Ce 6 mai, j’avais pris mon caméscope pour revisiter les coins d’une ballade en février. Les photos, que je vous présente néanmoins étaient tristes. Je m’étais interrogé sur qui
pouvait vivre sous les voûtes du train qui enjambe le canal.
Tu me demandes souvent pourquoi j’ai ce regard complaisant pour tout ce qui exprime ce temps arrêté des friches industrielles. Sûrement, parce qu’aujourd’hui j’aurais voulu me souvenir plus concrètement de ce temps où le travail était une étape de la construction d’un homme, où la valeur du travail était visible, préhensible sur une table d’atelier, où l’effort structurait la solidarité de ceux qui trimaient à coté de toi. Aussi parce que la mise à la retraite forcée, c’est un peu ces ateliers abandonnés. L’individu aussi, est mis au rebut de la société post-industrielle. Inutile de chercher comment on pourrait le réutiliser, on le laisse de coté.
Les vieux murs ont cette chance qu’ils servent encore à l’expression des jeunes qui crient qu’ils existent.
Ces photos exposent le face à face de la société neuve et des ateliers en démolition. Le travail se réfugie dans l’abstraction informatique, invisible, secret, où le travail en groupe (on disait dans les années 90 avec l’avènement des réseaux, le travail coopératif), se réduit à partager des fichiers abstraits. Les bureaux paysagés réunissent des êtres fantômes, anonymes, isolés qui tapent sur un clavier des phrases magiques. La valeur ajoutée a remplacée la « beauté » du travail !
Perdu dans le viseur de mon caméscope, je regarde sans comprendre la décoration des voûtes bleues. D’un coup, je suis interpellé par une voie forte qui me demande si je suis intéressé par la peinture ? Une femme solide, déterminée, m’emmène en quelques pas à la voûte 87 où elle me présente Alberto. Qui vient d’Espagne et fait les beaux arts.
Tu me connais assez pour savoir que je n’ai pas de sens artistique. Mais l’ambiance de cette voûte qui diffuse une lumière claire, les odeurs de peintures, et la confiance en lui de ce jeune peintre me donnent l’envie d’en savoir plus.
Sur la vidéo je ne montre aujourd’hui que « la rue de Ménilmontant ».
J’ai deux autres sujets de prêts. Le dernier sur la « femme qui a peur » est un petit bijou.
Si vous voulez connaître Alberto, j’ai son mail, faites moi signe.
Précédant: les artistes font le mur:
Premier: les barreaux verts