Nous quittons Pontaillac et nous décidons de suivre les petites routes du bord de la Gironde. Notre objectif était Talmont. Pour cette première rencontre nous nous arrêtons
partout. Même pas de guide… juste nos yeux ouverts, et notre plaisir d’être là. Dans les églises, les syndicats d'initiative on grappille un prospectus...

Ça n’est pas important. Du coup, avant Talmont nous nous arrêtons à Meschers-s-Gironde. C’est simplement la lumière qui nous stoppe. Dans cette dernière semaine de février le soleil est présent et donne une lumière basse et crue. Il y a du vent. Les nuages d’abord légers passent vite. Dans l’après midi ils seront plus lourds, jusqu’à donner un orage violent, d’éclairs, coups de tonnerre et pluie magistrale. Pourtant le contemplateur que je suis est heureux.
Il n’y a pas grand monde, presque pas de circulation, pour moi qui se perds aussi facilement à pieds qu’en bagnole, c’est un régal.
Quelle lumière blanche des « falaises » de Meschers me fait m’arrêter ? Cent mètres et là, plein de sollicitations pour des grottes. Sans guide! Ça vaut-y d'y aller et laquelle choisir ? Et bien ce sera Matala !
Tu n’y crois pas : Matala ? Pour toi : Matala, c’est cette plage si douce, apprivoisée par les hippies au sud de la Crète, où des fumeurs de « hash », entre deux baignades dans cette mer quasi tropicale, s’installaient dans des grottes creusées depuis des siècles dans les falaises de craie. Ça c’est les années soixante dix. C’est quoi ce Matala là?
Ben… C’est aussi les années soixante dix. C’est aussi des grottes dans des falaises. Aujourd’hui il ne reste plus que quelques chambres « vue sur la mer »…Je t’ai mis dans l’album photo les signatures de Johnny, Sylvie, Pollnaref, et même de Maurice Biraut, qui fut le faire valoir de Gabin et Delon dans « Mélodie en sous-sol ». Tu connais pas ? c’est pas grave. C’était une époque où le cinéma de « truands » se prenait au sérieux. Va plutôt te marrer avec « Boulevard de la Mort » de Tarrentino. T’es encore dans les années soixante dix. Tu fumes que de la clope, tu picoles comme plus personne n’ose, et c’est pas Averty qui met des poupées en celluloïd dans un presse purée, c’est du vrai carnage ! Dans la bande son –super- je ne sais plus si c’est Sylvie ou Françoise qui chante en français, ça vaut. Puis tu as une sorte de remake incarné de « Duel », et la vengeance des « Drôles de Dames ». Le pied...Quand même les US, faut pas y envoyer tes mômes. Y a pas d’être vivant. Ceux qu’on y voient dans les films sont déjà morts, même quand ils dansent l’amour. Sinistre !
Mes cartes postales sont ringardes ! Ouais, peut-être ? Si je me sens bien, si j’apprécie ces lumières, si je peux prendre le temps de regarder se former l’orage, et de me laisser déborder par la pluie et le vent, m’installer tout trempé dans ma caisse et dire en essuyant une mèche qui goutte sur le volant :