauté torturée, Berleand a un regard bovin de bout en bout, satisfait de lui, spectateur et metteur en scène de sa suffisance. Quelle épaisseur ? Quelle complexité ? aucune …il est absent.

Et Magimel dans le rôle du jeune fils d’industriel ! Il accumule tellement de clichés que la caméra en 24 images par seconde ne peut tout enregistrer. Il ressemble à ces personnages de roman photo des années soixante. Bien glacé. Qui a dit qu’il s’était fait une tête de James Dean ? Lui, il était vivant et génial.

Quant aux personnages féminins du film, tous plus prévisibles les uns que les autres, ils nous font regretter Stéphane Audran ou Isabelle Hupert qui installaient leur volonté, leur folie, leur fêlure, au fil des silences, des regards, des vibrations du corps. La, il n’y a eu qu 'agitation, déguisement du corps et un secret de famille qui fait pchitt. Inexistantes et sans âme. 

 A éviter. Même si j’aime tellement Chabrol.
Partager cet article
Repost0

commentaires

L
J'attends la critique de Ratatouille avant de me décider à  aller le voir...
Répondre

En balade sur L'AlblogRJ

Tags et Graffitis

 

Rechercher

esaai module

Esaai de texte libre dans le module

 

Autres Articles Du Thème

  • Le cœur de Paris depuis le Sacré Cœur.
    Le cœur de Paris depuis le Sacré Cœur. T'as maintenu ton blog en activé pour quelques semaines et voilà qu'on te propose de le mettre à jour dans la nouvelle version. Tu ne sais pas trop ce que ça va te couter en réparation. Mais banco, tu verras bien,...
  • Du 104 a la tour de Romainville.
    Images vues de la Tour du sacré cœur à Montmartre. Il y a deux mois je dis que je ferme le blog, et puis ce matin un nouveau sujet. Non, ce ne sont pas des mémoires d'outre tombe, mais pas loin. Donc, j'ai remis un peu de thune dans mon abonnement. On...
  • Tour Eiffel depuis le Sacré Coeur
    Bonne annné 2014. Tu ne pensais pas mettre un post pour le passage à l'année 2014. Ton blog va finir, tu n'en renouvelleras pas l'abonnement. Il faut dire que tu n'as plus l'esprit à la légèreté d'une bonne ballade en VTT. Depuis le Roussillon, où il...
  • Canal de l'Ourcq tranquille.
    C'était un beau dimanche tranquille. Tu étais sorti de bonne heure. Quand tu arrives au bassin de la Villette, les joggers toniques y vont de leurs foulées allongées. Il y en a même en short et bras nus. Quelle température ? Pas plus de 6 ou 7°. Les conditions...
  • Montmartre – Paysage d'automne.
    Le Sacré Cœur tour d'observation. Tu venais de passer une semaine difficile, il fallait te bouger pour retrouver un peu de dynamisme. Ta balade favorite te conduit naturellement, à pied, vers le canal de la Villette et le canal de l'Ourcq. T'as usé presque...